Mes ados ne sont pas intéressés par les tatouages pour la seule raison qu’ils semblent avoir hérité de mon gène de la poule mouillée. Mais je connais plusieurs parents qui sont à bout d’arguments pour dissuader leurs jeunes de se faire tatouer dès qu’ils atteindront l’âge légal de 18 ans. Pour ces parents, un tatouage est le stigmate marginal des mauvaises graines. Pour ces jeunes, c’est un acte un peu rebelle qu’ils cacheront quelque temps à leurs parents, mais surtout, qui les marquera de façon unique. Cependant, il n’y a qu’à faire un petit tour sur les plages pour voir tous ces jeunes qui arborent leur «marque unique». (Vous avez remarqué le nombre de tatoués lors de la Coupe du monde de soccer?) Comment expliquer que l’ironie de la situation ne semble pas les toucher? «Parce que l’individualité est le nouveau conformisme», nous explique le Torontois Hal Niedzviecki dans son livre Hello, I’m Special.
Le moment déclencheur ayant poussé l’auteur à écrire Hello, I’m Special est hilarant.
Pour ses 30 ans, ses parents lui ont donné une carte Hallmark affichant la photo d’une foule maussade d’hommes vêtus de complets gris avec chapeaux et imperméables, accompagnée du message «Conformité: au fier service des gens massivement ennuyants depuis le début des temps».
À l’intérieur, on y lisait: «Joyeux anniversaire à un non-conformiste».
Pour ses 31 ans, ils étaient tout fiers d’avoir dégoté une autre carte tout aussi pertinente pour leur grand garçon. On y voyait cette fois-ci la peinture d’un paysage aux arbres bleus et au soleil mauve sur laquelle on pouvait lire: «Le réel défi est de savoir rester toi-même dans un monde qui cherche à te rendre pareil aux autres». «Joyeux anniversaire, t’es unique en ton genre!»