Renvois vers le Burundi et le Rwanda: «conséquences dramatiques»

Selon Oasis Centre des femmes et le Centre francophone de Toronto

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 18/08/2009 par l-express.ca

Le Centre francophone de Toronto et Oasis Centre des femmes se sont alliés la semaine dernière pour «faire face aux conséquences dramatiques» soulevées par la levée du moratoire, en place depuis 1994, des renvois d’immigrants et de réfugiés vers le Burundi et le Rwanda.

Les deux organismes francophones desservant une majorité d’immigrants et de réfugiés craignent la montée d’un sentiment de panique auprès des personnes réfugiées burundaises et rwandaises vivant sans statut au Canada qui seraient visées par cette décision pouvant mener à leur expulsion.

Le 23 juillet dernier, le gouvernement du Canada a annoncé la décision de lever la suspension des renvois vers le Burundi et le Rwanda, dont certains ressortissants sont membres de la communauté francophone de Toronto. Les moratoires pour le Burundi et le Rwanda avaient été imposés en raison des risques que posait, par le passé, un retour dans des pays toujours en proie à l’instabilité et aux conflits armés.

Environ 2100 personnes

Selon l’Agence des services frontaliers du Canada, «environ 2100 personnes pourraient être touchées. Nombre d’entre elles ont revendiqué le statut de réfugié et ne seront pas renvoyées du pays tant que leur demande sera à l’étude, et ce, pourvu qu’elles répondent aux critères d’admissibilité. Les personnes visées par une mesure de renvoi, parce que leur demande d’asile a été rejetée ou pour d’autres motifs, peuvent présenter une demande de résidence permanente pour des circonstances d’ordre humanitaire afin de demeurer au Canada. Elles ont également droit de demander un examen des risques avant renvoi».

Cette décision, «prise sans pressentir ou consulter les communautés visées», selon les deux organismes francophones torontois, présenterait toutefois un impact dissimulé sur les chances de rester sur le territoire canadien.

Publicité

Voué à l’échec

«En effet, 98 % des cas soumis à un examen des risques avant renvoi (ERAR) sont voués à l’échec», explique la directrice générale du Centre francophone de Toronto, Lise Marie Baudry.

«Quant à l’option de présenter une demande de résidence permanente pour motif d’ordre humanitaire», poursuit-elle, «celle-ci peut prendre jusqu’à trois ans ou plus à traiter, peut engager des frais de traitement s’élevant à deux ou trois milliers de dollars pour une seule famille, tout en n’excluant pas la possibilité d’être renvoyé avant que le traitement du dossier ne soit achevé.»

Aide juridique

Face à cette situation alarmante, Oasis Centre des femmes et le Centre francophone de Toronto se sont mis d’accord pour affirmer que cette levée de suspension temporaire des renvois au Burundi et au Rwanda risque d’avoir des répercussions dramatiques sur les personnes touchées par cette décision.

«La mise en oeuvre se fait déjà ressentir: des clients des Services d’aide juridique du Centre francophone ont déjà reçu des avis de convocation en vue d’un examen des risques avant renvoi», révèle la directrice, Aissa Nauthoo.

Les deux organismes vont travailler de concert pour assurer une continuité de l’information et un service approprié aux personnes touchées par cette décision. «Environ 5% de notre clientèle pourrait être affectée par les impacts de cette levée du moratoire sur les renvois», précise Lise Marie Baudry.

Publicité

Des femmes craignent d’être expulsées

À Oasis Centre des femmes, les premiers effets se font ressentir: «Ce ne sont pas uniquement les femmes burundaises ou rwandaises qui font appel à nos services. Les femmes provenant de plusieurs communautés francophones sont elles aussi dans la panique, pensant qu’elles seront expulsées du territoire canadien manu militari», explique une des travailleuses sociales.

Les premières réactions de la communauté font ressortir une montée d’incompréhension et d’insécurité.

En réponse à cette recrudescence de demandes qui accompagnera les conséquences de cette décision, la directrice d’Oasis Centre des femmes, Nathalie Fave, maintient qu’un service de qualité «continuera d’être offert aux femmes en besoin d’information, d’orientation et de counseling pour gérer la détresse que vivront ces femmes».

Comité ad hoc

Au Centre francophone de Toronto, la directrice générale annonce la mise sur pied d’un comité ad hoc, qui évaluera les répercussions et les impacts de cette décision sur la clientèle et la communauté. D’autres organismes francophones comme Oasis Centre des femmes et la Campagne Voisin(e)s, Ami(e)s et Familles seront invités à la table de discussion pour représenter les femmes francophones dans cette situation.

Enfin, les deux organismes mettront en place dans les prochaines semaines un plan de communication d’urgence comprenant, entre autres:
• Des séances d’information publiques offrant aux ressortissants des communautés visées des clarifications sur la décision du gouvernement fédéral et un accès aux meilleures sources d’information;
• La production et la diffusion de matériel d’information et de vulgarisation de la décision;
• L’aide juridique par le biais des services offerts par les Services d’aide juridique du Centre francophone de Toronto;
• Des sessions d’information et de counselling pour les femmes francophones visées offertes par Oasis Centre des femmes.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur