Saint Méthode et son alphabet

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Publié 31/03/2015 par Gabriel Racle

Ce n’est pas tous les ans que l’on peut marquer le 1200e anniversaire d’une célébrité, et d’une célébrité qui a apporté une importante contribution toujours actuelle à la civilisation occidentale.

C’est le cas de Saint Méthode (815-885), créateur du premier alphabet slave avec son frère Cyrille, honoré par l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), dont la directrice générale est la Bulgare Irina Bokova.

On ne connaît pas avec une très grande précision la vie et les activités de ces deux personnages qui seraient à l’origine d’un nouvel alphabet, communément appelé alphabet cyrillique, comme si Cyrille en était l’auteur.

Méthode et Cyrille sont fils d’un chef militaire appartenant au groupe d’armées de Thessalonique, en Grèce. Méthode (né vers 815-820, mais 815 est la date anniversaire officiellement reconnue) serait l’aîné de sept frères, dont le plus jeune était Constantin, le futur Cyrille (né vers 827-828).

Constantin aurait fait de brillantes études avec Léon le Mathématicien et Photius, érudit patriarche de Constantinople, ce qui lui vaudra le nom de «Constantin le Philosophe». Méthode est fonctionnaire provincial et Constantin diplomate.

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Recherches alphabétiques

À 40 ans, Méthode entre dans un monastère du mont Olympe de Bithynie (dans l’ouest de la Turquie actuelle), rejoint bientôt par son frère Constantin, âgé de 28/29 ans.

Il semble que les deux frères se soient alors adonnés à des travaux concernant un alphabet pour transcrire les livres religieux dans une langue accessible aux Slaves, nombreux dans la région de Thessalonique. Et comme ils parlaient eux aussi ce langage slave, on pense que leur mère était aussi d’origine slave.

Vers 862, les deux frères reviennent d’une mission d’évangélisation dans le nord de la mer Noire, chez les Khazars, une population semi-nomade turque d’Asie centrale. Le prince Rastislav qui régnait sur la Grande Moravie (les territoires des actuelles République tchèque, Allemagne orientale, Slovaquie et Hongrie nord-occidentale, le sud de la Pologne avec la région de Cracovie et l’ouest de l’Ukraine avec la Galicie) demande l’aide de Byzance pour évangéliser son peuple dans sa langue.

Constantin et Méthode s’y rendent en 863. Ils auraient alors inventé un nouvel alphabet ou plutôt appliqué leurs recherches à la situation concrète dans laquelle ils se trouvaient. Pouvant communiquer dans la langue de la population, leur évangélisation aurait été couronnée de succès.

Mais la situation change à Constantinople, l’empereur Michel III est assassiné en 867 et le patriarche Photius renversé. Constantin et Méthode se rendent à Rome. Le pape Adrien II les accueille volontiers, les ordonne prêtres et consacre Constantin évêque. Mais en 869,il meurt à Rome après être devenu moine sous le nom de Cyrille.

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Le pape nomme Méthode évêque missionnaire pour les Slaves, chargé d’organiser la province ecclésiastique de Sirmium (en Serbie). Après des conflits avec des évêques allemands, il meurt en 885 en Moravie.

L’Église catholique romaine célèbre les deux saints le 14 février. L’Église orthodoxe fête la naissance de Cyrille le 14 février, celle de Méthode le 6 avril, date retenue pour ce 1200e anniversaire.

Alphabets glagolitique et cyrillique

L’alphabet qu’auraient inventé Cyrille et Méthode ne serait pas l’alphabet cyrillique actuel, mais un intermédiaire en quelque sorte, l’alphabet glagolitique.

Le nom vient du vieux mot slave glagoljati qui signifie «dire» ou «parler». Pour diffuser «la bonne parole» dans la langue du peuple slave, Méthode et Cyrille avaient mis au point cette graphie, en s’inspirant du grec cursif. À l’origine, l’écriture était arrondie puis elle est devenue de plus en plus anguleuse au fil des siècles.

L’alphabet glagolitique a donné naissance à l’alphabet cyrillique développé par les disciples de Cyrille, notamment Clément, Naoum, Anguélarii, Gorazd et Sava, qui entreprirent de réformer l’alphabet original de Cyrille et Méthode en le simplifiant et en le diffusant sous le nom de «cyrillique» en hommage à leur maître.

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L’archevêque bulgare Clément d’Ohrid aurait été le grand initiateur du nouvel alphabet en substituant aux lettres glagolitiques des lettres grecques correspondantes, tout en gardant quelques lettres qui, modifiées, ne sont pas d’origine grecque.

En général, les pays de langue slave où prédomine l’Église catholique romaine ont adopté l’alphabet latin (Croatie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie), ceux dans lesquels prédomine un patriarcat orthodoxe utilisent un alphabet cyrillique (Biélorussie, Bulgarie, République de Macédoine, Russie, Serbie, Ukraine).

En Bulgarie, le 24 mai est une journée fériée. C’est la Journée de l’écriture cyrillique, de l’éducation et de la culture bulgares. Cette journée est l’une des fêtes bulgares les plus anciennes, dont la tradition remonte à la fête des saints Cyrille et Méthode, «éveilleurs d’esprit slaves», célébrée dès le XIIe siècle.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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