C’est une série de rencontres fortuites avec la danse qui auront façonné le parcours du chorégraphe Serge Bennathan. Alors qu’il était encore un enfant, son père, sergent dans l’armée française, lui demandait ce qu’il souhaitait faire de sa vie. Drôle de question pour un gamin âgé de sept ans. À cette époque, le jeune Serge n’en n’avait pas encore la moindre idée. Tout ce qu’il voulait, c’était de pouvoir échapper aux cours de solfège qui lui avaient été imposés par ce père autoritaire.
Ne serait-ce pour son voisin du dessus qui prenait des cours de danse, Serge Bennathan n’aurait pas su quoi répondre. Mais voilà, son petit voisin faisait de la danse, alors, du tac au tac, Serge Bennathan a dit à son père que lui aussi désirait s’initier à cette nouvelle forme d’art.
«Mon voisin aurait fait du judo, j’aurais fait du judo», se souvient-il aujourd’hui dans un clin d’œil. Cependant, en choisissant la danse comme vocation première, le futur chorégraphe ne croyait pas si bien faire.
Plus tard, ce même hasard l’a suivi toute une vie. Coup de coeur pour la prestation d’un danseur étoile, arrivée, in extremis, dans la troupe de Roland Petit, grand saut de la France au Canada avec, enfin, l’impression d’être arrivé au bon endroit: la danse a toujours été au coeur de l’univers de Bennathan, et quand elle n’y était pas, elle le rattrapait inconsciemment.
«C’est vraiment étrange quand je repense à la façon dont tout s’est enchaîné pour m’amener là où je suis. La danse m’a véritablement sauvé. Heureusement qu’elle a été toujours là», s’exclame, les yeux brillants, celui qui est devenu l’un des chorégraphes les plus connus et respectés à l’échelle du pays.