Retour au pouvoir d’un «nouveau» PRI au Mexique

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Publié 02/07/2012 par Mark Stevenson, Katherine Corcoran et Julie Watson (AP)

à 20h14 HAE, le 2 juillet 2012.

MEXICO – Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) revient au pouvoir au Mexique. Le candidat du PRI, Enrique Peña Nieto, a été élu président de la République avec 38 pour cent des voix lors des élections générales de dimanche, devançant son rival Andrés Manuel López Obrador du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), selon les résultats officiels partiels.

Le PRI (centre-gauche) a dominé la vie politique mexicaine pendant 70 ans, de 1929 à 2000, avant d’être évincé par le Parti d’action nationale (PAN, droite), la formation du président sortant Felipe Calderon.

D’après les résultats portant sur 92 pour cent des bulletins dépouillés, Enrique Peña Nieto a obtenu 38 pour cent des voix, contre 32 pour cent à Andrés Manuel López Obrador et environ 25 pour cent à Josefina Vázquez Mota, la candidate du PAN qui a immédiatement reconnu sa défaite.

Pour l’heure, Andrés Manuel López Obrador dit attendre la proclamation des résultats définitifs avant de concéder la victoire.

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«Nous avons des informations différentes de ce qu’ils disent officiellement. Nous n’allons pas agir de manière irresponsable», a-t-il lancé devant 700 de ses partisans réunis à son QG de campagne. Battu de peu en 2006 par Felipe Calderon, M. López Obrador avait alors refusé de reconnaître sa défaite, dénonçant des fraudes électorales. Il avait organisé des manifestations massives qui avaient paralysé pendant six semaines la capitale, Mexico, dont il est un ancien maire.

Quelque 79,4 millions d’électeurs ont été appelés aux urnes dimanche pour choisir leur président, 500 députés de la chambre basse du Congrès, 128 sénateurs, ainsi que les gouverneurs de six États et les maires de plusieurs villes dont Mexico.

Le PRI, selon les résultats partiels, arrive en tête aux législatives avec environ 38 pour cent des voix, et a repris les gouvernorats des États de Jalisco et Chiapas perdus il y a dix ans. Le président est élu pour un mandat non-renouvelable de six ans, lors d’un scrutin à un tour, à la majorité simple.

Si la victoire du PRI apparaît nette, les résultats du parti sont en-deçà de ce que lui prédisaient les sondages. De nombreux Mexicains disaient redouter le retour d’un PRI trop hégémonique, bénéficiant selon ses détracteurs du soutien des principales chaînes de télévision.

Durant toute sa campagne électorale, Enrique Peña Nieto, 45 ans, a souligné incarner un nouveau PRI, ayant renoncé à ses veilles pratiques de corruption, fraude électorale, clientélisme et gouvernance autoritaire. Un credo répété au soir de sa victoire.

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«Nous sommes une nouvelle génération. Il n’y a pas de retour au passé, a-t-il assuré lors de son discours. Il est temps d’avancer, du pays que nous sommes (aujourd’hui) vers le Mexique que nous méritons et que nous pouvons être (…) où chaque Mexicain écrit l’histoire de sa réussite».

Les électeurs, a-t-il dit, ont «donné à notre parti une deuxième chance. Nous l’honorerons par des résultats».

Ancien gouverneur de l’État de Mexico, M. Peña Nieto a notamment insisté durant sa campagne sur l’insécurité, une des principales préoccupations des Mexicains. Le président sortant Felipe Calderon a lancé en 2006 une guerre contre les cartels de la drogue qui a fait des milliers de morts.

Selon M. Nieto, on a trop mis l’accent sur les opérations et arrestations spectaculaires de trafiquants, au détriment de la lutte contre la criminalité affectant la plupart des citoyens. Il souhaite sur le plan économique parvenir à une croissance annuelle de 5 à 6 pour cent, qui permettrait selon lui de créer plus d’un million d’emplois par an.

L’élection d’Enrique Peña Nieto pourrait toutefois dissuader les Mexicains qui ont quitté le pays à rentrer chez eux. La vaste majorité des quelque 40 000 expatriés mexicains qui ont voté dimanche ne lui ont pas accordé leur soutien.

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Plusieurs immigrants ont affirmé lundi qu’ils étaient ébranlés de voir le PRI, un parti qui les avait convaincus de la nécessité de quitter leur terre natale, revenir au pouvoir.

«Je pense que la plupart des immigrants ont quitté le Mexique à cause du PRI, et ils pensent toujours au PRI comme un parti corrompu aux mains tachées de sang», a lancé Guadalupe Sandoval, une étudiante de 18 ans qui a suivi avec attention la campagne électorale.

La jeune femme dit que sa famille avait songé à rentrer au bercail si le principal adversaire de Peña Nieto, le candidat de gauche Andrés Manuel López Obrador, remportait les présidentielles.

La grande majorité des expatriés mexicains, répartis dans 91 pays, a voté pour la candidate du parti du président sortant, Josefina Vázquez Mota, qui a obtenu 17 169 voix à l’étranger, selon les résultats préliminaires rendus publics lundi par l’Institut fédéral électoral du Mexique.

D’après Andrew Selee du Mexico Institute, un centre de réflexion indépendant, Enrique Nieto ne va probablement pas s’éloigner des orientations de son prédécesseur en matière de sécurité ou d’économie. La principale question, estime-t-il, est de savoir comment il va traiter le délicat dossier de la corruption au sein du PRI, «l’ignorer ou le traiter vigoureusement».

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