Réflexions élégantes d’un humble universitaire

Des textes sur des sujets plutôt hétéroclites: Point final ?

Jules Tessier, Point final ? carnet, Montréal, Éditions Fides, 2019, 312 pages, 26,95 $.
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Publié 25/08/2019 par Paul-François Sylvestre

Ancien professeur à l’Université d’Ottawa, Jules Tessier est un fin observateur de notre société. Ses réflexions font l’objet de carnets publiés aux Éditions Fides. Le cinquième s’intitule Point final ?

Il renferme des textes sur des sujets plutôt hétéroclites allant du marché Jean-Talon de Montréal à la double vie des médecins-écrivains, en passant par les mairesses et les jours de la semaine.

Les premières mairesses

Dans le chapitre sur les mairesses, Jules Tessier rappelle d’abord que le terme s’est longtemps appliqué à désigner l’épouse du maire. Aujourd’hui on parle régulièrement de la mairesse Valérie Plante (Montréal), comme jadis de la mairesse Andrée Boucher (Québec).

On croit avec erreur que la première femme élue maire au Canada fut Charlotte Whitton, à Ottawa en 1951. Tessier corrige en indiquant que le titre revient plutôt à Barbara Hanley, dans le nord de l’Ontario, à Webbwood en 1936.

Au Québec, c’est une anglophone qui détient ce titre, soit Elsie Gibbons qui fut élue à la tête de la petite municipalité de Portage-du-Fort, dans le comté de Pontiac, le 13 mai 1953. Tessier souligne que les mairesses de cette province sont beaucoup plus scolarisées que leurs homologues masculins.

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À chaque jour son style

Un texte décrit comment le style de vie a désormais changé les jours de la semaine. Le dimanche n’a plus grand-chose en commun avec les dimanches d’autrefois. L’expression «Y a du monde à messe» ne s’entend plus qu’au sens figuré.

Jadis, le lundi était le jour de la lessive et les cordes à linge se remplissaient. Cette corvée a été transférée au dimanche. «et c’est ainsi que, de nos jours, on s’endimanche… le lundi!»

Le mardi n’a pas subi de changement notable, toujours aussi «drabe», sauf une fois par année: le mardi gras.

Paraît que le mercredi était jadis une journée consacrée à saint Joseph. «Maurice Duplessis tenait invariablement ses élections un mercredi, afin de les mettre sous le patronage de saint Joseph, dans tous les sens du mot, considérant les mœurs politiques de l’époque…»

Le jeudi demeure toujours un jour auréolé du prestigieux titre de «jour de la paye».

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Le vendredi a vu sa réputation changer radicalement. Longtemps associé à l’abstinence de viande dans le milieu catholique, ce jour voyait le poisson trôner au menu (ce qui est encore le cas dans plusieurs restaurants qui offrent fish & chips le vendredi). Mais l’expression «Dieu merci, c’est vendredi!» donne un nouveau sens à ce jour de la semaine.

Le samedi est le jour de congé préféré de tous. Il occupe une place différente des autres jours dans la comptine «L’empereur, sa femme et le petit prince», puisqu’ils décident ce jour-là de ne plus revenir.

Médecins et écrivains

Un des carnets les plus intéressants passe en revue la double vie des ces hommes bi qui furent et médecins et écrivains.

En tête de liste on trouve le docteur Philippe Panneton (1895-1960) qui signa Trente arpents sous le pseudonyme Ringuet, le nom de sa mère.

Bertrand Vac (1914-2010, de son vrai nom Dr Aimé Pelletier, est connu pour ses histoires galantes et voluptueuses.

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Jacques Ferron a déjà dit «Le médecin sera mon mécène. J’entends faire de la littérature.»

Plus près de nous, il y a Jean Désy, Alain Vadeboncœur et Philippe More, des écrivains et soignants qui s’intéressent au corps, mais aussi à l’âme.

Hommages aux francophonies

Comme Jules Tessier est un ancien directeur de la revue Francophonies d’Amérique, il n’est pas surprenant de le voir signé un texte qui rend hommage à Antonine Maillet pour l’Acadie, Séraphin Marion pour l’Ontario, Annette Saint-Pierre pour l’Ouest canadien et Claire Quintal pour la Franco-Américanie.

Ces personnes ont toutes «contribué à maintenir vivante, à pérenniser avec quelque contenu la belle appellation d’Amérique française».

Elizabeth Simcoe maîtrisait bien le français

Je signale, en terminant, qu’un article souligne comment Elizabeth Simcoe, épouse du premier lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, était une femme qui maîtrisait bien le français et avait ainsi un accès privilégié à la population de la ville de Québec, où elle a séjourné entre le 11 novembre 1791 et le 8 juin 1792.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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