Rafah réunifiée par la crise

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Publié 29/01/2008 par Ibrahim Barzak et Omar Sinan (The Associated Press)

La ville de Rafah, divisée par 26 ans d’histoire, s’est retrouvée provisoirement réunifiée cette semaine à la faveur de la brèche ouverte par des militants du Hamas dans le mur séparant la Bande de Gaza de l’Égypte. Depuis mercredi, des familles, des amis de longue date ont pu se retrouver en franchissant seulement quelques dizaines de mètres.

Un clan palestinien a même profité de la situation pour marier rapidement trois femmes à des proches vivant du côté égyptien de la ville.

Mais près de trois décennies de séparation ont aussi entraîné des différences dans les coutumes, les modèles de construction des bâtiments et le dialecte.

Kamal al-Nahal, 40 ans, l’oncle d’une des mariées palestinienne, a affirmé qu’il n’était pas impressionné par l’architecture de Rafah côté égyptien, qui avec ses petits immeubles et ses rues non pavées ressemble plus à un village que le Rafah côté Bande de Gaza, plus grand et très animé. Quelque 40 000 personnes vivent du côté égyptien et environ 200 000 du côté de la Bande de Gaza, dans la vieille ville de Rafah et dans un camp de réfugiés adjacent.

Rafah a été divisée en deux en 1982 pour satisfaire les différentes demandes territoriales dans le cadre de l’accord de paix entre Israël et l’Egypte. Pendant plusieurs années, les habitants des deux parties ont pu franchir la frontière entre l’Egypte et la Bande de Gaza, dont l’armée israélienne s’est retirée en 2005, avec une relative facilité.

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Mais les déplacements sont devenus de plus en plus difficiles au fur et à mesure que les combats s’intensifiaient. Pendant la deuxième Intifada, qui a commencé en 2000, Rafah, du côté de Gaza, est devenue le théâtre de violences, avec de fréquents échanges de feu entre militants palestiniens et les troupes israéliennes patrouillant à la frontière égyptienne. Les troupes israéliennes ont rasé plusieurs centaines de maisons de Rafah pour élargir la route où elles patrouillent et elles ont érigé un grand mur – celui qui a été démoli par des militants du Hamas mercredi – pour se prémunir des embuscades. Les deux parties de Rafah sont toutefois restées liées par des tunnels où passent en contrebande des cigarettes et des armes.

Depuis la chute du mur, une grande partie de ce commerce se fait au grand jour. Des foules de Gazaouis, fuyant l’étroite bande côtière et le blocus imposé par Israël en représailles aux tirs de roquettes palestiniennes, se sont rendues dans la partie égyptienne de Rafah, achetant de nombreux produits: alimentation, ciment, vélomoteurs…

Beaucoup ont aussi retrouvé des amis et des proches. Le clan al-Nahal, qui compte des membres des deux côtés de la frontière, a profité de l’occasion pour célébrer trois mariages, dont deux vendredi. Trois femmes du clan palestinien étaient fiancées à des hommes vivant du côté égyptien, certaines depuis deux ans, mais les mariages avaient été remis à plus tard dans l’espoir de pouvoir réunir des invités des deux côtés de la frontière. C’est désormais chose faite.

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