Juifs et Musulmans sont originaires des mêmes territoires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, mais une première fracture moderne a été provoqué en 1870 par la colonisation française qui, en Algérie, a accordé la citoyenneté aux Juifs mais pas automatiquement, et encore moins en pratique, aux Musulmans.
C’est ce qu’a expliqué l’éminent historien français Benjamin Stora, spécialiste de cette période et de cette problématique, à l’Alliance française de Toronto jeudi dernier.
«L’égalité politique est rompue à partir de la fin du XIXe siècle», dit-il. «Une séparation accompagnée d’une acculturation qui touche quatre générations.»
Auparavant, les conquêtes napoléoniennes dans l’Empire ottoman avaient introduit dans le monde musulman, notamment en Tunisie, le principe de «l’égalité citoyenne de toutes les minorités». Ces considérations seront toutefois mises de côté par les élites du monde musulman, à partir des années 1850-1880, «au profit de la reconquête d’une souveraineté perdue ou menacée».
La conférence portait sur les causes de la séparation actuelle, aux conséquences souvent tragiques, entre les Juifs et les Musulmans.
Benjamin Stora est né en 1950 à Constantine, en Algérie. Ses recherches portent sur l’histoire de l’Algérie et notamment la guerre d’Algérie, et plus largement sur l’histoire du Maghreb contemporain, ainsi que sur l’empire colonial français et l’immigration en France.