Thomas Mulcair élu chef du Nouveau Parti Démocratique

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Publié 22/03/2012 par Fannie Olivier (La Presse Canadienne)

à 23h40 HAE, le 24 mars 2012.

TORONTO – C’est grâce au Québec que le Nouveau Parti démocratique (NPD) est devenu l’opposition officielle aux Communes et c’est à un Québécois que ses militants ont choisi de donner les clés du parti, samedi soir.

Dans une lutte finale l’opposant au stratège Brian Topp, Thomas Mulcair a remporté l’investiture néodémocrate avec 57,2 pour cent des voix, devenant ainsi le chef de l’opposition officielle qui affrontera quotidiennement Stephen Harper au Parlement.

Cela lui aura pris pas moins de quatre tours de scrutin pour venir à bout de ses six adversaires. Ses détracteurs ont eu beau le dépeindre comme un centriste au tempérament trop bouillant pour prendre le relais du défunt Jack Layton, rien n’a été en mesure de stopper l’élan du député d’Outremont.

À l’annonce de sa victoire, un tonnerre d’applaudissements a fait vibrer le Centre des congrès de Toronto, où plus de 4500 militants s’étaient rassemblés pour participer à la sélection de leur nouveau leader.

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Pour montrer que son parti était toujours uni après cette longue course à la chefferie, le nouveau leader a attrapé la main de son rival Brian Topp afin de la brandir dans les airs, et a même partagé une poignée de mains avec l’un de ses principaux opposants, l’ancien chef Ed Broadbent.

Au-delà de la base traditionnelle du parti

L’unité — du parti, mais aussi du pays — a d’ailleurs été au coeur du discours qu’il a immédiatement livré à la foule.

«Pour gagner lors de la prochaine élection et former le premier gouvernement fédéral néodemocrate, notre parti doit aller au-delà de sa base traditionnelle et unir toutes les forces progressistes sous la bannière du NPD», a déclaré le chef nouvellement couronné.

Il a dénoncé la politique de division qu’exercent à son avis les conservateurs, en opposant notamment les anglophones et les francophones du pays.

«Nous allons nous unir, nous allons unir notre pays, et ensemble, nous bâtirons un Canada plus juste et un monde meilleur», a assuré M. Mulcair.

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Sur la scène où s’était agglutinée sa famille, mais aussi les autres candidats et une bonne partie du caucus néodémocrate, il s’est rappelé que le message de Jack Layton était de «donner aux gens une raison de croire qu’ils peuvent voter pour le changement qu’ils veulent – et l’obtenir».

«Notre futur est illimité si nous avons les bonnes priorités», a tranché le député d’Outremont.

Thomas Mulcair était le seul Québécois néodémocrate à siéger aux Communes avant que la vague orange déferle sur le Québec le 2 mai dernier. Si la personnalité rayonnante du «bon Jack» est à l’origine de cette percée historique, la place que cet ancien chef du cabinet Charest a su se tailler dans les médias le printemps dernier n’y est pas complètement étrangère.

Brian Topp, le candidat de l’establishment du parti que les observateurs donnaient gagnant sur la ligne de départ, a dû rendre les armes au fil d’arrivée. Le tour précédent, c’est Nathan Cullen, jeune représentant de la Colombie-Britannique, d’abord perçu comme un candidat marginal en début de course puis considéré comme un rival sérieux, qui s’était incliné, récoltant un peu moins de 25 pour cent des voix.

12 heures pour 4 tours de scrutin

Les résultats du dernier tour de scrutin ont été annoncés uniquement vers 21 h 30 samedi, après d’innombrables retards forcés par des tentatives d’attaques de pirates informatiques sur le système néodémocrate. La présidente du parti, Rebecca Blaikie, a assuré que ces tentatives avaient échoué et que la sécurité des votes des militants n’avait pas été mise en danger.

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«D’après ce qu’on voit, c’est sûr que (l’attaque) est organisée. On va enquêter demain (dimanche)», a-t-elle ajouté.

En tout début de journée, trois candidats ont d’emblée été écartés de la course: Niki Ashton — qui avait obtenu le moins d’appuis au premier tour de scrutin —, mais aussi Paul Dewar et Martin Singh, qui ont choisi volontairement de se retirer devant des résultats décevants. L’Ontarienne Peggy Nash a été éliminée au deuxième tour de scrutin.

Mêmes déçus, les candidats défaits et leurs partisans se sont rapidement remis. Car les néodémocrates souhaitent afficher un front uni derrière leur nouveau chef pour mieux déloger du pouvoir les conservateurs.

«Quand c’est fini, c’est fini», a déclaré un Brian Topp souriant, malgré la défaite. «On a notre chef, Thomas Mulcair, on est tous derrière lui», a insisté celui qui s’est battu jusqu’à la fin. Et qui refusait de critiquer son adversaire après sa victoire.

