C’est un retour aux sources pour L’Express. Le 2 juin 1976, notre Une signait un rare titre en anglais avec «Choose Air Canada And Die In English». Plus de trente ans plus tard, la situation a heureusement évolué mais tout n’est pas rose au sein de la compagnie aérienne canadienne, qui continue de susciter le courroux de ses utilisateurs francophones. Mais en ce début d’année 2008, c’est la qualité des services en français dans plusieurs secteurs du service public qui se trouve sur la sellette.
Air Canada doit-elle faire l’objet d’une mise sous tutelle? La position du porte-parole de la Ligue québécoise contre la francophobie canadienne Gilles Rhéaume est incontestablement un brin provocatrice. Elle a néanmoins le mérite de porter l’attention sur un sujet sensible: les manquements répétés de la compagnie aérienne quant à ses devoirs en termes de dualité linguistique.
Il y a quelques jours, le président de la Fédération acadienne de Nouvelle-Écosse Jean Léger dévoilait un incident survenu en mars dernier. Selon ses dires, on lui aurait refusé l’embarquement à bord d’un appareil d’Air Canada au départ d’Halifax alors qu’il exigeait être servi en français. M. Léger avait alors sorti une caméra, afin d’immortaliser les déficiences de la compagnie, suscitant le courroux des agents qui avaient fait venir la Gendarmerie royale du Canada.
Cette dernière n’avait rien trouvé à reprocher à M. Léger, qui avait finalement pu partir à bord d’un autre avion d’Air Canada. Mais au total, ce sont près de 130 plaintes qui ont été déposées auprès du commissariat aux langues officielles du Canada en 2006-2007, soit près de deux fois plus que l’année précédente.
Des chiffres alarmants, que le commissaire aux langues officielles du Canada Graham Fraser prend très au sérieux: «On suit ces affaires de près. Air Canada est de très loin l’institution la plus visée par les plaintes que nous recevons. Cela fait longtemps que le problème existe et pour le moment, très peu de solutions ont été trouvées.»