SpaceX réussit le lancement de sa fusée et l’arrimage de sa capsule à la station spatiale

Fusée privée, contrats publics… pour l’instant

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Publié 29/05/2012 par Agence Science-Presse

Avec le décollage réussi de la fusée Falcon 9 de la compagnie SpaceX, le secteur privé a fait le 22 mai un petit pas pour l’homme, et un bond de géant pour la commercialisation de l’espace.

L’exploration habitée de l’espace a toujours été un travail financé en totalité par l’État, même dans cette patrie de la libre entreprise que sont les États-Unis.

Mais la dure réalité budgétaire de l’Agence spatiale américaine (NASA) étant ce qu’elle est, si le reste de la mission de Falcon 9, inhabitée pour cette fois, se passe comme prévu, il ne faudra pas beaucoup d’années — les observateurs parlent de cinq — avant qu’on ne prenne l’habitude de voir des allers-retours vers la station spatiale réalisés par des compagnies privées.

Avec un bémol: la compagnie Space Exploration Technologies Corporation (SpaceX) ne serait jamais arrivée aussi loin (ou aussi haut) si elle n’avait pas été elle aussi largement subventionnée par l’État. Elle a reçu 381 millions $ de la NASA — et elle a un contrat avec la NASA de 1,6 milliard $ pour 12 rendez-vous avec la station spatiale.

N’empêche que sa fusée, et la capsule Dragon qu’elle transporte, ayant démonté leur fiabilité — le rendez-vous avec la station spatiale s’est déroulé comme prévu jeudi matin et des astronautes de l’ISS sont entrés dans la capsule samedi — il ne faudra pas non plus beaucoup d’années avant que la liste de clients de SpaceX ne s’étende loin au-delà du gouvernement.

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Des touristes dès 2013?

À moins que SpaceX ne soit entretemps doublée sur sa droite: des compagnies comme Virgin Galactic, XCOR et Space Adventures sont suffisamment ambitieuses pour avoir des centaines de places d’ores et déjà réservées sur leurs (éventuels) futurs vols suborbitaux — «suborbital» désigne un voyage de quelques heures, dont quelques minutes passées en apesanteur, à quelques dizaines de kilomètres d’altitude.

Les plus optimistes assurent que ces premiers sauts de puce touristiques pourraient prendre place dès 2013. De plus, parmi les concurrents, il en est un autre dont on parle rarement, mais qui n’a jamais quitté les coulisses: Boeing.

Ce lancement réussi ne constitue donc pas un virage aussi historique que les commentaires sur la «commercialisation de l’espace» le laissent supposer. D’une part, les autorités préparent le terrain depuis des années, rappelle dans Wired l’historien de l’exploration spatiale David Portree. D’autre part, les tests nécessaires pour valider toutes les technologies pourraient prendre encore des années.

Boeing attend en coulisses

Et enfin, malgré le fait que SpaceX ait pris la tête du peloton, le gagnant au fil d’arrivée pourrait bien être le plus traditionnel Boeing.

«Le Congrès semble vouloir s’en détacher afin de pouvoir déclarer un vainqueur aussi tôt que possible, puis couper le financement aux autres compagnies», écrit David Portree.

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«De ce que j’ai entendu, Boeing pourrait être choisi. Je ne pense pas que ce soit une mauvaise idée de se limiter à un contractant qui est déjà habitué à travailler avec la NASA, qui a accès à des systèmes éprouvés et à une expérience, et qui est assez gros pour survivre à des échecs.»

Comme Christophe Colomb

Il y aura de toute façon d’autres tests… et d’autres échecs. Comme la navette spatiale l’a rappelé tout au long des années 1980, l’exploration spatiale a l’habitude des transitions moins ambitieuses que prévu.

Mais à plus long terme, l’histoire pourrait aussi être du côté du privé, poursuit Portree: «Si, comme espèce, nous voulons aller au-delà du mince voile d’espace situé directement au-dessus de nos têtes, alors les principes de capital de risque devront s’appliquer. Bien que ce soit la reine Isabelle qui ait donné à Christophe Colomb ses navires pour traverser l’Atlantique, ce sont des compagnies privées qui ont construit les routes commerciales maritimes et assuré le transport des colons.»

Retour sur Terre

à 05h23 HAE, le 31 mai 2012 (La Presse Canadienne)

CAP CANAVERAL, États-Unis – La capsule spatiale SpaceX Dragon n’est désormais plus amarrée à la Station spatiale internationale et n’est qu’à quelques heures de son retour sur Terre.

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Tôt, jeudi matin, les astronautes de la Station ont détaché la capsule de son ancrage. Ils ont fait usage du bras canadien Canadarm2 pour éloigner le vaisseau cargo de la Station.

Avant de préparer son renvoi sur Terre, les astronautes ont placé dans SpaceX Dragon du vieil équipement de la Station de même que quelques échantillons devant servir à des analyses scientifiques.

Si le retour se déroule comme prévu, SpaceX Dragon tombera dans l’océan Pacifique à 11h44, heure avancée de l’Est, à environ 900 kilomètres à l’ouest de Los Angeles. L’amerrissage rappellera ceux des capsules spatiales habitées des années 1960 et 1970, Mercury, Gemini et Apollo.

La capsule SpaceX Dragon a été lancée le 22 mai dernier par la fusée Falcon 9, au Centre spatial Kennedy, à Cap Canaveral, en Floride, emportant une cargaison de fret de 450kg.

C’est la première fois qu’un vol vers la Station spatiale internationale est assuré par une entreprise privée, la firme américaine SpaceX, ce qui ouvre une nouvelle ère du transport spatial commercial. Les vaisseaux cargo jusqu’à présent envoyés ne regagnaient pas la Terre; ils se consumaient dans l’atmosphère.

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