Quête de groupe dans le centre-ville souterrain

Une goutte d’eau dans la mer de la pauvreté

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Publié 18/12/2007 par Aline Noguès

En pleine période des fêtes, la Coalition ontarienne contre la pauvreté (plus connue sous l’acronyme anglais OCAP) a mené une nouvelle action coup de poing la semaine passée: réunir des sans-abri et des membres de l’association, le temps d’une grande quête commune dans les couloirs du «path», le centre-ville souterrain de Toronto.

Mais en ce frais matin de décembre, les journalistes et policiers semblent plus nombreux que les mendiants. Ce qui n’a pas empêché Gaetan Héroux, membre d’OCAP, de clamer les récriminations de son organisme envers la Ville et les gouvernements, canadien et ontarien.

«Depuis une dizaine d’années, la seule politique de gestion des sans-abri est une politique de répression. C’est cruel et inhumain!» Pour appuyer son propos, il brandit une liasse de contraventions données par les policiers à des mendiants. «En voici deux de 125 dollars chacune, pour une personne dont le seul crime était d’être couchée sur le trottoir!»

Gaetan Héroux a également dénoncé la fermeture d’auberges: «L’été dernier, la ville a fermé 16 auberges, 300 lits. Ce qu’on a enlevé là, c’est un toit et des repas à de nombreux sans-abri. Et cela a créé une telle surpopulation que les conditions de vie sont devenues encore plus difficiles dans les autres auberges.»

Au-delà de la gestion au jour le jour de ces sans domicile, l’OPAC demande une augmentation des logements sociaux dans la ville, afin de favoriser l’accès au logement pour les plus défavorisés. Elle souhaite aussi une revalorisation de l’assistance sociale à hauteur de 40% car, comme le rappelle Gaetan Héroux, «il est impossible de survivre avec les aides sociales actuelles».

Descendu en grand fracas dans les couloirs souterrains de boutiques et de restaurants, le groupe s’est adressé aux passants pour leur expliquer les difficiles conditions de vie des gens des rues.

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Pour Joannah Adamiak, militante de l’OCAP, cette sensibilisation est nécessaire: «Je crois qu’il y a des gens qui ne savent pas qu’il existe un grand problème de sans domicile à Toronto. Alors, peut-être qu’un jour ces gens feront pression sur la Ville et aussi changeront leur attitude envers les mendiants qu’ils voient dans la rue. Et cela, c’est déjà important. Bien sûr, cela ne fera pas changer les lois subitement et personne n’ouvrira de nouveaux lits demain matin mais au moins davantage de personnes sauront ce qui se passe.»

Par son action, c’est aussi la Ville que la Coalition vise, comme l’explique Gaetan Héroux: «La Ville a une responsabilité par rapport aux pauvres qui vivent ici et qu’elle a abandonnés. On veut que David Miller prenne ce problème en main et demande à la police de cesser les contraventions. Mais au-delà, c’est également à M. McGuinty de changer les politiques choisies en 1995! Hélas, lorsque l’on contacte ces hommes politiques, on reçoit toujours la même réponse: “tout va bien!”»

L’OCAP est souvent considérée comme un organisme quelque peu extrême dans ses campagnes médiatiques, mais pour Joannah Adamiak, il serait trompeur de réduire la Coalition à cette image-là: «Oui, on mène des actions qui semblent parfois extrêmes mais nous faisons également tout un travail que le public ne voit pas: on écrit des lettres, on travaille avec les sans-abri, on travaille de concert avec des avocats… autant d’actions qui sont moins médiatisées. On ne voit de nous que ce qui est visible.»

Quoi qu’il en soit, alors que le Premier ministre McGuinty a placé son nouveau mandat sous le signe de la lutte contre la pauvreté, la manifestation de l’OCAP aura eu le mérite de montrer qu’il y a encore fort à faire…

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