Refrancisation, un mot tabou?

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Publié 23/04/2013 par Réjean Beaulieu

Googler «refrancisation» et la recherche risque de vous répondre  «Did you mean: defrancisation»? si votre moteur de recherche est configuré comme le mien. Mon vieux Larousse ne connait pas et la version moderne en ligne affiche la confusion la plus totale. Enfin, le Robert en ligne me laisse bouche bée, suggérant l’abandon d’un propos probablement futile.

«Défrancisation» est tout aussi inexistant en français même si Google voudrait m’y diriger. À moins que ça ne soit que la «refrancisation» soit carrément impossible. Le Styx est cette rivière dans la mythologie grecque que les morts doivent traverser sans retour possible.

Et pourtant l’assimilation est un phénomène bien réel dont on parle à l’occasion, même si la lutte contre cette assimilation ne fait pas nécessairement les manchettes. L’illustre Jean Chrétien en parlait comme un simple «fait de la vie», hochement des épaules en appui devant un grand rassemblement de la francophonie canadienne en 1999.

Le mot n’est plus tabou depuis. Plus encore, il agit comme consigne institutionnelle et pousse souvent ses institutions à servir la mascarade.

On penserait néanmoins qu’il devrait y avoir un intérêt dans la «refrancisation», compte tenu du nombre croissant d’assimilés à la majorité linguistique ambiante ces dernières décennies et les regrets qui en résultent.

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Mais personne ne parle de refrancisation, comme si cette assimilation était un véritable fait de la vie auquel il était préférable de ne pas résister et probablement ne pas couvrir: «just go with the flow».

Mieux vaut alors porter le regard sur les nouveaux arrivants d’expression francophone, les programmes d’immersion et la francophonie en milieu majoritaire. Autrement dit, mieux vaut éviter le sujet de ce qui arrive aux gens au fil du temps.

Le démographe Charles Castonguay parlait de «coups d’épée dans l’eau» et de «cataplasmes sur une jambe de bois».

Dans un pamphlet style Brave New World, publié par le Globe&Mail, le Commissaire y allait de: «In Canada, French is a language of ambition, not decline». 

Le gros hic: selon la tendance actuelle, la grande majorité de ces nouveaux arrivants, de ces prochains gradués d’immersion ou de programmes francophones, et même ces locuteurs de la francophonie du milieu majoritaire en arracheront en matière de «rétention». Ils auront pour la plupart un jour (si ce n’est pas le cas déjà) à se soucier de «défrancisation» … et donc de «refrancisation». Voilà mon ambition linguistique s’il en est une, cher Commissaire!

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Prenons un répit linguistique pour un moment et considérons le problème causé par une pauvre diète alimentaire en combinaison avec un manque d’exercice physique, un «fait de la vie» qui est devenu le cas lourd d’une grande partie de la population. Les résultats sont criants et les gens réalisent éventuellement que de gros ajustements sont nécessaires.

Au point que le tout soit devenu «tendance», des groupes de soutien apparaissent, les médias couvrent, de nouvelles habitudes sont prises, les systèmes éducationnels s’adaptent et beaucoup réussissent à se reprendre. 

Certains lecteurs risquent de se demander à ce moment-ci pourquoi une reprise linguistique ne serait-elle pas similairement possible avec de gros ajustements sur les mauvaises habitudes de malbouffe linguistique et de manque flagrant d’exercice: «What you don’t use, you lose», qu’y disent.

Peut-être faudrait-il alors commencer à porter le regard vers la «refrancisation», les nouvelles «diètes» et les régimes d’exercice possibles, malgré tous ceux qui contribuent à maintenir le statuquo de la mascarade.

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