Lorsqu’il y a quelques mois j’ai quitté Sherbrooke au Québec pour m’établir à Toronto, je craignais que le béton manque un peu de chaleur et de surprise. La ville que je laissais avait, malgré ces 140 000 habitants, conservé une place importante à l’éclosion de la nature.
Il n’était pas rare d’y faire la rencontre d’un chevreuil, d’une chouette, j’ai même déjà vu un matin de printemps un orignal au cœur du centre-ville de Sherbrooke. Les oies et canard de toutes sortes y étaient omniprésents.
Ce matin, vers 5h30, je suis sorti de chez moi, au cœur d’un quartier d’habitations à 15 étages, de maisons familiales et d’un grand centre d’achats. La lune était pleine et, doucement, avec le lever du jour, elle prenait une teinte saumonée. J’ai marché pendant une heure. J’y ai rencontré trois ratons laveurs, une vingtaine d’oies et un magnifique cardinal fort en voix en ce 3 mai.
Le soleil caressant les édifices en hauteur leur donnait des airs de châteaux de verre. L’air était juste ce qu’il faut de frais pour se sentir vivant et heureux d’être. Le bruit provenant de l’autoroute bondée de voitures, ressemblait plus à un doux grognement qu’à un déplaisant bruit de moteur.
Je suis entré travailler le sourire aux lèvres. Comme les jolies femmes de toutes nationalités qui y habitent, Toronto était belle ce matin. Belle comme un poème de Lamartine, belle comme un beau matin du mois de mai.