Remise en liberté du chauffeur de taxi qui a écrasé un des jeunes qui l’attaquaient

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Publié 01/05/2012 par Pierre Saint-Arnaud (La Presse Canadienne)

à 19h36 HAE, le 2 mai 2012.

MONTRÉAL – Un juge de la Cour du Québec a acquiescé mercredi à la demande de remise en liberté sous caution et avec conditions du chauffeur de taxi Guercy Edmond, qui a roulé sur un jeune homme avec sa voiture, dimanche dernier à Montréal.

Le juge Jean-Pierre Boyer a même qualifié la détention du chauffeur de «scandaleuse», soutenant qu’elle n’était pas nécessaire.

La décision a été saluée par bon nombre de chauffeurs de taxi, qui ont manifesté leur appui à coups de klaxons autour du palais de justice et bloqué la circulation.

Le chauffeur est accusé d’agression armée, de voies de fait graves, de délit de fuite et de conduite dangereuse.

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Après avoir entendu le témoignage, le juge a déclaré que le chauffeur avait assurément agi sous la panique.

Le magistrat a critiqué la poursuite pour le maintien en détention de l’homme depuis la fin de semaine, et a aussi déploré l’absence de présentation de preuves vidéos en cour. Il a fait valoir avoir lui-même vu les images, à la télévision, et a exprimé son exaspération que la vidéo n’ait pas été soumise comme preuve.

Le juge a affirmé au chauffeur qu’il semblait avoir été encerclé et s’être senti attaqué.

«Je suis persuadé qu’il y avait de la panique dans vos gestes. J’en suis convaincu», a dit le magistrat.

L’avocat du chauffeur s’est dit «très satisfait» de la remise en liberté de son client, se félicitant d’avoir évité des conditions plus sévères qui auraient «limité sa capacité de travailler».

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Me Yves Vaillancourt a dit regretter la détention pendant quelques jours de son client, disant avoir été pris par surprise par l’objection à sa remise en liberté.

«L’enquêteur est venu relater le témoignage des personnes qui ont eux-mêmes tourné la vidéo. Mais leurs propos sont une interprétation, et nous interprétons les événements de façon différente en regardant les images», a aussi fait valoir l’avocat.

Questionné sur les causes de l’incident, Me Vaillancourt a évoqué de la «légitime défense», «de la panique ou autre chose», disant croire possible que le chauffeur n’ait pas été «capable de l’éviter en tentant de fuir».

La Couronne a fait témoigner un policier qui a raconté le fil des événements selon les témoignages recueillis. Le sergent détective Frédéric Gagné, enquêteur du Service de police de la ville de Montréal, a indiqué que les vidéos diffusées sur Internet ne permettent de voir que la deuxième partie des événements survenus dimanche.

Tout aurait débuté lorsque le taxi a cueilli trois jeunes hommes en état d’ébriété avancée sur le boulevard Saint-Laurent, peu après 3 h 30 dimanche matin. La circulation était paralysée et les trois hommes auraient manifesté leur impatience, notamment par des commentaires racistes à l’endroit de M. Edmond, d’origine haïtienne.

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Une divergence sur le prix de la course a aussi nourri le différend. Le chauffeur réclamait 9 $, les passagers voulaient payer 5 $.

Durant l’altercation, qui s’est prolongée sur une certaine distance, l’individu qui prenait place à l’avant serait descendu et M. Edmond en aurait fait autant, le menaçant avec un balai à neige et une bouteille. Les deux autres passagers seraient alors descendus et M. Edmond aurait été frappé au thorax. Une fois remonté dans son taxi, il aurait fait quelques manoeuvres menaçantes envers les individus avec sa voiture, pour finalement foncer vers eux, heurtant un lampadaire.

Le chauffeur a pour sa part expliqué qu’il avait perdu le contrôle de sa voiture lorsqu’il a percuté le lampadaire.

La suite des événements a été filmée sur vidéo. On y voit des individus qui donnent des coups de pied sur la voiture, et même un, qui n’était nullement lié aux trois passagers belligérants, qui est monté sur le toit.

C’est à ce moment, après quelques manoeuvres, que le chauffeur de taxi a renversé et roulé sur le corps d’un des trois hommes. Celui-ci a eu deux côtes fracturées, la rate et la vessie perforées, des lésions aux poumons et des contusions multiples.

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Le chauffeur a poursuivi sa route jusqu’à ce qu’il arrive à la rencontre de policiers, à qui il a déclaré qu’un groupe d’individus le pourchassaient et voulaient le tuer.

Guercy Edmond travaille comme chauffeur de taxi depuis huit ans. Il loue son véhicule et travaille généralement du côté de l’aéroport Montréal-Trudeau.

Il reviendra en cour le 20 juin.

En attendant sa prochaine comparution, M. Edmond peut reprendre le volant de son taxi, mais il devra respecter plusieurs conditions. L’une d’elles l’empêche de prendre des clients entre 21h et 6h dans le secteur du centre-ville de Montréal où l’incident allégué est survenu.

Son épouse a signé une promesse de cautionnement de 3000 $, et M. Edmond a aussi accepté de ne pas entrer en contact avec trois personnes impliquées dans l’altercation, dont Benoit Kapelli, l’homme de 23 ans ayant subi des blessures graves.

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