Cinéfranco rend hommage à l’acteur Jacques Villeret
Clown aux yeux doux et tristes, la tête encadrée par deux touffes de cheveux en houppette, son physique rondouillard lui valait rarement des rôles de jeune premier. À la place, Jacques Villeret a prêté ses traits à des personnages de grands timides maladroits, de paysans au grand coeur ou encore de souffre-douleurs naïfs et simples d’esprit. Vêtu d’un costume d’extraterrestre pour les besoins de La Soupe aux choux, coiffé d’un chapeau de calife dans Iznogoud, handicapé mental dans L’Été en pente douce, Jacques Villeret a donné vie à une galerie de personnages attachants, portés par la grâce. Tous avaient en […]
Joyeux Noël : un émouvant tableau de la guerre 14-18
La guerre est une absurdité et il n’est nul besoin d’un film pour le prouver. Mais derrière le pire, les atrocités, il y a aussi l’espoir, de belles histoires qui ne demandent qu’à être racontées. C’est justement l’une de ces belles fables, émouvantes et sincères, que le cinéaste français Christian Carion a choisi de retracer. À contre-courant, son dernier long-métrage, Joyeux Noël, montre qu’au beau milieu de la guerre, du désir de pouvoir, des bassesses et des instincts meurtriers de l’homme, il existe encore de beaux gestes de solidarité, empreints d’une fraternité pure et désintéressée. Un beau message de paix […]
Des courts-métrages de plus en plus courus
«Le court-métrage est au cinéma ce que la nouvelle est au roman», se plaisent à souligner Andréa Cohen et Karin Hazé. Expérimentation, innovation, rythme: «c’est un lieu de révélation […] où les cinéastes peuvent trouver une vraie liberté». Il y a trois ans, ces deux jeunes réalisatrices fondaient les Nomades du court-métrage, un festival de films courts présenté dans la Ville-Reine. Après deux éditions présentées à guichet fermé, le festival prend de l’ampleur: trois soirées à Toronto, neuf programmations différentes, 88 films et une tournée ontarienne nous attendent pour l’édition 2006! La diversité est centrale dans la démarche des deux […]
Le monde est fou de C.R.A.Z.Y.
«C.R.A.Z.Y., c’est une histoire un peu folle», lance Jean-Marc Vallée à la blague. La plaisanterie n’est pas anodine. Auréolé de magie, sur fond de fable mythique, le dernier long-métrage du réalisateur québécois se laisse regarder d’un trait, suspendu, comme dans un rêve. C’est aussi le grand succès canadien du moment, qui a remporté le Prix du meilleur film canadien au dernier Festival du film à Toronto. Le long-métrage de Vallée, pressenti pour les Génies, représentera le Canada dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger. Auparavant, avec ses recettes copieuses au box-office, C.R.A.Z.Y. avait pris d’assaut le Québec, remportant […]
Que fait la société pour aider ses enfants handicapés?
La science fait des miracles et réussit à sauver des nombreuses vies. Mais elle comporte aussi ses ratés et ses laissés-pour-compte. Deux documentaires présentés par l’Office national du film du Canada (ONF) brossent le portrait de fa-mil-les à qui la médecine moderne n’a pas fourni tous les éléments de réponse. Ces dernières vivent avec un enfant autiste ou encore avec un enfant atteint de paralysie cérébrale à la suite d’une naissance prématurée. Un quotidien souvent difficile à porter. Le premier documentaire, Un Enfant pas comme les autres, plonge le spectateur dans l’univers de Barbara Maka. Cette mère d’un adolescent autiste […]
Échographie du désir féminin
Avec son troisième long-métrage intitulé Vers le sud, le réalisateur français Laurent Cantet signe une œuvre forte, sensible et réfléchie, qui aborde avec beaucoup de pudeur le tourisme sexuel, décliné au féminin. Dans Vers le Sud, on parle plus volontiers de tourisme amoureux, dynamique mêlée de fascination, d’attraction et de méfiance entre deux groupes: de jeunes Haïtiens à la peau d’ébène et les Occidentales qui achètent leur affection. Le long-métrage, une production franco-canadienne, a été adapté de trois nouvelles de l’auteur haïtien Dany Laferrière. Vers le Sud sonde avec justesse la profondeur et la complexité du désir féminin. Ce que […]
