En 1938, la Loi sur la santé de l’Ontario avait imposé la pasteurisation de tout produit à base de lait. Un choix sanitaire qui n’aura pas eu raison des véritables amateurs de fromages à Toronto. Si les hommes ont fait leur beurre – pasteurisé, certes – avec des produits adaptés à la loi (cheddar, havarti, mozzarella, Monterey Jack…), les souris, elles, n’ont pas déserté les lieux.
Les sous-sols de Toronto n’ont rien d’un gruyère helvète comme peuvent l’être ceux de Paris ou New-York. Pourtant, force est de constater que les souris y ont fait leur nid depuis bien longtemps. Mais si les usagers lilliputiens des transports torontois ne paient pas leur billet, ils grouillent pourtant sans honte dans les couloirs estampillés TTC.
«Des souris et des hommes», ou le triste quotidien d’usagers qui ne prêtent même plus attention à la présence de rongeurs entre les rails, les sièges, et bientôt entre les pages de leur livre.
Dans l’ordre établi des choses, les oiseaux occupent le ciel, les écureuils et les ratons laveurs se partagent les paliers de portes, les arbres et les boîtes vertes à compost, les hommes occupent généralement les habitations construites de leur main, et les souris en occupent les bas-fonds.
Un système certes inique, mais qui fait ses preuves depuis des décennies, sans que ni l’une ni l’autre des parties n’aient ressenti le besoin de s’en plaindre. Oui, mais voilà. Depuis quelques années, tel un Américain en manque de pétrole et de démocratie, les souris veulent conquérir la surface de la planète. À commencer par nos murs, évidemment!