Syrie: le chef de la mission de l’ONU demande le respect du cessez-le-feu

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Publié 24/04/2012 par Ben Hubbard (The Associated Press)

à 19h56 HAE, le 29 avril 2012.

BEYROUTH – Le chef de la mission d’observation des Nations unies en Syrie a exhorté dimanche le président Bachar Al-Assad et l’opposition à respecter le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 12 avril.

Le major général norvégien Robert Mood a fait cette déclaration après son arrivée dans la capitale syrienne, Damas, où il a pris en charge un équipe de 16 observateurs de l’ONU ayant pour objectif de sauver le plan de sortie de crise qui doit mettre fin à 13 mois de chaos.

Selon ce plan, le cessez-le-feu est supposé permettre à Al-Assad et à ses opposants de discuter d’une solution politique au conflit qui a fait plus de 9000 morts.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme, un groupe d’activistes basé à Londres, a rapporté qu’au moins 25 personnes avaient perdu la vie dimanche, dont 14 civils abattus par les troupes gouvernementales dans un village au centre du pays et trois soldats tués lors d’un affrontement avec des déserteurs de l’armée.

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M. Mood a déclaré devant les reporters que les 300 observateurs choisis par les Nations unies pour la mission en Syrie ne pouvaient pas régler tous les problèmes et a demandé la collaboration des forces loyales au président ainsi que des rebelles qui cherchent à le renverser.

Le major général a indiqué qu’il voulait que tous combinent leurs efforts afin de réellement mettre un terme à toute forme de violence pour le bien-être des Syriens.

Le cessez-le-feu a commencé à s’effriter peu de temps après avoir été décrété le 12 avril. Le régime a poursuivi ses attaques contre les bastions de l’insurrection alors que celle-ci a continué à tendre des embuscades aux forces de sécurité du gouvernement.

L’armée syrienne a aussi omis de retirer ses chars d’assaut et ses soldats des rues, ignorant l’une des dispositions les plus importantes de la trêve.

En dépit des actes violents, le cessez-le-feu bénéficie toujours de l’appui de la communauté internationale, principalement parce qu’elle considère que c’est le seul moyen d’éviter la guerre civile et qu’elle ne souhaite pas se lancer dans une intervention militaire.

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La plupart des spécialistes croient que le plan a très peu de chances de réussir, même s’il pourrait permettre de faire baisser la violence d’un cran pendant un certain temps.

C’est ce qui s’est produit à Homs, la troisième ville en importance de la Syrie et coeur du soulèvement contre Bachar Al-Assad. Les troupes du régime l’ont bombardée pendant des mois, détruisant de larges pans de la cité, avant que deux observateurs de l’ONU ne s’installent dans l’un de ses hôtels haut de gamme la semaine dernière.

Depuis, les actes violents ont diminué, même si des affrontements surviennent encore fréquemment.

«Les échanges de coups de feu n’ont pas arrêté à Homs», a précisé dimanche le militant local Tarek Badrakhan.

Une vidéo amateur mise en ligne samedi montre les deux employés des Nations unies en train de marcher dans un quartier durement touché par les combats alors que des résidants ramassent un cadavre allongé dans la rue et le mettent à l’arrière d’une camionnette.

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D’après le porte-parole de la mission d’observation de l’ONU, Neeraj Singh, 100 observateurs seront envoyés en Syrie d’ici la mi-mai. Il n’a pas indiqué quand les 200 autres entreraient en fonction.

UNE BANLIEUE DE DAMAS BOMBARDÉE

Les troupes gouvernementales syriennes ont tiré des obus de mortier mercredi sur Douma, une banlieue de Damas dans laquelle se sont rendus à plusieurs reprises les observateurs des Nations unies.

Dans le nord-ouest du pays, un membre des forces de sécurité a été tué par l’explosion d’une voiture piégée, selon l’agence de presse officielle SANA.

Des militants syriens affirment que des troupes syriennes ont pilonné des bastions de l’opposition, comme Douma, après le départ des observateurs. D’après eux, le régime de Bachar el-Assad a arrêté ses attaques dans d’autres villes où les observateurs sont déployés pour des périodes plus longues.

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Il y a actuellement 13 observateurs déployés en Syrie, mais ils doivent être une centaine d’ici un mois, et 300 à plus long terme.

Mercredi, les forces du régime ont pilonné Douma pour la deuxième journée consécutive, malgré la présence d’observateurs, a affirmé un militant de l’opposition, Mohammed Saïd. Il a ajouté que les forces du régime avaient tiré avant, pendant et après la visite des observateurs, leur troisième en trois jours à Douma.

Mohammed Saïd a raconté que l’électricité était coupée depuis une journée et que les civils s’étaient mis à l’abri dans les sous-sols et les étages inférieurs des bâtiments. Au moins huit personnes auraient été tuées mardi dans les bombardements. Les Comités locaux de coordination (CLC), un réseau de militants syriens, ont confirmé l’attaque sur Douma.

Malgré le cessez-le-feu, entré officiellement en vigueur le 12 avril, des violences sont signalées chaque jour en Syrie, 13 mois après le début du mouvement de contestation contre le régime du président Bachar el-Assad. La répression sanglante menée contre les protestataires a fait plus de 9000 morts, selon l’ONU.

La communauté internationale considère toujours le plan de paix de l’émissaire de la Ligue arabe et de l’ONU, Kofi Annan, comme la dernière chance d’empêcher la Syrie de basculer dans la guerre civile, en partie parce qu’il n’y a pas de réelle solution de rechange.

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À Paris, à l’issue d’une rencontre avec des militants de l’opposition syrienne, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a affirmé que la France voulait que le Conseil de sécurité de l’ONU envisage d’autoriser une action militaire en Syrie si le plan de paix ne suffit pas pour faire cesser les violences. Une telle intervention semble toutefois peu probable parce que la Russie et la Chine, qui disposent d’un droit de veto au Conseil, risquent de s’y opposer.

Le 5 mai, Kofi Annan doit présenter au Conseil de sécurité un rapport sur son plan de paix. Alain Juppé a qualifié ce jour de «moment de vérité» pour voir si les efforts de médiation fonctionnent ou non.

De leur côté, les rebelles ont aussi intensifié leurs attaques. L’agence de presse officielle SANA a affirmé qu’un kamikaze avait fait exploser une voiture piégée près d’un poste de contrôle de l’armée le long d’un axe routier dans le nord-ouest de la Syrie mercredi, tuant un membre des forces de sécurité et en blessant deux autres.

Dans la province d’Alep, une bombe placée en bordure d’une route a explosé, blessant grièvement trois personnes, selon SANA.

Mardi, Kofi Annan a déclaré devant le Conseil de sécurité que la situation en Syrie était «sombre» et il s’est dit alarmé par les attaques continuelles du régime sur des villes dans lesquelles les observateurs ne sont pas présents. Mais il a aussi espéré que le déploiement rapide de 300 observateurs puisse «changer la dynamique politique» en Syrie.

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Des militants de l’opposition ont affirmé que la présence d’observateurs pendant des périodes prolongées à certains endroits semblait modifier la donne, comme à Homs, où des observateurs sont déployés depuis le week-end dernier. Les bombardements ont cessé depuis leur arrivée, même si des fusillades sont encore signalées dans certains quartiers.

La ville de Hama était aussi calme mercredi, au lendemain du déploiement de deux observateurs dans la ville, selon l’ONU.

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