Sida: encore 2000 infections par année au Canada

Épidémie cachée

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Publié 01/12/2018 par Laurie Edmiston

Plus tôt cette année, j’ai été témoin d’un moment vraiment historique lors du Congrès international sur le sida, à Amsterdam.

La Dre Alison Rodger, éminente chercheuse britannique en VIH, a présenté les résultats finaux d’une étude réalisée auprès de couples dont un partenaire vit avec le VIH et l’autre est séronégatif.

Elle a expliqué qu’après huit années de suivi, l’étude n’avait révélé aucun cas de transmission du VIH dans ces couples – et ce, grâce aux bienfaits préventifs des médicaments modernes contre le VIH.

Pas de transmission sexuelle

Les données s’accumulent depuis des années. De grands essais cliniques ont confirmé que le traitement du VIH peut supprimer le virus à un tel point que la transmission sexuelle n’a pas lieu.

Trois quarts des Canadiens et Canadiennes ayant reçu un diagnostic d’infection à VIH ont déjà atteint ce degré de suppression virale et ce nombre pourrait croître davantage si les autres personnes qui en ont besoin recevaient des soins et des traitements.

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Le fait est que la plupart des Canadiens et Canadiennes qui vivent avec le VIH aujourd’hui ne peuvent pas transmettre le VIH à leurs partenaires sexuels.

Personnes non diagnostiquées

Toutefois, si la plupart des personnes vivant avec le VIH au Canada ne peuvent transmettre l’infection, pourquoi se produit-il encore au-delà de 2 000 nouvelles infections par année, dans notre pays?

Des recherches nous ont permis de savoir que, pour la plupart, les cas de transmission du VIH viennent de personnes qui se croient séronégatives alors qu’elles ont récemment contracté le VIH. Il s’agit des personnes non diagnostiquées. Ceci s’explique par un certain nombre de facteurs.

Premièrement, lorsqu’une personne contracte le virus, celui-ci se réplique très rapidement et atteint ses concentrations les plus élevées, ce qui rend la transmission à d’autres personnes plus probable.

Deuxièmement, une personne qui est diagnostiquée est plus susceptible de prendre des mesures pour éviter de transmettre l’infection à ses partenaires. En outre, nous savons aujourd’hui qu’une personne vivant avec le VIH qui suit un traitement efficace ne transmet pas le VIH par voie sexuelle.

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Accès au dépistage

On estime que plus de 9 000 personnes au Canada vivent avec une infection à VIH non diagnostiquée – voilà la source de la plupart des nouvelles infections. Afin de répondre efficacement à cette épidémie cachée du VIH, nous devons mettre l’accent sur l’expansion de l’accès au dépistage.

Or, à l’échelle du pays, des obstacles persistent. Plusieurs personnes ne se sont jamais fait dépister pour le VIH ou ne le font pas aussi souvent qu’elles le devraient.

Parfois c’est parce qu’elles ne se considèrent pas comme étant à risque, parfois c’est en raison de la stigmatisation entourant le VIH, et parfois c’est parce que les cliniques de dépistage ne sont pas faciles d’accès.

Meilleures pratiques

Certaines régions du Canada, ou d’autres pays, offrent des exemples de façons de faire mieux.

En Colombie-Britannique, un service en ligne permet aux gens de commander des dépistages réguliers du VIH et de remettre leurs prélèvements directement à un laboratoire, évitant ainsi les files d’attente des cliniques.

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En Saskatchewan, un dépistage systématique du VIH est offert tous les cinq ans à tous les adolescents et adultes, dans le cadre des soins de santé primaires et d’urgence.

Le dépistage par analyse d’une goutte de sang séché a été introduit dans certaines communautés des Premières Nations afin de contourner certains des obstacles à la prise de sang et au transport des échantillons de régions rurales et éloignées.

Au Royaume-Uni, une trousse d’autodépistage du VIH peut être livrée dans votre boîte aux lettres.

Plusieurs régions et pays ont par ailleurs recours à des éducateurs communautaires pour offrir le dépistage du VIH à leurs pairs, sans stigmatisation ni jugement. Ces initiatives n’ont été possibles qu’avec l’appui et le financement de gouvernements faisant preuve d’engagement à mettre fin à leurs épidémies de VIH.

Le Canada prend du retard

Des communautés des quatre coins du pays et du monde nous offrent de brillants exemples d’énormes progrès dans la tâche de joindre les personnes non diagnostiquées.

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Néanmoins, à l’échelon national, le Canada est en train de prendre du retard sur d’autres pays, en ce qui concerne l’adoption de ces approches, ce qui signifie que nous ne progressons que lentement, dans ce travail – et il en résulte une plus forte probabilité que les nouvelles infections se poursuivent sans répit.

En cette Journée mondiale du sida (1er décembre), j’exhorte les gouvernements et les leaders à faire un pas de plus dans leurs messages de sensibilisation et à les transformer en actions. Ne nous arrêtons pas à recommander le dépistage: rendons-le possible.

vih

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