L’Office national du film du Canada et Améri Ka Productions lançaient en première mondiale, en novembre dernier, à Moncton, le documentaire attendu Antonine Maillet – Les possibles sont infinis de la réalisatrice acadienne Ginette Pellerin. Ce lancement soulignait le 30e anniversaire de l’attribution du prix Goncourt à Antonine Maillet, la célèbre écrivaine acadienne et seule lauréate canadienne de ce prix prestigieux, pour son roman Pélagie-la-Charrette. À l’occasion de la 10e édition de la Semaine de la francophonie à Toronto, l’ONF, 150 Rue John, présentait une projection gratuite du film, mardi 15 mars.
Le film de Ginette Pellerin offre un portrait sensible et inoubliable de cette grande écrivaine, une des voix les plus fortes et les plus renommées de la culture acadienne et de toute la francophonie canadienne, et rend encore plus accessibles la vie et l’œuvre de cette artiste unique, un témoignage pour les générations à venir, selon Monique Simard, directrice générale du Programme français de l’ONF.
Pour sa part, le recteur de l’Université de Moncton, Yvon Fontaine, commentait, lors du lancement en novembre dernier, que «le film met en évidence la détermination hors du commun d’Antonine Maillet qui, depuis plus de 50 ans, ne laisse pas l’Acadie dormir en paix et participe inlassablement à son édification en lui procurant une œuvre littéraire en français et en lui martelant le message d’aller au bout de ses rêves et d’être fière de son identité.»
Francophone au sens large
Antonine Maillet vivait à Montréal depuis de nombreuses années quand, en 1979, son roman Pélagie-la-Charrette a été salué par le prestigieux prix Goncourt. Bien que l’on reconnaissait l’immense talent de l’écrivaine, l’événement a causé un certain malaise au sein de l’institution littéraire québécoise.
Pierre Filion, directeur littéraire chez Leméac Éditeur, explique: «On aurait aimé, sans doute parce qu’on est québécois, que le premier Goncourt attribué à un Québécois le soit à un […] pure laine» Antonine Maillet a toujours été consciente de cette tension, mais pour elle, le prix s’adressait «au Canada, par le biais de l’Acadie, ainsi qu’à toute la francophonie d’Amérique du Nord».