Le Maroc a longtemps abrité une importante communauté juive, on parle de 300 000 dans les années 1940. Aujourd’hui, on ne compte plus que 5000 juifs dans le royaume.
La montée des nationalismes et l’attrait de l’État d’Israël lors de sa création ont quasiment fait fuir, en à peine deux générations, la quasi-totalité des Juifs. Photographe canadien, né à Winnipeg d’un père juif-marocain, Aaron Vincent Elkaim a tenté depuis 2009 de comprendre et de documenter cette histoire qui a vu deux religions vivre ensemble pendant des centaines d’années sur un même territoire avant que l’histoire ne les sépare.
Sur la photo, le bleu cyan des rideaux et des portes contraste magnifiquement avec le blanc du bâtiment. Aaron Vincent Elkaim a pris cette photo dans une synagogue marocaine. Au niveau le plus local, la cohabitation existe encore, mais pour combien de temps. C’était une musulmane qui était en charge de l’organisation de la synagogue, de la cuisine.
Un respect mutuel
«Elle cuisinait kasher pour les juifs de la synagogue. Ces gens gardent l’histoire, symbolisent quelque chose. Ils respectent leurs traditions mutuelles et celles des familles», explique Aaron Vincent Elkaim, lors du vernissage, jeudi soir, de son exposition Gardiens de la mémoire, à l’Alliance française de Toronto.
C’est après avoir terminé ses études qu’il décide de partir à la recherche de ses racines. «J’y suis allé la première fois en tant que touriste. En 2009 j’y suis retourné prendre des photos, je voulais voir le reflet de mon père dans ce pays. Je voulais aussi documenter les dernières personnes qui vivent encore ici, ils représentent la coexistence entre les musulmans et les juifs. C’est une histoire puissante et un récit opposé à ce qu’on voit habituellement.»