James Wilson Morrice et John Lyman, deux artistes montréalais qui ont en commun d’avoir côtoyé Henri Matisse et connu presque 35 d’exil en pratiquant leur art, se sont retrouvés face à face récemment dans une exposition au Musée national des beaux-arts du Québec. Du 4 octobre 2014 au 5 janvier 2015, elle sera présentée à Kleinburg, à la Collection McMichael d’art canadien.
Morrice et Lyman ont croisé Matisse au début du 20e siècle, à Paris. C’était l’époque où l’art se réinventait à un rythme effréné. Ils ont reconnu en Matisse les valeurs de liberté et d’authenticité qu’ils recherchaient, à mille lieues de l’atmosphère conservatrice de la scène artistique canadienne.
Lyman fut l’élève du maître français à l’Académie Matisse, en 1910. Morrice et Matisse, de la même génération, se lièrent d’amitié lors d’un séjour à Tanger en 1912 et en 1913. Ces rencontres ont marqué la production des deux artistes canadiens de façon significative, et l’impact s’est même fait ressentir de ce côté-ci de l’Atlantique dans diverses associations d’artistes engagés en faveur d’une expression universelle, moderne, sans visée nationaliste ou régionaliste.
Les 131 tableaux rassemblés pour l’exposition (huiles sur toile, sur bois et sur carton) reflètent la relation entre les trois artistes. Ils proviennent de plusieurs musées canadiens, américains et européens. Le corpus s’étend sur plus de six décennies et inclut des paysages chatoyants, des nus et portraits puissants, ainsi que des scènes de plage lumineuses.
Ensemble, ils engagent «une conversation esthétique autour de la peinture, avec des connivences plastiques entre des sensibilités affirmées. Autant de lumières qui ravivent un épisode déterminant de la modernité canadienne», de préciser la commissaire Michèle Grandbois.