Santé mentale des jeunes : attention au vocabulaire

La méditation entre à l'école

Les quatre intervenants: Allen Lu, Susie Barraud, Andréanne Fleck et Amy Cheung.
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Publié 04/06/2019 par Claire Besnard

«Il faut en finir avec les préjugés sur la santé mentale. Nous devons absolument faire attention à la manière d’utiliser certains mots de notre vocabulaire. Il faut aussi corriger la manière de parler des élèves quand elle n’est pas bonne», expliquait l’enseignante Susie Barraud lors de l’assemblée annuelle de l‘Ordre des enseignantes et enseignants de l’Ontario qui s’est tenue le jeudi 30 mai au 101 rue Bloor ouest à Toronto.

La question de la santé psychologique des élèves ontariens était au centre de l’évènement.

L’objectif de cette réunion était de donner des clés aux enseignants pour qu’ils puissent aider leurs élèves en difficulté psychologique ou souffrant de maladies mentales.

Par exemple, hors de question de laisser dire des mots tels que «tu es fou». En effet, il faut que la perception de la santé mentale soit la même que pour la santé physique. «Il faut supprimer les tabous», explique Joe Jamieson, registraire adjoint de l’OEEO, en entretien à L’Express.

 

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Une cinquantaine de personnes était venue assister à la réunion annuelle de l’OEEO.

Pour une meilleure prise en compte des difficultés psychologiques des étudiants, l’information est essentielle. Selon Joe Jamieson: «il faut que les enseignants connaissent les symptômes d’une dépression pour pouvoir la reconnaître».

«Il faut aussi que les professeurs sachent qu’ils peuvent se faire aider par des experts. Ils doivent donc savoir comment faire appel aux travailleurs sociaux dans l’établissement scolaire», ajoute Andréanne Fleck, travailleuse sociale et coach de mise en oeuvre dans le cadre de l’équipe d’appui pour la santé mentale en milieu scolaire en Ontario. Pour cela, la formation des enseignants est primordiale selon tous les intervenants.

Communiquer

La communication apparaît elle aussi comme indispensable entre les élèves et leurs professeurs. C’est pourquoi le docteur Amy Cheung, scientifique associée à l’Institut de recherche de Sunnybrook et professeure agrégée à l’Université de Toronto, conseille aux enseignants de «poser davantage de questions, d’investiguer. Il faut montrer que l’on peut écouter».

Car en effet, Susie Barraud, responsable du programme de bien-être, d’inclusion et de justice sociale au TDSB, le conseil scolaire public anglophone de Toronto, explique: «Si les enseignants ne prennent pas le temps de discuter avec les élèves, ces derniers n’en feront pas la démarche par eux-mêmes». Allen Lu, élève-conseiller du conseil scolaire public de la région de York, ajoute que «si ils savent que leurs professeurs s’occupent d’eux, c’est plus facile pour eux de se confier».

Méditation

Pour tenter d’améliorer la santé mentale de ses étudiants, Susie Barraud, mise gros sur la méditation. Elle travaille actuellement avec Julien Christian Lutz, plus connu sous le nom de Director X, réalisateur et producteur canadien ayant notamment collaboré avec Drake ou encore Rihanna.

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Ce dernier a fondé Operation Prefrontal Cortex (OPC), un programme fondé sur le pouvoir de la méditation à l’école, dans la rue et dans les communautés pour aider à réduire les fusillades et la violence à Toronto.

Susie Barraud fait partie de l’équipe de Director X pour le programme OPC.

Si le projet est encore en construction, l’enseignante a d’ores et déjà mis en place un programme de méditation, dans sa propre classe de 7e année à l’école Valley Park Middle School, pour diminuer l’anxiété de ses étudiants et favoriser leur bien-être psychologique. «Mon objectif est de les entraîner à l’empathie, à la compassion», explique Susie en entretien à L’Express.

«Si ça n’était pas évident pour tous les élèves au départ, aujourd’hui, la classe a réussi à s’y mettre. Mes étudiants sont engagés dans la méditation, ils sont aujourd’hui capables de donner à leur esprit un repos bien nécessaire».

Des progrès notables

Avec cet enseignement, Susie a pu observer de réels progrès dans le comportement des élèves. «Désormais, ils font davantage preuve d’empathie les uns envers les autres, de concentration et sont en mesure de mieux s’auto-réguler. Cela prouve que la méditation agit sur les fonctions cérébrales. Ce n’est pas seulement un moyen de repos ou un temps de jeu.»

C’est d’ailleurs pour partager sa propre expérience en classe que l’enseignante a accepté d’intervenir à la réunion annuelle de l’OEEO.

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Quantité de questions

À l’issue de cette réunion, les participants avaient la possibilité de poser des questions. La quantité de ces dernières montre que le sujet de la santé mentale intéresse.

«Globalement», conclut Andréanne Fleck, «on remarque que la majorité du corps enseignant et des équipes éducatives cherche à s’investir. Ils ne savent pas toujours comment, c’est donc à nous de leur donner les clés.»

Par ailleurs, pour ceux qui l’auraient manquée, la vidéo de la réunion est disponible en ligne.

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