«L’histoire n’est pas terminée», lance Nathalie DesRosiers, avocate et directrice de l’Association canadienne des libertés civiles (ACLC), interrogée suite à la parution du rapport de l’Ombudsman provincial André Marin, publié le 7 décembre et condamnant entre autres «le recours à un règlement probablement illégal pour accorder des pouvoirs extravagants à la police à la veille du G20».
L’information de ces deux dernières semaines a été fortement marquée par les questions concernant le comportement des forces de l’ordre durant les manifestations qui entouraient le sommet, en particulier le cas d’Adam Nobody, battu par un groupe de policiers le 27 juin.
Le règlement 233/10 sur la protection des ouvrages publics, vieux de 71 ans, avait été appliqué pour le périmètre de sécurité du G20, débouchant sur des contrôles d’identité pour les personnes se trouvant aux abords de la zone. Ceux qui ne fournissaient pas de pièce d’identité ou qui ne donnaient pas la raison de leur présence pouvaient être fouillés et arrêtés. «On est encouragés par la perspective de l’Ombudsman sur cette question. Selon moi, les deux aspects les plus importants, le caractère ambigu et anticonstitutionnel du règlement 233/10, et son processus d’adoption en secret, ont été dénoncés», considère Nathalie DesRosiers.
Selon l’Ombudsman, les manifestants qui avaient pris la peine de s’informer de leurs droits ont été pris au piège par cette mesure que le ministère n’a pas publicisée. Pour compliquer les choses, la police de Toronto a mal compris la portée du règlement visant l’intérieur du périmètre de sécurité, qu’elle a invoqué pour poursuivre des arrestations à l’extérieur, «même après rectification de l’erreur l’interprétation».
«Le rapport dit que ce sont les services de police qui ont demandé ça. C’est cohérent avec ce qu’on avait obtenu du gouvernement plus tôt, à savoir que ça faisait suite à une demande du chef de police de Toronto, Bill Blair, le 12 mai dernier», explique la directrice de l’ACLC.