Rob Ford candidat à la mairie: les conservateurs sont servis

Entretien avec Rob Ford, candidat conservateur à la mairie

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Publié 06/04/2010 par Vincent Muller

«Après que John Tory ait annoncé qu’il ne se présenterait pas, beaucoup de gens sont venus m’encourager à être candidat», expliquait Rob Ford, candidat conservateur à la mairie de Toronto, en entretien avec L’Express. Conseiller municipal depuis 10 ans, il a auparavant travaillé durant le même nombre d’années dans l’entreprise familiale Deco Labels & Tags et prétend que ces deux expériences combinées sont un «énorme avantage» par rapport aux autres candidats.

Assez loquace, Rob Ford répond facilement aux questions, même à celles qui ne lui ont pas été posées. Pas besoin de lui demander ce qu’il pense de la gestion de la ville, il attaque de front l’administration actuelle: «Vu la façon dont la ville est gérée, elle ne peut survivre dans le monde réel, on augmente les taxes jusqu’à la mort pour rien du tout, on ne règle pas les problèmes sociaux, les problèmes des garderies…»

Comment économiser?

Pour Rob Ford tout est simple, « coupures » est le mot d’ordre. Il envisage par exemple de réduire le nombre de conseillers municipaux à 22, contre 44 actuellement, d’ici 2014. Les conseillers municipaux touchant autour de 100 000 $ l’année, cela représente déjà une économie importante selon lui.

Il dénonce également le centre d’appel de la mairie, destiné à renseigner les Torontois: «Ça ne sert à rien, on paye des employés pour répondre au téléphone alors que les conseillers municipaux doivent répondre aux courriels et aux appels téléphoniques, ça fait partie de leur travail. Les gens devraient appeler leur conseiller en premier. Moi je vais partout dans la ville et je réponds à chaque personne qui me contacte.»

En divisant par deux le nombre de conseillers municipaux et en augmentant leur charge de travail, on est au moins à peu près sûrs que ceux qui voudront occuper ce poste ne manqueront pas de motivation!

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Pour le candidat conservateur, la ville dépense trop d’argent pour des choses inutiles: «Là ils veulent refaire le Nathans Philips Square pour 40 millions $. Je ne vois pas ce qui ne va pas avec ce square», lance-t-il en regardant par la fenêtre de son bureau de l’Hôtel de ville donnant sur le square en question.

Il dénonce également les 22000 Metropass gratuits pour les employés de la ville: «Ça aussi c’est un problème», dit-il en montrant sa carte de transport où figurent sa photo, son nom et sa fonction de conseiller municipal.

Il voit donc encore des économies à faire de ce côté là, peu importe si cela encourage les employés de la ville à prendre les transports en commun plutôt que leurs véhicules personnels ou les taxis. Mais après tout, quand on sait que le président de la TTC lui-même préfère les taxis, ces cartes gratuites ne doivent pas être si indispensables.

Avec les économies qu’il espère réaliser, Rob Ford prétend pouvoir baisser la taxe sur les véhicules à 60 $ et réduire les droits de cession immobilière.

Si effectivement les taxes augmentent et les services ne s’améliorent pas vraiment, la situation est en partie imputable à la réforme structurelle du gouvernement conservateur de Mike Harris responsable de la réduction des dépenses sociales de la province aux dépens des municipalités.

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Toronto faisant face à davantage de pauvreté, cela l’a grandement handicapé.

Mais pour le candidat conservateur c’est de l’histoire ancienne: «Ça fait 11 ans, qu’a fait le gouvernement municipal en 11 ans? Les problèmes de Toronto montrent simplement que la ville est mal gérée, c’est tout.»

Stopper le gaspillage

Les coûts d’opération de la TTC, entièrement pris en charge par la ville alors qu’ils ont auparavant été financés par la province, sont également un défi pour Toronto. Mais la municipalité n’aurait pas à se plaindre: «C’est normal que la ville n’ait plus d’argent pour gérer la TTC puisque l’argent donné n’était pas utilisé pour ça. Si le gouvernement paye, il doit pouvoir décider de ce qui est fait avec l’argent.»

Le candidat conservateur veut commencer par faire de la TTC un service essentiel, comme la police ou les urgences, ce qui supprimerait le droit de grève. Mais ce n’est pas tout, ce candidat a une idée révolutionnaire pour améliorer la TTC: «Il faudrait que les employés portent un badge avec leur nom, comme les policiers». Ne souriez pas, ce n’est pas une blague, Rob Ford pense vraiment que cela fera augmenter le nombre d’usagers de la TTC!

Il continue de dénoncer le gaspillage pour tout ce qui a trait aux transports en commun: «Les nouvelles rames de métro seront construites par Bombardier, juste parce que c’est une entreprise canadienne alors que s’ils avaient été construits aux États-Unis par Siemens on aurait payé 500 millions au lieu de 715 millions.»

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«La ligne St Clair devait coûter 43 millions $, on en est à 120 millions $ et ce n’est pas fini. On n’a pas besoin de tramway à plancher bas sur Eglinton, Sheppard et Finch. Les gens n’en veulent pas. Il n’y a pas de problème avec les bus. Il faut remplacer les tramways par des bus et faire des nouvelles lignes de métro.»

Le prix du kilomètre d’une ligne de métro étant 10 fois plus élevé que celui d’un tramway à plancher bas, on se demande où Rob Ford compte trouver la somme nécessaire pour construire des lignes de métro sur Eglinton et sur Finch comme il le souhaite.

«C’est le gouvernement fédéral qui doit financer ça et s’assurer que l’argent soit bien utilisé pour ça», explique le candidat qui assure avoir l’appui du gouvernement fédéral et du ministre des Finances James Flaherty.

Rob Ford envisage également, comme plusieurs autres candidats, de privatiser la collecte des ordures: «En privatisant, on économise 2 millions à Etobicoke, à Toronto on pourrait économiser 20 millions.»

Nettoyer le centre-ville

Il considère également que le centre-ville n’est plus assez attrayant pour les commerces: «Il y a des graffitis partout, des mendiants» et envisage de nettoyer aussi bien les premiers que les seconds: «Allez vous coucher par terre, la police va venir tout de suite pour vous déloger. Il faut faire pareil avec les SDF, les envoyer dans les foyers d’hébergement. Dans mon arrondissement, à Rexdale, maintenant il n’y a plus de graffitis, les commerces reviennent.»

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Enfin, ceux qui espèrent une amélioration au niveau des services en français à Toronto ne verront probablement pas ce changement avec Rob Ford qui nous a resservi l’argument habituel: «Si on donne des services en français à Toronto, il faudra le faire pour les langues de toutes les autres communautés, ce qui est impossible»…

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