Retour à Toronto d’un humanitaires enlevés à la frontière du Kenya et de la Somalie

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 03/07/2012 par La Presse Canadienne et The Associated Press

à 18h27 HAE, le 8 juillet 2012.

TORONTO – Steve Dennis a réalisé qu’il venait d’être enlevé seulement après avoir vu s’éloigner le camp de réfugiés qu’il avait visité quelques minutes plus tôt au Kenya par la vitre de la voiture où ses ravisseurs l’avaient poussé aux côtés de trois autres travailleurs humanitaires.

Malgré tout, la seule chose qu’il pouvait faire était de demeurer calme.

Le Torontois prenait place dans un convoi de trois véhicules en compagnie de ses collègues du Conseil norvégien des réfugiés le vendredi 29 juin lorsque des kidnappeurs ont surgi sur la route, tirant des coups de fusil et criant en somalien.

L’homme de 37 ans a qualifié le chaos qui a suivi de «moment le plus stressant» de toute la mésaventure.

Publicité

«Certains attaquants sont arrivés en avant, d’autres en arrière. Ils essayaient de forcer les automobiles à arrêter», a raconté M. Dennis aux reporters dimanche à Toronto, prenant la parole en public pour la première fois depuis le sauvetage des quatre otages en Somalie lundi dernier.

«Nous savions que les enlèvements peuvent durer longtemps et nous avons vraiment été soulagés d’être libérés aussi rapidement.»

Le kidnapping a eu lieu après que le chauffeur de la voiture où se trouvait Steve Dennis eut été blessé par balle, tout comme la personne assise à côté de lui. Le projectile qui aurait pu coûter la vie au Canadien a heureusement heurté son portefeuille.

«J’ai une petite coupure mais mon portefeuille a absorbé la majorité du choc», a-t-il précisé.

M. Dennis a dû descendre de l’automobile afin de monter dans une autre avec les trois autres travailleurs humanitaires kidnappés, soit Qurat-Ul-Ain Sadazin, une résidante de Gatineau âgée de 38 ans, Astrid Sehl, une Norvégienne de 33 ans, et Glenn Costes, un Philippin de 40 ans qui a été blessé lors de l’enlèvement.

Publicité

Les ravisseurs ont utilisé ce véhicule, dont le conducteur kenyan avait été abattu, pour prendre la fuite. Ils l’ont toutefois rapidement abandonné pour faire marcher leurs otages, à qui ils ont fait franchir la frontière entre le Kenya et la Somalie.

Steve Dennis et ses compagnons d’infortune devaient se cacher dans des broussailles le jour et reprendre la route la nuit venue. Il a indiqué que les kidnappeurs les ont traités de manière respectueuse et humaine.

C’est vers 6 h le matin du quatrième jour que les autorités somaliennes ont réussi à secourir les quatre travailleurs humanitaires, tuant l’un de leurs ravisseurs au passage.

M. Dennis a relaté son histoire calmement dimanche entouré de sa copine, Sara McHattie, et de ses parents, Carol-Ann et Peter Dennis. Ces derniers ont affirmé que le gouvernement fédéral les avait tenus au courant de la situation de leur fils en leur téléphonant à chaque heure pour leur faire un nouveau compte rendu.

Le rescapé a déclaré qu’il était toujours intéressé par le travail humanitaire, même s’il avait connu un «très mauvais week-end».

Publicité

«Je vais rester engagé d’une façon ou d’une autre, mais je ne sais pas encore comment. Pour le moment, je crois que mon boulot est de prendre quelques mois de congé et après, si je me sens mieux, d’en prendre peut-être quelques autres de plus», a-t-il lancé en riant.

RISQUES CONNUS

Les deux Canadiens qui se trouvaient parmi les travailleurs humanitaires enlevés vendredi dernier dans une attaque meurtrière au Kenya possèdent une solide expérience dans le domaine et savaient qu’ils faisaient face à certains risques, a soutenu l’un des directeurs de leur organisation.

Qurat-Ul-Ain Sadazai, une résidante de Gatineau, et Steven Dennis, domicilié à Toronto, ont été ramenés par hélicoptère avec leurs deux autres collègues à Nairobi, la capitale kényane, lundi.

