«Travailler dans l’espace, c’est faire du camping!»

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Publié 10/05/2011 par Lucie Joie

Quel rapport peut-il y avoir entre l’astronomie et le camping? Aucun? Détrompez-vous, car selon Jean-François Clervoy, astronaute français, «Travailler dans l’espace c’est faire du camping à la nuance près que les astronautes sortent peu de leur abri». C’est ce qu’il a expliqué, jeudi soir, au public de l’Alliance française venu en nombre écouter sa conférence «Vivre et travailler dans l’espace».

Avec un total de 675 heures, Jean-François Clervoy est l’astronaute français qui a été le plus souvent envoyé dans l’espace (ex aequo avec Jean-Loup Chrétien).

Il a volé deux fois à bord de la station spatiale Atlantis et une fois à bord de Discovery. 
Conscient de la fascination qu’exerce l’astronomie sur le plus grand nombre, il aime faire partager son expérience qui reste unique, car à ce jour seulement 522 hommes et femmes ont pu voler dans l’espace.

«Dans l’espace, nous ne sommes pas des scientifiques»

Être astronaute peut sembler être hors de portée. Pourtant, ils sont sélectionnés dans une grande gamme de métier, mais toujours des métiers scientifiques.

Ainsi, des vétérinaires, des chirurgiens cardiaques, des volcanologues peuvent être envoyés dans l’espace. «Dans l’espace, nous ne sommes pas des scientifiques, nous sommes des opérateurs. Les scientifiques sont au sol», explique Jean-François Clervoy.

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Dans les navettes, les équipes sont internationales. Les astronautes sont Russes, Américains, Canadiens, Européens ou Japonais. Pour que tout ce petit monde se comprenne, la langue opérationnelle dans l’espace est l’anglais.

Et Jean-François Clervoy insiste sur l’importance du travail d’équipe, malgré la course à l’espace menée par chaque pays: «C’est un très bon banc d’essai de coopération internationale» confie-t-il.

Un long travail de préparation

L’un des critères pour pouvoir être envoyé dans l’espace est d’avoir une bonne condition physique. Et lorsque l’astronaute nous raconte un décollage, on comprend pourquoi. «Au décollage, on ressent jusqu’à trois fois la sensation de notre propre poids et la vitesse est 20 fois plus grande que la balle d’un fusil de chasse. Avec une navette, il ne faudrait qu’une minute pour faire Toronto-Montréal».

Les astronautes s’entrainent dans les simulateurs. Les instructeurs y injectent toute sorte de pannes comme le feu à bord, des courts-circuits… «Il nous arrive de mourir dans le simulateur. Et lorsque ça arrive quelque jour avant le vrai décollage on n’est pas fier», explique le conférencier.

«Mais le jour où l’on monte dans la navette, pour nous, c’est normal car le travail antérieur de préparation est énorme. Le tout est de maîtriser sa peur face à l’inconnu.» poursuit-il.

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Une vie quotidienne organisée

À 600 km de la Terre, les astronautes vivent 16 levers et 16 couchers de soleil par jour car il ne leur faut que 1h30 pour faire le tour de la planète. Mais malgré cela, ils arrivent à organiser leur journée comme sur Terre. Ils ont 8h de sommeil, et 1h par jour est consacrée à l’activité physique. Sur les longues missions, les fins de semaine sont libres, mais bien sûr, dans la navette. Alors les astronautes s’occupent comme ils peuvent: lecture, DVD, musique, internet…

«Nous sommes très bien préparés pour nos missions, mais beaucoup moins pour ce qui est de la logistique du quotidien. Mais c’est du vrai camping avec sac de couchage, nourriture lyophilisé… Il faut être très organisé! » explique Jean-François Clervoy.

Le futur de la conquête spatiale

Maintenant, il est possible d’envoyer des non professionnels dans l’espace. Mais cela à un coût: 200 000$ pour trois minutes d’apesanteur.

Les astronautes travaillent, bien entendu, à la recherche de vie ou de trace de vie dans l’espace. Et sur ce sujet là, l’astronaute français n’a pas de réponse tranchée à donner. Mais il confie : «Moi j’aime croire qu’on est pas seul dans l’univers.»

Après une expérience dans l’espace, beaucoup d’astronautes s’engagent pour défendre l’environnement.

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«La Terre est vraiment magnifique car elle abrite la vie et on peut le voir de là-haut. Mais elle est très fragile. De l’espace, on s’aperçoit que la couche d’oxygène qui nous fait vivre est fine comme du papier de cigarette», explique Jean-François Clervoy qui parraine une association de protection des océans.

«Les océans sont le support vital de la Terre, nos principaux fournisseurs d’oxygène grâce à la vie qu’ils abritent. Il est donc nécessaire de les protéger.»

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