Réchauffement: l’Afrique en première ligne

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Publié 22/05/2007 par Brandon Reed (The Associated Press)

JOHANNESBURG – Assèchement du lac Tchad, disparition des glaces du Kilimandjaro, famines… L’Afrique, pourtant le continent émettant de loin le moins de gaz à effet de serre, devrait être une des régions du monde les plus affectées par le réchauffement.

Le Groupe d’experts international sur le climat (GIEC), qui a publié depuis le début de l’année trois rapports sur le réchauffement de la planète, envisage plusieurs scénarios pour le continent noir, déjà frappé par l’insécurité alimentaire, le manque d’eau, les maladies infectieuses, la guerre et la pauvreté.

«Il y a toute une série d’indicateurs qui montrent que l’Afrique sera sans doute l’une des régions les plus touchées par le changement climatique», explique Coleen Vogel, principale auteure d’une synthèse du GIEC sur l’Afrique publiée ce mois-ci.

Selon les prévisions des experts, d’ici 2050, les régions nord/nord-ouest et sud/sud-ouest pourraient être plus sèches et celles de l’est et du centre plus humides. «Il faut prendre cela avec beaucoup de précaution», souligne Mme Vogel. «Mais ce sont les grandes tendances.»

Les plus gros risques liés au changement climatique en Afrique sont la hausse du niveau de la mer, les sécheresses, la famine, les inondations, la propagation de maladies, l’extinction d’espèces, la recrudescence des conflits et des conditions climatiques plus extrêmes.

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«La hausse des températures (surtout si elle va jusqu’à six degrés Celsius) provoquera un bouleversement écologique majeur, de grands changements pour l’accès à l’eau et des effets probablement dévastateurs sur l’agriculture», souligne Peter Glieck, de l’Institut Pacifique à Oakland (Californie).

De nombreuses espèces de plantes et d’animaux pourraient s’éteindre et d’autres migrer dans la mesure de leur capacité vers des zones moins chaudes sur le continent. Le niveau de la mer pourrait grimper d’un mètre dans le monde d’ici la fin du siècle et trois des cinq régions côtières les plus exposées au risque d’inondation se trouvent en Afrique, selon les experts.

En outre, à mesure que la sécheresse gagne du terrain, les conflits humains pourraient augmenter sur fond de diminution probable des ressources naturelles. «Nous voyons déjà des conflits croissants liés aux ressources en eau en Afrique et je crains qu’ils ne s’aggravent à l’avenir», souligne M. Glieck. «Une des données de la situation au Darfour est l’eau.»

Un afflux de réfugiés climatiques pourrait par ailleurs poser des problèmes alors que l’Afrique compte déjà de nombreux réfugiés. Des catastrophes imprévisibles comme les marées de tempête, les inondations éclairs et les cyclones tropicaux pourraient également constituer de graves menaces pour le continent.

Pour l’essentiel, les responsables du réchauffement ne sont pas les Africains, mais les pays industrialisés. «Le Nord a l’obligation morale de réduire l’ampleur du réchauffement de la planète par des mesures appropriées», affirme Kathleen Miller, qui a contribué au rapport du GIEC. «Les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre (GES) se trouvent hors d’Afrique et ils devront supporter les coûts les plus grands de la réduction des émissions», ajoute M. Glieck.

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Parce que les concentrations de GES dans l’atmosphère sont déjà élevées, les mesures prises aujourd’hui pour les freiner ne produiront pas d’effet avant 2050, estiment les scientifiques. «Nous devons commencer maintenant pour récolter les bénéfices durant la seconde moitié du siècle», souligne le Dr Bruce Hewitson, qui a contribué au rapport du GIEC.

De leur côté, les Africains peuvent apporter leur pierre à l’édifice en développant les énergies solaire et hydroélectrique, en protégeant les forêts et en prenant d’autres mesures pour s’adapter et atténuer les effets du réchauffement.

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