Robert, mon ami fidèle

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Publié 30/09/2008 par Martin Francoeur

C’est presque devenu une tradition. Je vous ai habitués à une ou deux chroniques sur les nouveaux dictionnaires et ce n’est pas cet automne que je ferai exception.

Je sais, il est un peu tard. Les maisons d’éditions qui publient des dictionnaires usuels lancent leur nouvelle cuvée en plein été, histoire de voir leurs plus récents ouvrages sur les tablettes des libraires à temps pour la rentrée des classes. Mais qu’à cela ne tienne: je ne vais pas vous priver de notre rendez-vous annuel avec les dicos!

Vous vous en doutez bien: le Petit Robert est pour moi un compagnon de longue date. Lorsque vient le temps de parler d’étymologie, de fouiller dans des sens méconnus ou encore de placer un mot dans un contexte ou dans des expressions courantes, le Robert est un outil privilégié. Vous en êtes témoins, je le cite fréquemment dans ces pages.

Avec moins de tambours que le Petit Larousse, le Petit Robert se renouvelle, lui aussi.

En 2006, pour son quarantième anniversaire, le Petit Robert avait fait peau neuve. Une pure réussite. C’est sans doute la raison pour laquelle l’édition 2008 et celle, plus récente, de 2009, conservent somme toute le même aspect. L’ouvrage nous arrive cette année encore avec couverture entoilée avec une jaquette en plastique Rhodoïd transparente. Les dimensions et la typographie sont les mêmes que celles adoptées il y a deux ans. La lecture en est d’ailleurs grandement facilitée.

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Sur le plan du contenu, le dictionnaire demeure fidèle à sa tradition et continue de mettre l’accent sur l’étymologie et sur l’histoire des mots, une qualité qui le distingue du Larousse. Le Robert ne se contente pas de donner des définitions. Il nous plonge dans un univers qui marie l’histoire, la littérature et la grammaire, tout en donnant des nuances de sens, des exemples d’emplois, des indications étymologiques, des trucs à éviter, des synonymes, des renvois… Il place les mots dans des contextes d’expressions, dans des citations d’auteurs.

La version 2009 du Petit Robert nous présente encore environ 60 000 mots et 300 000 sens. Le dictionnaire s’adapte à plusieurs nouvelles réalités, devenant un témoin de l’évolution de la langue française et ce, dans l’ensemble de la Francophonie. L’ouvrage inclut donc plusieurs nouvelles entrées dans des domaines en constante évolution : l’informatique, les technologies de l’information, les sciences, l’écologie et l’environnement. On laisse aussi une place importante au langage populaire, qui confère des sens tout à fait nouveaux à certains mots existants.

Parmi les nouvelles entrées, on note entre autres «blogosphère», qui découle directement de «blog», entré il y a quelques années. Le Robert n’admet toujours pas la graphie «blogue», pourtant très répandue de ce côté-ci de l’Atlantique. On trouve pourtant «bloguer» et «blogueur». Quant à la «blogosphère», elle désigne l’ensemble du réseau Internet comprenant les blogs et la communauté de leurs rédacteurs.

La popularité des lecteurs audio numériques fait en sorte qu’on voit aussi apparaître dans le dictionnaire l’«audiolivre» et la «baladodiffusion».

Sur le plan environnemental, on remarque l’entrée du «bioéthanol», de l’ «écoparticipation» et du curieux concept de «réfugié climatique». À ce propos, le dictionnaire indique qu’un tel «réfugié» est contraint de quitter son habitat traditionnel en raison de la dégradation de son environnement. On ne précise pas si le terme s’applique à des personnes ou à des animaux…

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L’émergence de nouveaux sports, parfois extrêmes, permet notamment de voir arriver l’ «acrosport» et – enfin ! – le «paintball». Aucun terme français n’a été trouvé pour remplacer ce populaire terme anglais, désignant l’activité que l’on connaît. Pas même de «recommandation officielle». Il en va de même pour «fantasy», accepté comme nom féminin et qui désigne le genre littéraire dans lequel l’action se déroule dans un monde imaginaire peuplé d’êtres surnaturels, mythiques ou légendaires. Comme exemple, on dit du «Seigneur des anneaux», de Tolkien, qu’il s’agit d’une «saga de fantasy».

Notons par ailleurs que le lexique de l’astronomie a fait l’objet d’une révision en profondeur. Chaque année, nous disent les éditeurs du Robert, un domaine en particulier est complètement révisé. On retrouve maintenant l’«astérosismologie», l’«héliosismologie», les «disques d’accrétion» ou les «trous coronaux». Même l’adjectif «transneptunien», qui s’applique à un objet céleste dont l’orbite se situe au-delà de celle de Neptune, fait son entrée. La planète naine Pluton serait donc un «objet transneptunien».

Si les mots du Maghreb sont cette année en vedette, pour ainsi dire, en raison de l’ajout de nombreux termes provenant de cette région francophone, les québécismes sont moins nombreux. On mentionne que l’adjectif «effrayant» peut avoir le sens d’«incomparable». Que «travaillant» peut vouloir dire «travailleur». Pas de nouveaux mots d’origine québécoise à proprement parler.

Je sais que je l’ai déjà dit dans des chroniques antérieures portant sur le nouveau Petit Robert, mais feuilleter cet ouvrage demeure toujours une aventure fascinante, une leçon d’histoire, un rendez-vous avec les grands auteurs. C’est bien plus qu’un outil de référence linguistique. Mais j’aime le redire. Pas pour vous convaincre, mais pour partager ce qui demeure, certainement pour moi, un grand bonheur.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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