Racisme: un point de non-retour?

Des rassemblements contre le racisme ont eu lieu partout à travers le pays. Photo: Sébastien Dorélas
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Publié 17/06/2020 par Sandra Dorélas

On l’a tous vu cette vidéo qui nous montre un homme noir asphyxié sous la pression du genou d’un policier blanc sur son cou aux États-Unis, et ce devant des passants. Des images qui ont de quoi donner froid dans le dos.

Les derniers mots qu’a répétés George Floyd avant de mourir, «je ne peux pas respirer», «je ne peux pas respirer», ont mis le feu aux poudres et ont ravivé le ras-le-bol collectif de la communauté noire partout sur la planète.

Ces événements ont d’ailleurs fait resurgir au grand jour nos propres problèmes raciaux ici au Canada. Des maux que la majorité a longuement ignorés, mais que plusieurs minorités au pays – particulièrement le peuple noir – vivaient depuis déjà des décennies.

Les Noirs à Toronto sont 20 fois plus susceptibles que les Blancs d’être abattus par la police, alors qu’elles constituent seulement 9% de la population. C’est ce que nous apprend un rapport de 2018 de la Commission ontarienne des droits de la personne.

Une jeune femme tient une pancarte lors d’une manifestation contre le racisme à Toronto. Photo: Sébastien Dorélas

Le silence qui tue

On sait aujourd’hui pour la plupart ce qu’est la discrimination et les effets néfastes qu’elle peut avoir. Les individus ainsi que les entreprises sont plus que jamais sensibilisés à la diversité et à la différence.

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Le souci est entre autres le statu quo maintenu jusqu’ici consciemment ou inconsciemment par une trop grande partie de la population devant les nombreuses inégalités dans notre structure sociale, politique et judiciaire envers les Noirs.

C’est ce manque de voix face à l’injustice du système qui tue et qui a enlevé la vie à plusieurs dont Raymond Lawrence, D’Andre Campbell, Caleb Tubila Njoko et Regis Korchinski-Paquet toutes des personnes racisées décédées lors d’interventions policières en Ontario.

Victimes du système

En 1992, Raymond Lawrence un jeune homme noir est tué par la police dans une ruelle de Toronto. Deux jours après son décès et en solidarité avec les émeutes qui ont suivi la mort de Rodney King à Los Angeles, des centaines de manifestants se sont rassemblés sur la rue Yonge pour dénoncer le racisme et la brutalité policière.

D’Andre Campbell, 26 ans, a été abattu à Brampton le 6 avril après avoir lui-même appelé la police régionale de Peel pour obtenir de l’aide. Peu de temps après être entrés dans le domicile, les agents ont rencontré D’Andre. Au milieu d’une altercation, deux policiers ont utilisé des pistolets Taser, puis un des agents a déchargé son arme à plusieurs reprises sur le jeune homme.

Le 8 mai, Caleb Tubila Njoko, un jeune Franco-Ontarien de London, a rendu l’âme trois jours après être tombé du balcon de chez sa mère. Cette dernière avait appelé la police lorsqu’elle craignait que le comportement de son fils ne devienne plus instable. Caleb avait subi des blessures lors d’une arrestation la semaine précédant son décès.

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Et que dire de Regis Korchinski-Paquet? Plusieurs questions subsistent encore dans l’affaire de cette femme noire de 29 ans décédée en la présence de policiers le 27 mai à la suite d’une chute du 24e étage de son appartement du quartier High Park.

Regis Korchinski-Paquet. Photo tirée de Facebook

Un point de non-retour?

Les évènements des derniers jours ont permis de mettre en lumière leurs histoires qui, dans d’autres circonstances, seraient probablement passées inaperçues.

Les rassemblements partout à travers le pays de Vancouver à Toronto, en passant par Montréal et même Val-d’Or, démontrent la solidarité de la part de la population canadienne face à l’iniquité envers les Noirs. Elles donnent aussi une voix à tous ceux et celles qui ont perdu leur vie en raison de la couleur de leur peau.

Elles permettent enfin d’espérer que cette fois, peut-être, un réel changement est possible.

Auteur

  • Sandra Dorélas

    Sandra Dorelas est née et a grandi à Montréal. Son sens de l'aventure l'a amené à Toronto où elle y oeuvre comme artiste. Son but dans la vie est d'interpréter et d'écrire des textes qui inspirent.

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