Suicide: mettre fin au tabou de la détresse

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Publié 06/02/2007 par Marcel Grimard

Depuis l’an 2000, le mois de février a été choisi pour sensibiliser la population au phénomène du suicide au Canada.

Rien d’étonnant quand les statistiques disponibles nous informe qu’au «Canada, le suicide est la principale cause de décès chez les hommes de 25 à 29 ans et de 40 à 44 ans, ainsi que chez les femmes de 30 à 34 ans. Le suicide est la deuxième cause de décès en importance chez les jeunes de 15 à 24 ans. Pour chaque suicide réussi, il y a 100 tentatives de suicide. Plus de 23 000 Canadiens sont hospitalisés chaque année après une tentative de suicide.»

Ce qui est le plus dommage, c’est que ces décès pourraient être prévenus avec un peu d’écoute, d’attention et de compassion. Il faut savoir que l’idéation suicidaire est plus fréquente que nous le croyons. En effet, selon les statistiques environ 20 à 30% de la population souffrirait d’un trouble de l’humeur tel que la dysthymie, la dépression majeure ou un trouble bipolaire.

Nous savons également que des situations de marginalisation sociale sont propices à soutenir des idéations suicidaires, tel que les problèmes de toxicomanie, le jeu compulsif, l’itinérance ou l’exclusion sociale comme les personnes âgées, les jeunes GLBTT ou les personnes avec une maladie terminale.

Comment reconnaître les signes avant-coureurs? S’il est difficile d’identifier la personne avec des pensées suicidaires, la personne laisse passer son message suicidaire de façon subtile. Certains vont laisser planer un doute: «demain, j’aurai plus de problème», «vous aurez plus à vous préoccuper de moi» et autres messages de types finaux.

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Pour d’autres, il s’agit d’un apaisement soudain. Par exemple, vous savez que votre ami/e a de très graves difficultés lui faisant vivre beaucoup d’angoisse puis du jour au lendemain elle/il se sent léger et heureux sans avoir résolu les difficultés.

D’autres vont donner leur objet: «tiens je te donne ça, j’en aurai plus besoin.» Peu importe les signes, la personne suicidaire donne une «vibration» d’une finalité proche.

Pour être intervenu en situation de crise suicidaire avec des centaines de personnes, la crise suicidaire est une souffrance difficile à dissimuler et ceux qui y réussissent ont en général pris la décision de passer à l’acte.

Quoi faire si l’on ressent que notre enfant (conjoint/e, ami/e, collègue, élève, étudiant, voisin) est suicidaire? Briser le silence, parler, partager notre inquiétude à cette personne.

Trop souvent, les personnes qui ont eu une personne proche qui a réussi sa tentative de suicide se reprochent de ne pas avoir eu le temps, l’écoute pour l’aider. Alors n’hésitez pas à ouvrir le dialogue si il/elle vous dit que non, alors tant mieux! Mais si elle vous dit que oui, écouter, ne juger pas et soutenez la personne à identifier des ressources pour obtenir du soutien psychologique.

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Nous pouvons également aborder le sujet directement avec nos amis, nos enfants, nos parents avant que la crise suicidaire se présente comme moyen de prévention. Par exemple, quand j’ai un ami qui vit une situation difficile ou une épreuve, je lui offre s’il veut en parler, sinon je lui dis de me téléphoner en tout temps le jour comme la nuit si il lui venait de penser à un geste suicidaire, je préfère ne pas dormir une nuit que de le visiter au salon funéraire.

Dans toute ma carrière de conseiller en santé mentale, j’ai eu à vivre le suicide d’un client et depuis je me suis juré que je n’aurai plus à dire: «j’aurais donc dû lui demander»…

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