Le projet d’un Québec indépendant est arrivé dans une impasse

Victime de son succès

livre
Simon Langlois, Refondations nationales au Canada et au Québec, essai, Éditions du Septentrion, 2018, 310 pages, 29,95 $.
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Publié 24/10/2018 par Paul-François Sylvestre

Au moment où le Parti Québécois a subi une cuisante défaite lors du scrutin provincial, le sociologue Simon Langlois, de l’Université Laval, réunit une quinzaine d’essais sur les Refondations nationales au Canada et au Québec. Il montre comment le projet d’un Québec indépendant est arrivé dans une impasse.

Le Canada français n’existe plus depuis les États généraux de 1967-1969. Depuis bientôt cinquante ans, il est question des Québécois, des Acadiens, des Franco-Ontariens, des Franco-Manitobains, etc.

Aucun levier économique

L’auteur fait néanmoins référence à plusieurs reprises au «Canada français hors Québec et hors Acadie». Selon lui, le cas franco-ontarien diffère de l’Acadie, car la communauté francophone en Ontario «ne contrôle aucun levier économique d’importance».

Il cite l’historien torontois Marcel Martel pour indiquer que le Canada français est devenu «orphelin de sa nation» dans un Canada qui se comporte désormais comme un État multinational.

Le Québec est présenté comme une nation où une majorité partage une même origine et une même histoire. Or, si cette nation reste un important lieu d’identification, «elle devra relever le défi de concilier des attentes diverses».

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Nœud gordien québécois

L’auteur n’hésite pas à écrire que «les Québécois sont coincés entre leur désir d’un finir avec le nœud gordien de leur situation dans le Canada et la crainte de plonger dans l’inconnu». Au moment de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (ou Commission Laurendeau-Dunton), la langue anglaise au Québec était perçue comme une menace.

Maintenant, l’anglais au Québec demeure simplement une langue fonctionnelle. Résultat: «l’indépendance nationale ne serait plus considérée comme étant aussi nécessaire qu’auparavant alors que persistaient plusieurs griefs propres aux francophones».

Cazelais rappelle avec à-propos que le Québec figurait déjà comme «société distincte» dans le rapport préliminaire de la commission Laurendeau-Dunton en 1965. «Mais on sait que Pierre Elliott Trudeau a opposé une fin de non-recevoir à un tel statut particulier rêvé par les fédéralistes québécois.»

Le Québec victime de son succès

Reste que la société québécoise s’est imposée avec succès comme société francophone au sein du Canada. Ironie du sort, c’est ce succès qui a plongé le projet d’indépendance nationale dans une impasse.

«Le développement social et économique du Québec a enlevé au mouvement souverainiste un important levier de mobilisation collective, au point où le ressentiment lié aux griefs et aux revendications d’autrefois est pratiquement disparu.»

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Refondations nationales au Canada et au Québec a le mérite de présenter tous les repères chronologiques des principaux événements qui ont eu une incidence sur les questions nationales et identitaires au Canada et au Québec entre 1867 et 2017.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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