Tchekhov toujours actuel après un siècle

La Cerisaie au Crowsnest jusqu'à samedi

The Cherry Orchard
Alix Sideris, Tara Nicodemo, Colin Doyle, Diana Tso dans la Cerisaie, au théâtre Crowsnest. (Photos: John Lauener Photography)
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Publié 09/04/2019 par Alice Goron

La Cerisaie, un des plus grands classiques du théâtre au 20e siècle, écrit par Anton Tchekhov, est à l’affiche du Théâtre Streetcar Crowsnest du quartier Leslieville (sous le titre The Cherry Orchard) jusqu’à ce samedi 13 avril.

Produite par la Modern Time Stage Company, elle a été mise en scène par le directeur artistique Soheil Parsa. À cette occasion, L’Express a pu s’entretenir avec Arsinée Khanjian, qui interprète Lyubov, la maîtresse du domaine.

The Cherry Orchard
Arsinée Khanjian.

Une pièce intemporelle

«Ce qui est incroyable, c’est que cette pièce a été écrite et présentée il y a plus de cent ans! La première représentation a eu lieu en 1903. Pourtant, il y a toujours quelque chose d’actuel dans cette pièce», nous confie l’interprète de Lyubov.

Et en effet, la représentation résonne de façon cinglante avec l’actualité. «Cette pièce matérialise ces changements, ces écarts, entre les générations qui sont inévitables aujourd’hui dans toute société actuelle.»

The Cherry Orchard
Tara Nicodemo et Oyin Oladejo.

La correspondance avec nos sociétés actuelles irait même plus loin, selon Arsinée Khanjian. «La pièce de Tchekhov c’est aussi cela: parler des problématiques écologiques que l’on rencontre aujourd’hui, du développement des villes qui progressivement remplacent les forêts pour y construire toujours plus d’habitations.»

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Une mise en scène dynamique

La représentation dure environ deux heures. Un choix volontaire du directeur artistique Soheil Parsa. «C’est une pièce assez longue qui contient plusieurs passages assez redondants», confie Arsinée Khanjian.

«Soheil ne voulait pas présenter la pièce en entier, car il ne voulait pas d’entracte. Seule une durée raisonnable peut permettre cela. Un travail de coupure dans ce sens-là a alors été nécessaire en écartant les scènes et dialogues répétitifs.»

The Cherry Orchard
Tara Nicodemo, Cliff Saunders, Keshia Palm.

Un véritable travail a aussi été fait sur le rendu final de pièce, voulue non dramatique par son auteur. «Tchekhov n’a jamais prétendu présenter une tragédie. La première fois que cette pièce a été représentée à l’époque, cela avait rendu l’auteur très mécontent car cela ne correspondait pas à ses volontés.»

Bien au-delà de cela, cette pièce met en avant les particularités de l’écriture de Tchekhov. «Il ne juge aucun de ses personnages», constate Arsinée Khanjian. «Ils sont tous à la fois sympathiques et antipathiques.»

Une préparation rapide

Le travail a débuté par «deux semaines de travail de lecture avec les répétitions en novembre 2018». Un premier travail autour de la table qui permet à la troupe de se familiariser avec le thème du texte, d’en chercher les subtilités.

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Par la suite, tout s’est enchaîné. «On a eu trois semaines de répétitions. Il nous a fallu produire de véritables efforts pour apprendre le texte, le rythme, mais aussi les gestes, tout aussi importants», insiste la comédienne.

«Chaque geste a une résonnance par rapport au personnage.» Jusqu’au rendu visuel, rien n’a été laissé au hasard. «Soheil a travaillé dans une exactitude scientifique.»

Un lien particulier avec le public

Ce que l’on peut noter chez Arsinée Khanjian, qui a joué dans plusieurs films, c’est ce lien si particulier qu’elle tisse avec le public.

«J’adore le théâtre, il a toujours été mon premier amour en tant qu’interprète. Je peux sentir le public, les respirations, les petits bruits. Cela rend tellement vivant!»

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Une façon de jouer qui diffère en bien des points de celle au cinéma. «Il y a toujours un danger lorsque l’on est sur les planches: glisser, tomber, se rattraper puis ensuite se demander si le public s’en est vraiment rendu compte!»

The Cherry Orchard
Keshia Palm.

Un jeu d’autant plus fort avec cette pièce de Tchekhov, du «divertissement premier», selon elle.

«Présenter la pièce sans entracte est différent, un défi. On se doit d’être très attentif au public. Si les spectateurs commencent à bouger, c’est que la représentation leur échappe!» Et les comédiens y veillent bien.

C’est ainsi une représentation bien particulière de La Cerisaie qui est proposée ici. Arsinée Khanjian vous invite à venir voir «cet autre regard porté sur la pièce, bien différente des représentations classiques que l’on en a».

The Cherry Orchard
Diana Tso et Colin Doyle.

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