Par ses 3 500 dessins en plus de 40 ans, l’artiste finlandais Touko Laaksonen, né le 8 mai 1920, a changé le regard porté sur les hommes gais en faisant l’éloge de la masculinité, en érigeant un Autel de la Virilité.
Signés tout simplement Tom, ses illustrations peignent des archétypes homoérotiques qui vont du policier au motard, en passant par le matelot, le cowboy, le bûcheron, le gars de construction, le culturiste et le fétichiste de cuir.
Nouveaux codes
En masculinisant le personnage de l’homosexuel, Tom a rompu avec la tradition culturelle d’Oscar Wilde qui défendait et incarnait l’esthète androgyne.
Ses dessins regorgent de vêtements hyper moulants, de torses aux angles impossibles, d’épaules musclées, de tailles de guêpe et de phallus gigantesques qui sont moins une arme ou une matraque politique qu’un totem qui se veut l’objet extatique d’un culte rituel.
L’historien et critique d’art Edward Lucie-Smith note que «si certains hommes hétérosexuels se sont sentis mal à l’aise, voire agressés, par les nouveaux codes de l’homo-masculinité proposés par Tom, d’autres ont été séduits malgré eux et, en grande partie inconsciemment, ont intégré certains aspects de son iconographie dans leur propre style de vie».
Conscience enflammée
L’état d’excitation et d’érection permanentes dans l’univers de Tom correspond à sa vision du sacré et du transcendant. La professeure Camille Paglia, de l’Univeristy of the Arts de Philadelphie, écrit qu’on ne peut accuser Tom d’idolâtrer aveuglement le corps libéré: «ses images sont un théâtre du regard, un voyeurisme de masse où la conscience elle-même est devenue pénétrante et enflammée».