C’est une milice pro-gouvernementale de la Somalie qui a secouru les quatre travailleurs, kidnappés vendredi dernier avant d’être emmenés en territoire somalien. L’enlèvement a coûté la vie à l’un de leurs chauffeurs, en plus de blesser deux autres personnes.

Publicité

«Les endroits où les réfugiés ont besoin d’aide humanitaire sont très souvent des zones à haut risque», a affirmé Rolf Vestvick, l’un des cadres du Conseil norvégien pour les réfugiés (CNR), basé à Oslo.

«C’est quelque chose que savent tous ceux qui travaillent dans le domaine», a-t-il poursuivi.

Qurat-Ul-Ain Sadazai, âgée de 38 ans, a passé plusieurs années dans des zones parmi les plus dangereuses du pays.

Mme Sadazai, originaire du Pakistan, était de retour au Kenya depuis février, afin d’endosser le rôle de directrice adjointe des opérations du CNR en Somalie et au Kenya. Elle y avait déjà travaillé entre 2007 et 2010, quittant le pays pendant quelques années pour diriger les opérations de l’agence à Peshawar, au Pakistan.

Steve Dennis, âgé de 37 ans, était relativement nouveau au sein du CNR, mais il avait déjà travaillé pour l’organisation au Kenya pendant la dernière année. Il a lui aussi un solide bagage en travail humanitaire et a accumulé les expériences au sein d’autres organisations, notamment Médecins sans frontières.

Publicité

M. Dennis et Mme Sadazai ont été enlevés dans le camp de réfugiés Dadaab, situé dans l’est du Kenya et près de la frontière somalienne, de même que la Norvégienne Astrid Sehl, âgée de 33 ans, et le Philippin Glenn Costes, âgé de 40 ans.

Souriants et saluant de la main tandis que leur hélicoptère militaire touchait terre, les quatre travailleurs ont été ramenés dans la capitale kényane lundi après qu’une milice pro-gouvernement de la Somalie les eut libérés.

«Nous sommes heureux. Nous sommes de retour. Nous sommes en vie et nous sommes heureux que ce soit terminé», a lancé Mme Sadazai à sa sortie de l’appareil.

Les autorités canadiennes se sont dites soulagées par la bonne nouvelle lundi, remerciant les responsables kényans et somaliens de les avoir assistés dans la gestion de cette crise.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Ottawa, Jean-Bruno Villeneuve, a indiqué dans un courriel que le haut-commissariat du Canada à Nairobi fournirait de l’aide aux travailleurs canadiens.

Publicité

La secrétaire générale du CNR, Elisabeth Rasmusson, a exprimé son soulagement en point de presse à Oslo. Elle était présente lors de l’incident mais n’a pas été blessée ni enlevée par le groupe armé.

Abdinasir Serar, un porte-parole de la milice Ras Kamboni en Somalie, a indiqué que son groupe avait décidé de pourchasser les kidnappeurs après avoir entendu parler de l’enlèvement. Ils les ont retracés lundi matin à environ 60 kilomètres à l’intérieur des terres de la Somalie, et l’un des kidnappeurs a été tué par balles dans l’opération de libération.

Les quatre hommes armés avaient attaqué vendredi dernier un convoi de deux véhicules du Conseil norvégien pour les réfugiés. Ils ont ensuite pris la fuite avec l’un des véhicules et quatre travailleurs à son bord. Le groupe a plus tard abandonné le véhicule, forçant une marche avec les otages vers la frontière somalienne.

Mme Rasmusson a indiqué que l’attaque de vendredi était survenue sur une route principale qui mène à la ville de Dadaab, ajoutant que le convoi se trouvait dans une «zone considérée sécuritaire du camp» au moment de l’incident.

Un commandant de la police kényane a précisé que les travailleurs avaient d’abord convenu qu’ils seraient escortés par des hommes armés dans leur déplacement, mais qu’ils avaient changé d’avis peu avant leur départ.

Publicité

Plus grand camp de réfugiés du monde, Dadaab accueille près de 500 000 Somaliens.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur