La mythologie japonaise attribue les séismes à Namazu, un poisson-chat gigantesque vivant dans la vase des profondeurs terrestres. C’est lorsqu’il échappe à l’attention de son gardien, le dieu Kashima, qu’il gigote à en faire trembler la Terre et effrayer ses habitants.
Samedi 12 mars en début d’après-midi, assis dans un restaurant à digérer mon repas, je ressens une autre légère réplique. Presque 24 heures se sont écoulées depuis ce tremblement de terre de magnitude 8,9, dont l’épicentre était à près de 400 kilomètres au nord-est de Tokyo, et plus de 150 répliques ont depuis été répertoriées. Elles sont si fréquentes que je me demande parfois si je les hallucine.
Trois jours plus tôt, le 9 mars, je prends part à une entrevue de groupe, au seizième étage d’un gratte-ciel, lorsque les stores se mettent à osciller comme des pendules et les murs semblent prendre vie.
Le recruteur, au bord de la nausée, se voit forcer d’interrompre sa présentation un instant. Une fois la secousse atténuée, on fait des blagues forcées, en feignant de ne pas avoir eu la frousse.
Ce serait mal vu de craquer en entrevue, après tout. Impossible à ce moment-là de prévoir que ce séisme de magnitude 7,2 n’est qu’un prélude aux événements du surlendemain. Le vendredi 11 mars à 14h46, je suis en train de faire mes devoirs à l’institut de japonais lorsque je ressens les premières secousses.