Ron Davis… la passion des musiques

Série de concerts classique-jazz au Lula Lounge

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Publié 02/02/2016 par Janine Messadié

Ron Davis est un nom qui rime avec créativité, inventivité, éclectisme, amour de la musique classique, du jazz, des musiques du monde et des langues qu’il maîtrise avec verve. Il parle le français, l’anglais, l’hébreu, le yiddish, l’allemand et même le japonais.

Homme aux multiples talents, Ron Davis est un pianiste hors-norme, grand virtuose, compositeur de génie que vous avez peut-être vu au fameux Lula Lounge de Toronto, lieu privilégié de ses concerts pluridisciplinaires, appelés Pocket SymphRONica… une série de prestations inédites, réussissant à faire fleurir le jazz aux confins des genres musicaux.

C’est après avoir réalisé SymphRONica (Universal-2013), une fusion de la musique classique et du jazz, enregistré avec l’Orchestre symphonique de Windsor sous la direction de John Morris Russell du Cincinnati Pops Orchestra, que Ron Davis s’est mis à penser et à concocter la série de concerts au Lula Lounge qui commence ce jeudi 4 février.

Dans SymphRONica, ce disque audacieux, dont le titre exprimait la démarche de l’artiste – RON en plein cœur d’un orchestre symphonique – on retrouvait plusieurs nouvelles compositions du virtuose, incluant quelques reprises de musique classique et traditionnelle, tels que le Mache dich mein Herze rein de Bach et Le Reel de Pointe-au-Pic, un air de violon québécois. Plage après plage, on découvre sur ce disque des morceaux d’une étonnante opulence, se déployant comme la bande sonore d’un film épique.

Symphonie de poche

Que nous réserve alors Pocket SymphRONica (Really Records), dixième album de Davis, dont le lancement a lieu ce jeudi 4 février au Lula Lounge?

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«Dans un sens, ce nouvel album est l’évolution logique de SymphRonica qui était une fusion de mes deux passions, mes deux sources artistiques, classique et jazz», dit le compositeur en entrevue à L’Express.

«SymphRONica a été réalisé avec un orchestre symphonique entier – des milliers de violons, de violoncelles et de trompettes – ici, il y a 8 instruments: un quatuor de jazz électro-acoustique, soit moi au piano et au clavier numérique; la guitare électrique, qu’il n’y avait pas sur SympRONica; la contrebasse acoustique et électrique; la batterie. Au lieu de l’orchestre entier, nous avons un quatuor à cordes acoustique, soit deux violons, l’alto et le violoncelle.»

«En fait, j’ai distillé SymphRONica – de là son titre, Pocket SymphRONica, symphonie de poche, comme livre de poche… parce qu’il n’y a plus cette immense palette de musiciens que l’on trouve dans un orchestre.»

Ici, il a élargi le champ musical: «il y a du jazz, un peu de classique, des musiques du monde, des mélodies sépharade, pop, funk… Je fais même une réinterprétation de Lady Gaga!»

Il est vrai que cette symphonie de poche bouillonne d’énergie créatrice. Entre les variations sur Fugue and Variations on Gaga and Poker Face et le très romantique Danza Daniela, dans lequel le piano de Davis se fait rêveur, en passant par la superbe musique traditionnelle de la Pâque juive Pessah Siddour Chassa, et les rythmes séfarades de D’Hora, ou encore la pièce imbibée de funk Gruvmuv, on voyage dans des univers musicaux empreints d’émotions et de passion avec des musiciens de haut-calibre, des virtuoses de la musique jazz et classique.

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Avec le guitariste Kevin Barrett, le contrebassiste Mike Downes et le batteur/percussioniste Roger Travassos –les trois fidèles de Davis – qui sont également co-producteurs sur l’album, ainsi qu’avec les musiciens du quatuor à cordes, les violonistes Ben Plotnick, Aline Homzy, Aleksander Gajic, l’alto Anna Atkinson et les violoncellistes Gerorge Meanwell et Andrew Downing, Ron Davis prouve encore une fois, par la force de son imaginaire musicale et sa très grande créativité, l’étendue de son apport à la musique jazz contemporain en matière d›écriture, d’intelligence harmonique et d’interprétation.

Groove irrésistible

Pocket SymphRONica est à l’image de la série de concerts du même nom, donnée au Lula Lounge. Des concerts où les instruments – violon, alto, violoncelles, percussions, guitare, batterie et piano – conversent et s’expriment avec brio, nous offrant des mélodies au groove irrésistible, des envolées poétiques et profondes, des solos envoûtants qui sont parfois des occasions d’improvisation aux couleurs éclatantes.

Et lorsque le compositeur intègre d’autres éléments, tels que l’ensemble Nagata Shachu Taiko japonais, des danseurs argentins ou encore un clown épris de musique, alors là…on vit de purs moments de grâce. Brillant, vivifiant!

Il y aura une 4e saison en 2017, nous annonce en primeur Davis. «L’idée avec cette série de concerts, c’est non seulement d’explorer encore musicalement et d’élargir les idées… que j’ai entamé avec ce nouveau disque, qui a été enregistré l’an dernier, mais aussi accroître le champ de collaborations avec des poètes, des danseurs à claquettes, l’ensemble Taiko encore une fois et d’autres surprises.»

Parcours émérite

Né d’un père roumain d’origine hongroise et d’une mère polonaise venus s’installer au pays en 1948, Ron Davis a fait ses études au Conservatoire Royal de Musique de Toronto, puis il a étudié avec le mentor Darwyn Aitken, lui-même étudiant du légendaire Oscar Peterson et du grand pianiste classique américain David Saperton (le beau-frère de Gershwin). Après une pause du milieu de la musique professionnelle, Davis a poursuivi des études pour obtenir son diplôme en droit de l’Université d’Ottawa.

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Il détient également un doctorat en linguistique française de l’Université de Toronto. Il a même été enseignant adjoint au département de français de 1993 à 1998.

C’est en 1997, qu’il décide de se consacrer entièrement à sa carrière musicale, et depuis il a gagné ses galons de pianiste et de compositeur jazz, non seulement à Toronto, mais aussi au Canada, en Pologne, aux États-Unis, en Russie et au Japon, pays où il a reçu en 2006, le Japan Foundation Fellowship Uchida Arts. Il aussi été professeur invité à l’Université Hosei à Tokyo.

Lorsqu’il n’est pas devant public, Ron Davis publie des articles sur la musique, le droit, la linguistique et siège au conseil de différentes organisations à but non lucratif. Il a d’ailleurs agi longtemps à titre de secrétaire au sein de la Fondation Glenn Gould.

Il est marié à l’auteure-compositrice-interprète jazz-pop d’origine italienne, Daniela Nardi, avec qui il a co-produit l’excellent album Espresso Manifesto-Songs of Paolo Conte (EMI 2012), sur lequel Nardi reprend avec finesse et sensualité plusieurs classiques du maître piémontais. Davis est également apparu comme pianiste sur ce disque. Le couple est très actif au sein de la communauté artistique torontoise, ainsi que sur les scènes musicales d’ici et d’ailleurs, et a quelques projets en duo à venir.

Auteur

  • Janine Messadié

    Communicatrice d'une grande polyvalence. 30 ans de journalisme et de présence sur les ondes de Radio-Canada et diverses stations privées de radio et de télévision du Québec et de l’Ontario français. Écrit depuis toujours...

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