Science et divertissement font-ils bon ménage?

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Publié 07/09/2010 par Odile Clerc (Agence Science-Presse)

L’«édutainment», l’édumusement ou le ludo-éducatif, vous connaissez ? Ce sont tous des termes qui désignent l’éducation par le jeu. Un nouveau concept qui est apparu dans les années 70 en réaction à une perception rebutante de l’apprentissage. Depuis, l’amusement éducatif est partout, à l’école, dans les musées, en médecine, dans les médias, etc. À croire qu’il faut systématiquement s’amuser pour bien communiquer!

Génial!, une nouvelle émission de divertissement à teneur scientifique prochainement diffusée sur les ondes de Télé-Québec témoigne de cette tendance. Mais comment sciences et divertissement, deux genres à priori antagonistes, peuvent-ils engendrer un spectacle à la fois amusant, drôle, intéressant, scientifique et populaire?

«Génial! est une émission ludo-éducative d’une heure destinée aux 8 à 88 ans, explique Martin Roy, directeur général de la programmation et des nouveaux médias à Télé-Québec. C’est une émission de divertissement: le décor, l’atmosphère et le côté spectacle sont pleinement assumés. Cependant, c’est aussi une émission scientifique qui apportera des réponses aux questions pratiques ou loufoques qui se présentent dans la vie de tous les jours, telles que “comment retirer une gomme des cheveux de quelqu’un”? Ou “comment est-ce possible qu’une couche pour bébé absorbe autant de liquide?”»

Apprendre en s’amusant et aborder les sciences par le biais du jeu, du plaisir et de l’étonnement sont des principes que les communicateurs scientifiques connaissent bien. Pour Félix Maltais, éditeur du magazine Les Débrouillards, cela ne fait aucun doute.

«Je pense que l’on n’a pas le choix, toute communication doit être attrayante. Pour rejoindre les gens et les jeunes en particulier, il faut que l’information soit étonnante, drôle, passionnante, qu’elle déclenche des émotions! Cela ne dénature pas pour autant le message scientifique. C’est ce que nous faisons aux Débrouillards avec notre magazine “drôlement scientifique” et ce que nous avons fait à la télévision pendant 9 ans avec nos émissions. Mais attention, il ne faudrait pas que les émissions de science soient seulement de nature fantaisiste et spectaculaire.»

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Car à trop communiquer sur le mode du rire et du jeu, on peut fausser le discours scientifique et passer à côté de ce qui caractérise la science, soit le doute, la rigueur, la persévérance, la remise en question, etc. Des concepts opposés à l’amusement.

«Si nous présentons la science exclusivement par le biais du spectacle, le risque est de décourager les jeunes de la science telle qu’elle doit se faire à l’école. Car la science n’est pas toujours spectaculaire, elle demande de la concentration et de la rigueur. Mais cela vaut pour tous les domaines, en art, en histoire, etc.», explique Marcel Thouin, professeur titulaire de didactique des sciences à l’Université de Montréal.

Pour lui, la mise en scène de la science est un point de départ, certes nécessaire, mais certainement pas suffisant.

«La science occupe une place trop petite dans les médias; tout ce qui contribue à amener les jeunes à la science est positif; mais gardons à l’esprit que la science demande de l’exigence; le nier serait contre-productif.»

Autre réserve du côté d’Hélène Leroux, rédactrice en chef de l’émission Découverte sur Radio-Canada pour qui la rigueur de l’information prime sur la nature de l’émission.

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«Plus on parle de science, plus on touche un vaste public et mieux c’est! À condition que la rigueur y soit! Pour moi, la multiplicité des genres et des supports importe peu du moment que le contenu est sérieux, c’est-à-dire documenté, précis, clair et vérifié.»

Est-ce le secret du succès de Découverte qui enregistre depuis plusieurs années des cotes d’écoute record — une audience moyenne de 500 000 téléspectateurs?

«Le public est très curieux et avide d’informations. Il aime comprendre le monde qui l’entoure. Que ce soit à l’écrit ou l’image, on doit adapter la façon de raconter un sujet au public qui nous lit ou nous écoute et être rigoureux dans l’approche et l’analyse du contenu », poursuit Hélène Leroux pour qui l’information scientifique ne se traite pas à la légère.

«Nous avons une responsabilité; la forme du programme peut être amusante, mais on n’a pas le droit de dire de bêtises.»

Si chacun s’accorde à dire que les émissions ludo-éducatives en sciences complètent avantageusement l’offre d’émissions documentaires ou d’actualités telles que Découverte ou Le Code Chastenay, le souci du contenu prime pour tous.

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Un gage de qualité pour le public, une responsabilité pour les créateurs des programmes et une chance de pérennité pour les diffuseurs.

www.sciencepresse.qc.ca

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