Salon intéressant, mais public absent

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Publié 21/12/2009 par Pierre Léon

Valéry Vlad est à féliciter pour avoir si bien réussi le Salon du livre de Toronto, dans les matinées pour enfants. De même faut-il louer la programmation de ce Salon, variée et intelligente. Mais, une fois qu’on a rendu à César ce qui lui appartient, on ne peut que se réjouir de l’annonce d’états généraux pour le prochain Salon. Une Révolution se prépare donc.

C’est tant mieux, car les adultes qui seront venus se perdre puis se geler dans les steppes du Parc des Expositions, auront gardé un bien mauvais souvenir de ce Salon funèbre!

Le désert pendant quatre après-midis. Le plus tragique était lorsque trois auteurs, sur estrade, se trouvaient devant deux auditeurs.

Ce qui me surprend toujours aussi dans ce genre de rencontre, c’est la pingrerie entre auteurs. On fait signer un bouquin à la charmante poétesse ou le sympathique auteur que l’on connaît bien, se disant secrètement qu’il fera de même lorsqu’il passera devant votre stand.

N’y comptons pas. L’auteur est une sorte de bernard-l’hermite replié sur lui-même. Il ne voit pas les autres. Il sait que son livre est le meilleur, il ou elle a peut-être même eu le Prix du Gouverneur Général et sait que le vôtre, à côté, est bien faible. Il consentira, à la rigueur à ce que vous lui en fassiez cadeau. Comme tout le monde, il feint de croire que votre livre n’a rien coûté, à vous, ni à votre éditeur.

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Il faut donc miser sur l’intérêt du public. Mais au Salon de Toronto 2009, il n’était pas là!

Le seul moment où une foule modeste est apparue a été pour le couronnement de Claude Tatilon, et évidemment pour le buffet qui a suivi! Il y a eu aussi un peu de monde à deux lancements d’ouvrages nouveaux.

Il y avait pourtant des conférences bien intéressantes, dont celle de Djemila Benhabib, auteur de Ma vie à contre-coran, condamnée à mort dans son pays natal, l’Algérie, pour ses idées progressistes. Elle s’étonne de la naïveté des Canadiens avec leurs «accommodements raisonnables», face à l’intégrisme qui se répand au galop, grâce à l’aveuglement d’un certain multiculturalisme.

On a eu la présence, restée un peu secrète, de l’équipe de la prestigieuse émission littéraire de Panorama, interviewant les auteurs bons élèves. Bizarrement, le programme qui en a résulté a retenu seulement quelques bribes des propos des présents au Salon et bricolé le reste avec de larges extraits d’entrevues antérieures de lointaines vedettes. On chuchote que l’émission a ses chouchous. Mais les gens ne sont jamais contents!

En tout cas, ce dernier jeudi, Pierre Granger a eu des adieux bien touchants. Nous serons nombreux à regretter son beau sourire, sa convivialité, la vivacité de ses réparties, sa courtoisie et son humour.

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Un petit garçon m’a bien ému, au Salon du livre de Montréal. Il voulait que je lui raconte les nouvelles dont les illustrations étaient en vignettes sur un de mes bouquins dont il avait bien envie. Mais finalement, il est allé à un autre de mes livres, attiré par le mot «Huron», qui apparaissait dans le titre. Il prendrait celui-là, car il adorait les histoires des Indiens du Canada, ajoutant: «Vous savez, les «bons» pères jésuites, ils n’étaient pas toujours des saints! Est-ce que vous l’avez écrit?» On a bien discuté.

Il est allé acheter le livre et est venu me le faire signer, précisant qu’il avait quatorze ans, s’appelait Alexandre. Il était si adorable que je lui ai fait cadeau de l’autre livre qui l’avait tenté. En partant, il m’a dit que je pouvais lui écrire quand je voudrais et qu’il allait revenir me donner son adresse. Je ne l’ai pas revu et le regrette bien.

À propos de religion, un ami qui, lui, va à la messe, me raconte la blague suivante. Dans une école catholique, une religieuse pose sur une table une caisse de belles pommes, avec un écriteau spécifiant: «Vous pouvez prendre une pomme, mais une seule. Dieu vous surveille!» Dans la salle à côté, il y a un énorme plateau de gâteaux. Un jeune garnement a ajouté un mot: «Prenez tout ce que vous voulez, Dieu est dans l’autre salle, où il surveille les pommes.»
Sur ce, joyeux Noël et bonne année.

Auteur

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