Qui fait peur à qui?

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Publié 22/06/2010 par Jean-Luc Bonspiel

«S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre;
vous êtes bon apôtre, Monsieur le président.»
− Boris Vian, Le déserteur.

Les gens qui ont fait ériger le mur de Berlin nous assuraient alors agir dans l’intérêt des gens de leur côté des miradors, les protégeant ainsi des méchants prédateurs capitalistes, fourbes et sans moralité. Bien que nous ayons éventuellement appris qu’ils n’avaient pas tout à fait tort, nous avons néanmoins tout de suite compris que George Orwell avait tout fait sauf vivre en vain, et que l’adoption du Newspeak par l’élite est l’un des événements marquants de la fin du siècle dernier. Un excellent exemple est l’assurance-emploi; on peut s’assurer contre le feu et le vol, mais désirons-nous vraiment être protégés contre l’éventualité d’un travail rémunéré?

Sont-ils si dangereux?

Si nous vivons désormais dans le miroir, il est permis de croire que les barricades et les zones militarisées au service du théâtre politique sont là pour nous protéger des dangereux intervenants à l’intérieur des périmètres de sécurité.

Ce sont en effet ces mêmes décideurs qui ont donné aux gangsters de la finance des milliards pour remplacer ceux volés par ces derniers dans le plus grand transfert illégal de richesse dans l’histoire de l’humanité. Incroyable que la mort quotidienne par famine de milliers de personnes ne nous inspire jamais une telle mobilisation de ressources.

Coupables au sens strict

Plusieurs gouvernements sous les bannières G sont coupables de crimes de guerre au sens des Conventions de Genève pour leur invasion illégale de l’Afghanistan à des fins de pillage économique. La plupart de ces régimes ne servent pas les besoins de la majorité de leurs citoyens et sont prioritairement au service des intérêts d’un petit nombre de possédants.

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Des marionnettes éclatantes 
de propreté

Le système pharaonique canadien encourage un régime ressemblant plutôt à la cour de Versailles qu’à une démocratie progressiste. Le premier ministre canadien a des pouvoirs plus vastes que Jules César n’en avait au temps de sa dictature.

Il nomme le chef de l’État, dirige l’exécutif, détermine le calendrier législatif, nomme les sénateurs, les magistrats supérieurs, et les ayant-droit à tout un tas de postes de patronage d’une mare à l’autre.

Mais nos dirigeants ne sont que les visages de la corporatocratie régnante et au mieux des paratonnerres pour nos colères. Il ne faut surtout pas croire que les individus qu’on nous propose comme entités-dirigeantes sont les véritables possesseurs du pouvoir.

Ceux-là, vous ne les verrez jamais, ils vivent dans un monde que vous ne pouvez même pas soupçonner. Les plus puissants ont toujours cherché à maintenir une élite d’apparat comme appui pour leur autorité et ont cherché à leur réserver un statut privilégié pour souligner la légitimité de leur onction.

Le peu de pouvoir qui nous reste

Pour maintenir un certain poids dans la balance des affaires publiques, nous devons exiger une certaine pureté de nos élites comme prix de leur prédominance.

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C’est un des rares terrains sur lesquels ils démontrent encore une certaine pudeur.

Un Romain annonçait autrefois sa candidature à un poste élu en portant la toge blanche, en signe de pureté. Si nos notables ne sont effectivement que des mitaines au service de pouvoirs économiques occultes, alors que ces célébrants se tapant les rituels au nom des vrais possédants nous montrent patte blanche.

Exigeons qu’ils soient des modèles exemplaires, comme le veut la personne publique que nous incarnons périodiquement.

Le retour du Bonhomme Sept-heures

L’État repose sur la justification du monopole de l’usage de la force et de la violence, comme l’écrivait si succinctement Max Weber. Pas nécessaire d’engager une voyante pour faire apparaître le fantôme d’Émile Durkheim pour comprendre ça.

Nous assistons à la montée d’un avatar de l’État policier d’une arrogance prévisible, aspirant le trésor public au profit des siens en semant terreur et confusion. La tactique n’est pas nouvelle. Depuis une décennie, on me fouille, on me recommande de craindre mon prochain, voire de le dénoncer à la police.

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À date, en Canada, de toute la durée du troisième millénaire, ce n’est qu’aux mains du régime légalement en place que j’ai perdu des libertés chèrement acquises par le sang de nos ancêtres.

La solution

La servitude est un état volontaire et tout changerait du jour au lendemain si nous refusions de jouer le jeu. Plutôt que de se livrer à leurs ennemis, de nombreux Romains ont préféré se suicider, considérant cette option comme la plus désirable.

La peur est une motivation puissante et plus elle est de nature nébuleuse, plus nous pouvons lui donner les traits de nos pires craintes personnelles. Les gouvernements n’engagent pas des spécialistes es sciences du ciboulot juste pour se confesser.

Ce n’est pas le soldat d’en face qu’il faut blâmer pour la mort des nôtres; il ne fait que se défendre.

C’est ceux qui envoient nos soldats se battre au-delà de nos frontières qui sont responsables de leurs morts. Il y a des siècles que les dirigeants politiques n’ont pas mené des troupes en bataille.

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Il faut donc instituer des tests de dépistage de drogue auprès de nos élus, nos magistrats, de tous les officiers de la cour. C’est le moins qu’ils puissent faire pour maintenir notre consentement à leur illusion de pouvoir.

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