Né en Allemagne de parents tchèques, Rudolf Brazda a accepté, à l’aube de ses 97 ans, de témoigner sur les répressions et sa déportation à Buchenwald, pour motif d’homosexualité. Dernier survivant homosexuel de Buchenwald, il s’est confié à Jean Luc Schwab qui a coécrit Itinéraire d’un Triangle rose.
De la montée du nazisme en Allemagne à l’invasion de la Tchécoslovaquie, de l’insouciance du début des années 1930 à l’horreur du camp de Buchenwald, cet ouvrage révèle – et c’est une première – le détail des enquêtes policières ayant visé de nombreux homosexuels dans l’État nazi.
Dès 1871, l’Empire Allemand s’était doté d’un code pénal dont le paragraphe 175 stipulait que «la débauche contre nature, commise entre personnes de sexe masculin, ou entre l’homme et l’animal, est passible d’emprisonnement; elle peut aussi entraîner une déchéance des droits civiques». Sont condamnés les actes ressemblant au coït.
En 1935, l’expression «débauche contre nature» est remplacée par «débauche» seulement mais son champ d’application est plus étendu et englobe «la masturbation mutuelle ou le simple contact entre le membre en érection d’un homme et toute partie du corps d’un autre».
Elle condamne aussi les personnes consentantes.
Au début des années 1930, Berlin était devenu le haut lieu d’amusement et de détente pour les homosexuels de toute l’Europe.