Télétravail : la fonction publique de demain

Le télétravail est là pour rester, selon le syndicat de la fonction publique. Photo: Patrick Woodbury, Le Droit
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Publié 03/06/2020 par Louis-Denis Ebacher

Le télétravail dans la fonction publique fédérale est là pour de bon. Il aura fallu une pandémie mondiale pour provoquer ce que de nombreux employés réclamaient depuis une décennie. Enfin, diront plusieurs, il est possible de travailler à la maison et d’éviter les interminables bouchons de circulation sur les autoroutes de la capitale du Canada.

«Absolument», lance la vice-présidente de l’exécutif national de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), Magali Picard. «Le télétravail est là pour rester. On voit, aujourd’hui, la fonction publique de demain.»

À la mi-mars, les employés craignaient de voir «planter» les réseaux informatiques internes, qui n’avaient jamais été autant sollicités de toute l’histoire de la fonction publique fédérale.

Avec un peu de recul, le syndicat admet que le système a tenu bon. «Avant la pandémie, le télétravail était une réalité seulement dans certains ministères», dit Mme Picard. «Aujourd’hui, c’est généralisé.»

120 000 fonctionnaires

Il ne faut pas s’attendre à voir revenir les quelque 120 000 fonctionnaires fédéraux dans les édifices de la région de la capitale dès la rentrée du mois de septembre. Ce n’est plus un secret pour personne. Les fonctionnaires qui peuvent faire du télétravail en ce moment doivent songer à aménager un bureau digne de ce nom, chez eux.

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«On ne peut pas dire que tous les édifices fédéraux seront encore vides dans cinq ans», dit Mme Picard. «Il est possible, par contre, de voir une diminution dans les locations de bâtiments privés par le fédéral, et une certaine réponse à la pénurie de bureaux gouvernementaux dans la région.»

Dans les conventions c0llectives

On ignore la proportion de fonctionnaires qui pourraient, à long terme, faire du télétravail sur une base quotidienne. «Il faudra penser à l’ergonomie des postes de travail de nos membres qui travailleront à la maison. Après la pandémie, il faudra nous assoir avec les comités de santé et de sécurité pour adopter des mesures à long terme.»

Le syndicat, qui souligne par ailleurs ses bonnes relations avec le Conseil du Trésor dans cette gestion de crise, prévoit enchâsser de nouvelles normes liées au télétravail dans les prochaines conventions collectives. «Pour l’instant, on peut se doter de protocoles d’amélioration de santé et de sécurité au travail.»

Rendement supérieur

Selon l’AFPC, le rendement des employés qui font du télétravail est supérieur en cette période particulière. «Le danger à moyen terme, c’est qu’il y ait une perte de reconnaissance du travailleur à la maison. Il faut comprendre que travailler à la maison, c’est travailler quand même.»

«On doit par ailleurs conserver un lien avec les autres membres de son équipe, et pour cela, il faut garder nos bureaux physiques, un espace de rencontres, un endroit où — lorsque la pandémie sera passée — on pourra se réunir.»

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«Garder le moral au travail est une chose, et on peut constater depuis quelques semaines qu’il est facile de travailler en coton ouaté, et d’être isolé des autres. On ne peut pas faire du télétravail à 100 %.»

Selon l’AFPC, le rendement des employés qui font du télétravail est supérieur en cette période particulière. Photo: Patrick Woodbury, Le Droit

Nettoyage

Selon le syndicat, l’employeur doit profiter de l’absence de ses employés pour rénover et désinfecter les bâtiments contaminés par des parasites.

Ces dernières années, les Terrasses de la Chaudière, à Gatineau, et d’autres bâtiments fédéraux d’Ottawa ont été pointées du doigt parce qu’ils étaient infestés de punaises de lit, et même de chauvesouris. «C’est le temps de rénover. On nous dit que le Conseil du Trésor a tiré avantage de la situation pour rénover.»

Un impact durable

Le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada confirme que cette pandémie «aura sans aucun doute un impact durable sur notre mode de vie et sur notre façon de travailler», mais ne dévoile aucun plan précis de «l’après-CoViD-19».

Par courriel, cette semaine, le Secrétariat a répondu brièvement que la santé des fonctionnaires était sa «priorité absolue».

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Il semble trop tôt pour indiquer quels seront les taux d’occupation de ses immeubles, lors d’un éventuel confinement.

«Alors que certaines juridictions commencent à assouplir les restrictions, des discussions sur les lieux de travail fédéraux sont en cours et incluent toutes les parties concernées. Cette pandémie aura sans aucun doute un impact durable sur notre mode de vie et sur notre façon de travailler, et bien que beaucoup d’incertitudes subsistent, la planification est en bonne voie et les détails seront communiqués en temps utile.»

Autobus et ascenseur

Les employés du gouvernement fédéral devront réserver «une heure de départ» d’ascenseur s’ils veulent se rendre dans leurs bureaux situés aux étages supérieurs.

Pas plus de deux personnes pourront embarquer dans un même ascenseur, dans l’édifice où elles travaillent.

Ce ne sera pas une mince tâche de coordonner le retour d’une partie des fonctionnaires dans des complexes comme Portage I, II, III, et IV, où travaillent normalement 20 000 personnes.

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Le défi d’arriver à l’heure s’apparentera à prendre l’autobus, confirme l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC). Tant pis pour les retardataires, qui pourraient être forcés d’attendre qu’une place se libère.

«Ce ne serait pas intelligent de ramener tout le monde, tout de suite», dit la vice-présidente de l’exécutif de l’AFPC, Magali Picard. «Je serais très étonnée de voir une grande rentrée dès le mois de septembre. Mais effectivement, ceux qui veulent accéder aux étages supérieurs doivent réserver une heure de départ.»

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