Roman jeunesse savant et abordable

Éric Mathieu, Capitaine Boudu et les enfants de la Cédille
Éric Mathieu, Capitaine Boudu et les enfants de la Cédille, roman jeunesse illustré par Gino Ndanga, Ottawa, Éditions L’Interligne, collection Cavales, 2020, 122 pages, 15,95 $.
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Il est rare que la linguistique soit savamment mise à l’honneur dans un roman jeunesse pour les 6 à 9 ans. Éric Mathieu, professeur de linguistique à l’Université d’Ottawa, réussit ce tour de force dans Capitaine Boudu et les enfants de la Cédille.

L’auteur opte pour la science-fiction et invente la station spatiale U+00B8, communément appelée la Cédille en raison de sa forme vue depuis la Terre. À son bord, on retrouve le capitaine Barnabé Boudu et quatre enfants, dont Félix Caouette.

Le capitaine est un linguiste et Félix a un don pour les langues.

La planète Tanguy

Un vaisseau extraterrestre percute la Cédille, entraînant le capitaine Boudu et Félix dans une folle aventure sur la lointaine planète Tanguy. C’est Félix qui raconte l’histoire, mais il a l’impression qu’elle a été écrite à l’avance et qu’il en est « le héros sans trop savoir pourquoi ».

Le capitaine Boudu entonne souvent la chanson suivante: «Continue ta route / N’abandonne jamais / Et à la fin du jour / Et à la fin de la nuit / Continue pour toujours». Ce refrain revient comme un leitmotiv tout au long du roman et décrit, à mon avis, le sort d’une langue.

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Jeunes truchements

Le roman fait mention d’enfants qu’on envoie vivre très jeune sur une autre planète pour qu’ils apprennent la langue locale. On les appelle «truchements». Or, c’est justement le mot utilisé par Champlain pour décrire le jeune Étienne Brûlé envoyé vivre en Huronie pour apprendre la langue des Hurons.

Mathieu écrit que «les enfants sont doués pour le langage, c’est un instinct, et ils apprennent vitre, parfois plusieurs langues». Les pédagogues qui promeuvent l’apprentissage d’une langue seconde tiennent le même discours.

La langue a un pouvoir

Les Picrocholes habitaient la planète Tanguy avant que les colonisateurs tanguiens les forcent à apprendre leur langue, au point de perdre la leur. Le gouvernement tanguien déteste les Picrocholes et les considère comme des citoyens de seconde classe. Du déjà-vu, me direz-vous, si on pense à nos Premières Nations et aux pensionnats d’infâme mémoire.

La langue, ici, permet de connaître toutes les manigances des Tanguiens et de déjouer leurs astuces. Elle a un pouvoir stratégique, mais on lui imagine facilement d’autres attributs bénéfiques.

L’auteur ne manque pas d’imagination. Il dote les Picrocholes d’une arme transparente et fait nager de curieux poissons avec des pieds palmés et une tête d’autruche. Cela plaira aux jeunes lecteurs, les 6 à 9 ans précise l’éditeur, mais il me semble que la barre est un peu haute pour les plus jeunes de ce groupe.

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Clins d’oeil historiques

Le texte n’est pas alourdi de références historiques ou linguistiques, juste quelques clins d’œil. Il y a un glossaire qui fournit des renseignements sur les personnages, sur les lieux d’action et aussi sur des réalités comme la pierre de granite dont il est question ici.

Il s’agit de la pierre de Rosette qui fait référence aux trois graphies d’un même texte : égyptien en hiéroglyphes, égyptien démotique et alphabet grec.

Éric Mathieu écrit des romans et des nouvelles lorsqu’il n’enseigne pas la linguistique. On lui doit Les suicidés d’Eau-Claire et Le goupil, parus aux Éditions La Mèche respectivement en 2026 et 2018.

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