Toronto, une entreprise à remettre sur les rails

Rocco Rossi au Toronto Board of Trade

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Publié 09/03/2010 par Vincent Muller

«Selon moi le dernier budget de la ville a manqué cinq opportunités en or pour s’assurer que 2010 soit notre dernière crise budgétaire. La première est de ne pas être passé à une planification sur plusieurs années» expliquait Rocco Rossi, candidat à l’élection municipale, lors d’un déjeuné organisé par le Toronto Board of Trade, mercredi dernier à l’hôtel Sheraton en face de l’Hôtel de Ville. Le thème que devait aborder le candidat était celui de la situation financière de la ville.

Rocco Rossi n’est pas un politicien de carrière. À la question «pensez vous que c’est un avantage», posée par l’un des membres du public à la fin de son discours il a rétorqué «je pense que ça en est un, vous avez vu ce qu’ont fait les politiciens professionnels à la ville de Toronto!»

Responsable de la campagne du Conservateur John Tory il y a sept ans pour les élections municipales et plus récemment impliqué dans un groupe de conseillers du Libéral Michael Ignatieff, le candidat est plus familier du secteur privé et des organisations caritatives, comme la Fondation des maladies du coeur de l’Ontario, dont il est le directeur.

Et justement, il entend impliquer davantage les organismes caritatifs et les entreprises privées pour «fournir de meilleurs services aux Torontois» tout en minimisant le coût pour la ville de Toronto.

Il voit en quelque sorte Toronto comme une entreprise en faillite qu’il faudrait «remettre sur les rails».

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Se serrer la ceinture

Pour Rocco Rossi, l’endettement de la Ville de Toronto est en très grande partie dû au fait que la Ville n’ait pas adopté une vision à long terme, ce qui n’est possible selon lui qu’en mettant en place un budget sur plusieurs années.

Le budget qu’il imagine, risque de faire des mécontents. Il pointe du doigt le fait que les coûts des travailleurs municipaux ont augmenté en moyenne de 6.5% par an entre 2002 et 2008 alors que l’augmentation du salaire moyen stagnait autour de 2%.

D’après le candidat, en limitant cette augmentation des coûts des travailleurs municipaux à 3% et en gelant les embauches, excepté pour les services essentiels comme les urgences, la police et les pompiers, la ville aurait pu réaliser des économies considérables qui auraient permis l’amélioration des services offerts par la ville. C’est la méthode qu’il entend mettre en place… il ne compte visiblement pas sur les voix des employés municipaux pour être élu.

Lui aussi compte se serrer la ceinture, estimant que les politiciens doivent montrer l’exemple: «Je vais diminuer mon salaire de 10% lors de mon entrée en fonction et geler mon salaire pour la durée de mon mandat».

Économiser est le mot d’ordre de cette vision et une autre façon d’y parvenir pour Rocco Rossi est tout simplement de laisser certains services à des entreprises privées. C’est ce qu’il entend faire pour le ramassage des ordures: «On pourrait avoir un meilleur service à un prix moins élevé, et les prestataires créeraient des emplois, investiraient dans l’innovation et paieraient des taxes».

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Pour d’autres services il compte impliquer davantage le secteur caritatif qui selon lui apporte des services de qualité et permettrait par la même occasion des économies à la ville. Il cite à ce titre l’Hôpital Grace, une collaboration entre l’Armée du Salut et la province.

La ville n’a pas à distribuer l’électricité

Réaliser des économies est une chose, réduire la dette de la ville en est une autre. Pour y parvenir l’une des principales solutions de Rocco Rossi est de vendre Toronto Hydro. «Distribuer de l’électricité n’est pas la responsabilité principale de la ville» soutient-il, arguant que si la ville perd ses 25 millions $ annuels de dividendes, elle pourra par contre se libérer d’une bonne partie des 450 millions $ qu’elle paye chaque année en frais de recouvrement de dette.

Le meilleur système de transport… des années 1970

Le candidat s’attaque également à la Toronto Transit Commission (TTC): «Nous avons le meilleur système de transport des années 70 au monde. Le problème c’est qu’on est en 2010». Il ne fait aucun doute que peu de gens le contrediront…

Rappelant que la province est prête à investir et a mis 8.1 millions $ sur la table, il estime que «les problèmes de la TTC font surface alors que ce devrait être un moment heureux pour les transports à Toronto».

Et tout cela est dû, selon lui, à une mauvaise gestion du système: «Je veux qu’il soit géré par des professionnels et non par des politiciens», insiste-t-il.

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Rocco Rossi enfonce le clou: «Toronto est la seule ville au monde à essayer de construire et opérer des métros et tramways en se basant principalement sur les taxes de propriétés».

Malheureusement, ses solutions pour transformer la citrouille en carrosse sont assez floues: «Une administration Rossi embrassera la technologie et ouvrira plus de services au secteur public.» Il entend également négocier avec la province sans toutefois donner beaucoup plus de détails sur le contenu de ces discussions.

Robin des bois

Si le candidat fait les yeux doux aux entrepreneurs, il a également une vision pour les quartiers défavorisés de la Ville-Reine: Rocco Rossi évoque le développement de la ville et les permis de construire délivrés pour la plupart dans les parties les plus riches de Toronto.

Ces mêmes zones bénéficient de la manne financière générée par les taxes. Sa solution est de réinvestir 50% de l’argent provenant des taxes de ces quartiers aisés dans les 13 zones prioritaires de Toronto.

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