Toute une transition pour Chantal Durocher

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Publié 17/11/2009 par Nathalie Prézeau

On entre dans le monde des couleurs, formes et textures de Chantal Durocher comme dans une chorégraphie du Casse-Noisette du Ballet national lorsque les pirouettes fluides des ballerines graciles nous font oublier que leur performance parfaite s’appuie sur des années d’entraînement. Tout le dur labeur s’efface devant la beauté.

Les oeuvres de l’artiste québécoise sont superbement mises en valeur dans la galerie Thompson Landry du quartier de la Distillerie, sans conteste l’une des plus belles galeries du Grand Toronto.

Sur les toiles de Chantal Durocher, les clairs-obscurs se mêlent tout naturellement aux couleurs vives. La douceur des feuillages complémente la rugueur des écorces. La lumière traverse des vagues émeraudes qui mourront bientôt sur une grève incroyablement réaliste, rendue luisante par une couche de résine dans laquelle Chantal Durocher a ajouté de véritables galets. «Vous pouvez toucher!», nous encourage la peintre en riant.

Toutes ses oeuvres sont en effet couvertes d’une couche de résine dans laquelle l’artiste a intégré des artéfacts naturels qu’on a la surprise de découvrir en y regardant de plus près: brindilles, branches, écorce, roches, voire même feuilles de bananier! Il faut dire que la peintre a réalisé la majorité des toiles exposées à Toronto depuis son atelier au Costa Rica, où elle réside depuis plus d’un an avec Éric, son mari.

Comment expliquer les feuilles d’érable bien canadiennes dans ses oeuvres? «J’en ai emporté dans mes valises!» a confié la peintre à L’Express.

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Le titre de l’exposition, Transitions, est bien choisi. On peut lire dans le site Internet de la galerie Thompson Landry que l’ensemble des oeuvres exposées est le fruit d’un riche cheminement d’une trentaine d’années, qui témoigne d’une quête de simplicité, de dénuement, de finesse dans l’expression et la communication; une démarche exceptionnelle et rare dans le milieu de l’art.

Pour comprendre ce cheminement, il faut voir les oeuvres qui ont rendu Durocher populaire dans les années 80 et 90 alors qu’elle évoluait sous le nom de Chantal Poulin (on peut admirer quelques exemplaires de cette période dans le catalogue de la galerie).

Comme Robert Bateman

Ses toiles d’alors, mettant en vedette d’adorables enfants peints de façon exquise dans un style figuratif réaliste, ont été si appréciées aux États-Unis que Chantal Poulin s’est méritée le prix du «Collector’s Choice New Artist of the Year» lors de l’exposition internationale des objets de collection tenue à Chicago en 1997. Elle serait, avec le peintre animalier Robert Bateman, l’une des rares artistes canadiennes à avoir pénétré le marché américain des collectionneurs de reproductions à tirage limité.

La peintre et son mari sont également entrepreneurs. Ils ont été propriétaires durant de nombreuses années d’une galerie à Niagara-on-the-Lake en Ontario, où ils vendaient les reproductions tout en exposant progressivement les oeuvres d’une toute autre nature que l’artiste s’est mise à produire, inspirée des paysages bucoliques de la région.

Les acheteurs fidèles ont suivi l’artiste dans sa transition du figuratif à l’impressionnisme, puis de l’expressionnisme jusqu’au modernisme de ses oeuvres abstraites. Apparemment, on aime vivre avec ses oeuvres: la plus grande des trois toiles déjà vendue à la fin du premier jour de l’exposition (les oeuvres sont listées entre 4000 $ et 14 000 $) a été achetée par un couple possédant déjà un Durocher sur leurs murs.

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Clin d’oeil entre artistes

L’Express a eu vent d’un petit clin d’oeil sympatique entre artistes. Ce n’est pas par hasard qu’on trouve parmi les autres peintres exposés dans la galerie trois oeuvres de Pierrette Filion.

Cette grande dame modeste, laquelle a fait l’école des Beaux-Arts avec Jean-Paul Lemieux, peint avec plusieurs grands peintres québécois dans les années 50 et repris les pinceaux il y a quelques années, était pour Chantal Durocher la mère de son amie d’enfance.

«En découvrant que ces belles oeuvres que j’admirais, enfant, sur ses murs étaient d’elle», raconte l’artiste, «j’ai réalisé que des personnes en chair et en os, préparant par exemple des crêpes à leurs enfants dans le quotidien, pouvaient aussi être de véritables artistes». Toute une révélation pour la future peintre en devenir.

Quoi: L’exposition Transitions
Qui: Oeuvres de Chantal Durocher http://poulin-durocher.com
Où: Galerie Thompson Landry www.thompsonlandry.com
Édifice 5 de la Distillerie
au 55 rue Mill à Toronto.
Quand: Jusqu’au 29 novembre 2009, du mardi au samedi de 11h à 18h
et le dimanche de midi à 17h.
La galerie est fermée le lundi.

Recommendations pour les copines

Pour une véritable sortie urbaine avec les copines, arrivez tôt à la Distillerie. Commencez la visite par un café chez Balzac ou encore un chocolat chaud épicé à la mexicaine chez Soma, la divine chocolaterie au coeur de Tank House Lane.

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Baladez-vous sur le site pour admirer les gigantesques et intrigantes sculptures sur la place centrale et du côté de la rue Parliament le long de Distillery Lane.

Puis, comptez une bonne demi-heure pour bambocher du côté de Bergo, une boutique regorgeant d’objets de toutes sortes au design unique et de tous les prix.

Pour le souper, une petite marche de 10 minutes jusqu’au restaurant Le Petit Déjeuner/ (qui, malgré son nom, est effectivement ouvert le soir) vous mettra en appétit pour des moules et frites ou autres spécialités belges abordables servies dans une ambiance plus intime que celle qui règne dans les restaurants de la Distillerie (191 rue King Est, ouvert pour le souper du mardi au vendredi, 17h à 22h, et le samedi, 18h à 22h).

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