Au seizième siècle un auteur, Laurent Joubert, décrit ainsi ce type de rire: «il y en a que vous diriez oyes qui sifflent, d’autres que ce sont oisons grommelant. Il y en a qui rapportent au gémir des pigeons ramiers ou des tourterelles en leur vanité, les autres au chat-huant, et qui au coq d’Inde et au paon…!»
Mais il y aussi un rire socialisé, mieux timbré et plus stéréotypé que le rire émotif. Ainsi Molière note-t-il le rire de la Martine du Bourgeois Gentilhomme: «Hi, hi, hi» mais celui de Zerbinette, dans Les Fourberies de Scapin: «Ah! ah! ah! ah!». Zerbinette doit-elle avoir un rire masculin? En effet, les harmoniques aigus du Hi, le font attribuer d’habitude aux voix plus hautes des femmes et celui en Ah, aux voix plus graves des hommes.
Mais il peut y avoir bien d’autres formes de rires dont les timbres et l’intonation dépendent d’attitudes, volontaires, assez conventionalisées, telles que la coquetterie, le mépris, la moquerie. Le rire sarcastique, méchant, est nasalisé.
Le rire est une pinte de bon sang, tout comme bon vin, dit-on en Touraine. Et voilà qu’il y a maintenant des clubs de yoga du rire. Fondés par un médecin de l’Inde, Madan Kataria. Ses clubs sont déjà au nombre de 53, répartis dans le monde entier, selon le Globe du 5 mai. Et Daniel, un bon copain torontois, m’assure qu’on y a bien du plaisir. Pendant 20 minutes, tout le monde rit à gorge déployée, tape des mains, chante! On sort de là détendu, avec l’envie de continuer.
La politesse et le politiquement correct veulent qu’on ne rie pas de tout. Le rire, disait Bergson, est provoqué par une rupture dans le discours ou un déséquilibre physique.