Cela n’a pas empêché les adversaires politiques des néodémocrates de justement relever certaines dissensions qui sont apparues entre les candidats lors de la course.

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Selon le député libéral Denis Coderre, présent lors du congrès, il s’agit d’un «parti divisé», et le nouveau chef aura fort à faire pour rassembler ses troupes.

Il a félicité M. Mulcair pour sa victoire, citant certains de ses atouts comme son expérience politique mais ajoutant du même souffle «qu’il a les qualités de ses défauts».

«Il a la mèche courte. Jack Layton était un guerrier heureux (happy warrior) mais M. Mulcair, c’est un guerrier tout court», estime-t-il.

Quant aux conservateurs, ils ont rapidement donné le ton. «C’est un député qui est très vicieux, très agressif. (…) il est un homme d’extrême-gauche», a déclaré le ministre du Patrimoine canadien James Moore, peu avant l’annonce finale, puisqu’il prévoyait déjà la victoire du Québécois.

La moitié des membres ont voté

Le taux de participation aux différents tours n’a jamais dépassé les 50 pour cent, un chiffre relativement bas. En comparaison, en 2003, lorsque Jack Layton l’avait emporté au premier tour, il s’était élevé à près de 71 pour cent.

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Environ 130 000 membres du NPD avaient le droit de vote. Pour gagner, un candidat devait obtenir 50 pour cent des voix. À chaque tour de scrutin, le candidat arrivant en queue de peloton était éliminé, et ainsi de suite jusqu’à ce que quelqu’un obtienne la majorité des voix.

Environ 56 000 des détenteurs d’une carte de membre avaient déjà scellé leur vote en se prononçant par anticipation, par la poste ou par internet, en inscrivant les noms des candidats par ordre de préférence.

Le retour de M. Mulcair à Ottawa aux côtés des candidats défaits siégeant aux Communes — dont plusieurs sont de parlementaires redoutables — promet d’ajouter du piquant à la période de questions.

Prenant la place de la plus discrète chef intérimaire Nycole Turmel, Thomas Mulcair talonnera le premier ministre avec son style combatif, alors que le scandale des appels frauduleux des dernières élections continue de semer l’émoi.

Notes biographiques

Thomas Mulcair a été samedi 7e chef de l’histoire du Nouveau Parti démocratique:

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Né à Ottawa le 24 octobre 1954, il grandit à Hull et Laval.

Il fait des études de droit à l’université McGill.

Avant la politique, il a été avocat, professeur de traduction juridique et de droit civil, directeur des affaires juridiques d’Alliance Québec; président de l’Office des professions du Québec de 1987 à 1993.

Élu député libéral de Chomedey à l’Assemblée nationale du Québec en 1994, il a été réélu en 1998 et en 2003. Il a été ministre de l’Environnement dans le cabinet de Jean Charest de 2003 à 2006. Il quitte alors la politique provinciale en raison d’un différend au sujet du mont Orford.

Élu aux Communes sous la bannière du NPD lors d’une élection partielle en 2007, il devient lieutenant québécois de Jack Layton. Il est réélu député fédéral d’Outremont en 2008 et en 2011.

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Il est marié à Catherine Pinhas, père de deux enfants.

Les résultats des quatre tours de scrutin

1er tour:
Thomas Mulcair 30,3%
Brian Topp 21,4
Nathan Cullen 16,4
Peggy Nash 12,8
Paul Dewar 7,5
Martin Singh 5,9
Niki Ashton 5,7

2e tour:
Thomas Mulcair 38,3
Brian Topp 25
Nathan Cullen 19,9
Peggy Nash 16,8

3e tour:
Thomas Mulcair 43,8
Brian Topp 31,6
Nathan Cullen 24,6

4e tour:
Thomas Mulcair 57,2
Brian Topp 42,8

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C’était aussi le choix des Canadiens

Un grand nombre de Canadiens souhaitaient que Thomas Mulcair devienne chef du Nouveau parti démocratique, selon un sondage Harris-Decima-La Presse Canadienne.

Effectuée par téléphone auprès de 1000 Canadiens entre les 15 et 19 mars, l’enquête indique que 41 pour cent des Canadiens estimaient que le député d’Outremont serait le meilleur choix pour succéder à Jack Layton.

La députée torontoise Peggy Nash arrivait en deuxième place, à 13 pour cent, suivie du député de la région d’Ottawa Paul Dewar, à 10 pour cent, et de l’ancien président du NPD, Brian Topp, à 8 pour cent.

Au Québec, Thomas Mulcair obtenait 77 pour cent d’appui. Si l’on exclut le Québec, M. Muclair demeurait au 1er rang, mais avec seulement 24 pour cent d’appui.

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