Toujours pas de résultats officiels des élections au Sénégal

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Publié 29/02/2012 par Rukmini Callimachi (The Associated Press)

à 21h10 HNE, le 28 février 2012.

DAKAR, Sénégal – Les observateurs de l’Union européenne ont demandé, mardi, pourquoi le gouvernement sénégalais ne publiait pas en temps réel les résultats de l’élection présidentielle contestée de dimanche dernier, estimant qu’un tel délai ne se justifiait pas à l’ère d’Internet.

L’élection opposait le président sortant Abdoulaye Wade, âgé de 85 ans, à 13 candidats de l’opposition. M. Wade brigue un troisième mandat malgré les appels de l’opposition et les manifestations lui demandant de quitter le pouvoir.

Les résultats de chaque bureau de scrutin sont relayés sur les stations de radio privées et sur le site Internet de l’agence de presse officielle, mais le gouvernement a indiqué qu’il ne diffuserait aucun résultat officiel avant vendredi.

Les leaders de l’opposition ont critiqué Abdoulaye Wade, qui a organisé une conférence de presse lundi pour annoncer qu’il arrivait en tête du scrutin avec 32,17 pour cent des votes comptabilisés jusque-là. Les opposants ont estimé que ce n’était pas le rôle du président d’annoncer les résultats, mais celui de la commission électorale.

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«À ce moment-ci, les résultats provisoires ne sont pas encore connus», a indiqué le chef de la délégation de parlementaires européens, Cristian Dan Preda.

«Il est complètement regrettable que ce manque d’information alimente les tensions et la suspicion. Le gouvernement gagnerait en transparence s’il commençait à publier en temps réel les informations qu’il a à sa disposition», a ajouté M. Dan Preda. «À l’ère d’Internet, il est inconcevable que les Sénégalais doivent attendre jusqu’à vendredi pour connaître les résultats officiels.»

Selon les résultats annoncés par les journaux privés et le président, il semble qu’aucun des candidats n’ait obtenu la majorité requise pour être élu au premier tour. Mais Abdoulaye Wade a subi une cuisante défaite dans certaines régions du pays autrefois considérées comme des bastions.

Dans la capitale, Dakar, il arrive troisième avec 71 930 votes, derrière les candidats de l’opposition Moustapha Niasse, avec 72 486 votes, et Macky Sall, qui arrive en tête avec 80 556 des 326 500 votes comptabilisés, selon les résultats publiés par l’agence de presse officielle.

Abdoulaye Wade, qui a passé 25 ans dans les rangs de l’opposition, a été élu à la présidence en 2000. À l’époque, il était si populaire que des centaines de milliers de personnes se présentaient dans ses rassemblements. Mais dimanche, en se rendant au bureau de scrutin où il vote depuis des décennies, M. Wade a été hué par les électeurs présents.

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Les observateurs estiment que pour être élu, M. Wade doit remporter le premier tour dans lequel l’opposition est divisée. Ses chances de l’emporter seraient plus faibles au second tour, où il affronterait un candidat unique.

Abdoulaye Wade a rejeté les appels de la France et des États-Unis lui demandant de se retirer, insistant pour briguer un troisième mandat malgré la limite de deux mandats qu’il a lui-même fait inscrire dans la Constitution, faisant valoir que cette mesure ne s’appliquait pas rétroactivement. De nombreuses manifestations ont ponctué la campagne électorale, faisant craindre pour la réputation du Sénégal, jusque-là considéré comme un modèle de stabilité en Afrique de l’Ouest.

Le chef de la mission de 90 observateurs internationaux, Thijs Berman, a affirmé que même si la campagne électorale avait été entachée par des violences, le scrutin s’était déroulé pacifiquement. Quelques irrégularités ont cependant été notées, notamment l’ouverture tardive de certains bureaux de vote.

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