Des courts-métrages à Ciné-Jeudi
Premier événement mondial consacré au court-métrage, le Festival international de Clermont-Ferrand fait escale à Toronto. Les meilleurs films courts français et étrangers de l’édition 2005 seront à l’affiche le temps d’une soirée, à la Médiathèque ONF. Se faire remarquer au festival de Clermont-Ferrand est un signe qui ne trompe pas. De grands cinéastes français tels que Jean-Pierre Jeunet ou encore François Ozon y ont fait leurs premières armes. Cette 27e édition propose une kyrielle de courts-métrages qui sont tour à tour, drôles, poignants, avant-gardistes ou originaux. La révolution des crabes en est le parfait exemple. Ce jouissif film d’animation en […]
De petits gestes lourds de conséquences
Lourd comme un passé trouble chargé de souvenirs, le mystérieux Caché du cinéaste Michael Haneke se démarque par son atmosphère tendue qui enveloppe chaque scène du film d’un suspense énigmatique. Tel un mauvais rêve laissé en cours, le film viendra hanter le spectateur, même longtemps après sa projection. Ce thriller psychologique chargé politiquement est mené d’une main de maître par le cinéaste autrichien, auteur du célèbre Pianiste. Cinq années plus tôt, Code inconnu du même Haneke, venait déjà donner le ton avec ses séquences superposant la réalité d’un couple bourgeois, à celle, moins glorieuse, de familles roumaines et slovaques tentant […]
Bresson et les voies de l’ascèse
Qu’ils soient anges ou démons en quête de rédemption, les personnages de Robert Bresson aspirent tous à la transcendance. Leur cinéaste, aussi, a toujours été attiré par un cinéma précis, rigoureux, exemplaire et surtout autre, en rupture avec une reproduction fidèle du réel. Des images d’une pureté rare, des visages austères qui, par moments, viennent s’auréoler d’une lumière radieuse, presque céleste: à travers son œuvre, Bresson, père éternel du cinéma français, explore les chemins empruntés de l’ascèse en filmant la vie intérieure des personnages, tout leur être tendu vers un ineffable mystique qui les dépasse. À la notion de cinéaste […]
Nouvelle-France ou les amours de Marie-Loup
C’est avec prudence que Jean Beaudin est venu présenter à Toronto la semaine dernière son dernier film, Nouvelle-France. Critiquée dans les médias et boudée par le public, la co-prodution québéco-franco-anglaise n’a pas récolté le succès escompté au Québec comme en France. Marketing peu convaincant, titre trompeur? Jean Beaudin fait son mea-culpa sans pour autant cesser de défendre l’histoire d’amour chavirante qu’il a portée sur grand écran. «Des fois je me demande si on n’aurait pas dû changer le titre, admet d’emblée le réalisateur. Le titre a orienté le film comme étant un film qui racontait l’histoire de la Nouvelle-France […] […]
L’enfance piétinée
«C’est pas vrai qu’on a tout vu, il y a toujours pire, pire, pire.» Les Voleurs d’enfance, le documentaire coup de poing de Paul Arcand donne le ton. Pire, comme ces enfants maltraités, qui, à quatre ans, avec leurs mots d’enfants, racontent les sévices qui leur ont été affligés par les adultes. Pire, comme ces enfants yo-yo trimballés d’une famille d’accueil à l’autre et qui finissent par ne plus savoir qui ils sont. Pire, comme ces victimes de maltraitance qui, dans leur enfance, ont été enfermées, attachées à un arbre, dans l’indifférence générale de leur famille proche. Ce qui amène […]
Entre la mer et l’eau douce
Des images en noir et blanc, des pans de ciel et de nature: la caméra de Michel Brault filme avec douceur les personnages, leurs regards, leurs non-dits, puis s’attarde sur les lieux, les sillages tracés sur l’eau par un bateau de pêcheurs. Son long-métrage Entre la mer et l’eau douce maintient le même rythme de croisière que ce même bateau qui emporte le héros du film vers la grande ville. Il laisse le temps au temps. Tourné en 1967 par le réalisateur québécois, père du cinéma direct, Entre la mer et l’eau douce est une petite perle poétique, empreinte d’émotion […]