Danny Laferrière, Je suis fatigué, récits, Éditions Typo, Montréal, réédition 2005, 232 pages.
Originalement paru en 2001, ce livre fait l’objet d’une édition revue et augmentée. L’auteur commente allègrement sa feuille de route: Port-au-Prince de 0 à 4 ans, Petit-Goâve de 4 à 11 ans, de nouveau Port-au-Prince de 11 à 23 ans, Montréal de 23 à 37 ans (premier roman à 32 ans) et Miami depuis 10 ans.
«À 47 ans, après cet interminable bouquin en 10 volumes (Une autobiographie américaine) racontant mon itinéraire (…), voilà, je décide aujourd’hui que je suis fatigué de tout cela. Fatigué de gratter du papier. Fatigué de barboter dans l’encre. Fatigué aussi de regarder la vie à travers la feuille de papier. Fatigué surtout de me faire traiter de tous les noms: écrivain caraïbéen, écrivain ethnique, écrivain de l’exil. Jamais écrivain tout court.»
Le plus intéressant, dans ces récits, ce sont les réflexions de l’auteur sur l’écriture et la lecture. Il estime que «le roman est fait pour ces esprits audacieux qui n’hésitent pas une seconde à se jeter dans le fleuve impétueux de la fiction, tandis que l’essayiste tente péniblement de remonter jusqu’à la source le courant de la vie.»
L’auteur croit que la cuisine est l’art de plus proche du roman. «Il faut jeter les idées et les émotions sur la page blanche, comme les légumes dans un chaudron d’eau bouillante.»