Québec: «Nous sommes de retour dans le giron de la francophonie canadienne»

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Publié 14/11/2006 par Magdaline Boutros

Le gouvernement québécois est passé de la parole aux actes la semaine dernière. Au Salon rouge de l’Assemblée nationale à Québec, Jean Charest et Benoît Pelletier, ont dévoilé mardi dernier la nouvelle politique du Québec en matière de francophonie canadienne, intitulée «L’avenir en français».

«Nous sommes de retour dans le giron de la francophonie canadienne», a résumé avec fierté le ministre Benoît Pelletier.
De manière concrète, dix initiatives ont été adoptées et agiront «comme un véritable plan d’action qui sera revu annuellement et bonifié au besoin.» Ces initiatives sont:

1. Assurer la présence des communautés francophones et acadiennes aux activités soulignant le 400e anniversaire de la ville de Québec.

2. Tenir un Forum sur les arts et la culture.

3. Appuyer la diffusion au Québec des auteurs et de la littérature des communautés francophones canadiennes.

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4. Encourager la diffusion accrue du cinéma francophone et québécois au Canada.

5. Amorcer une collaboration entre Bibliothèque et Archives nationales du Québec et les diverses bibliothèques de la francophonie canadienne.

6. Créer de nouvelles bourses de la francophonie canadienne.

7. Développer des réseaux de chercheurs sur la francophonie canadienne.

8. Déployer l’espace économique francophone.

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9. Promouvoir l’expertise québécoise en entrepreneuriat.

10. Étendre l’offre de services de santé en français.

«Sans être exclusives, ces actions sont d’une grande importance puisqu’elles confèrent à la Politique une dimension pratique immédiate. Avec le temps, je suis persuadé que d’autres initiatives pourront s’ajouter à ce premier corpus d’action», a ajouté Benoît Pelletier.

La nouvelle politique québécoise est accompagnée d’un budget de 5,1 millions $ pour l’exercice financier 2006-2007. «C’est quand même un bon montant pour un gouvernement qui agit à l’extérieur de ses frontières», soutient en entrevue le ministre. «Nous finançons par exemple des projets en Ontario… même si l’Ontario est plus riche que le Québec!»

À ce montant s’ajoutera notamment le budget qui sera alloué au Centre de la francophonie en Amérique qui aura pignon sur rue à Québec. Une annonce particulière devrait être faite sous peu. «Ce sera un lieu de rencontre et de réflexion sur le thème de la francophonie dans les Amériques, explique déjà le ministre Pelletier. Nous voulons aussi qu’il y ait une programmation qui se déplace, qui soit itinérante, que le centre puisse étendre ses tentacules pour pouvoir aller rejoindre les francophones là où ils se trouvent.»

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Une politique de concertation

C’est dès 2004, lors du Forum de la Francophonie, que la Politique québécoise en matière de francophonie avait doucement commencé à prendre forme. En entrevue à L’Express la semaine dernière, le ministre Pelletier insistait sur l’approche partenariale et égalitaire que le gouvernement du Québec a adoptée pour développer sa nouvelle politique. «Nous avons élaboré la politique en concertation avec tous les francophones du Canada.»

Une garantie pour éviter toute dérive vers une attitude paternaliste, croit-il. «Dans la politique, on s’est doté de quatre mécanismes de concertation. Nous avons mis en place le comité jeunesse, les comités régionaux, le comité pancanadien et nous avons prévu la tenue tous les trois ans du forum de la francophonie. Avec une approche qui mise autant sur la concertation, c’est sûr qu’on va développer un bon partenariat.»

La cérémonie entourant le dévoilement de la politique avait justement des airs de grand-messe de la francophonie canadienne. Le gouvernement du Québec avait résolument décidé de faire les choses en grand. En plus de la présence du Premier ministre de la province et du ministre Pelletier, plus de 450 cartons d’invitation avaient été envoyés d’un bout à l’autre du pays pour convier les acteurs clés de la francophonie, symbole de l’approche de concertation privilégiée par le gouvernement.

Les bons mots affluaient de toutes parts pour souligner ce nouveau regain d’énergie en faveur de la francophonie canadienne. «Cette politique démontre une ouverture bienvenue de la part du Québec. Avec cette annonce, le Québec assume un leadership qui se veut rassembleur et solidaire», a déclaré Mariette Carrier-Fraser, présidente de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).

«Que ce soient les journées de la Culture, les journées thématiques consacrées au Livre, la journée de la Francophonie canadienne au Québec ou, dans le milieu théâtral, la mise en place de futures collaborations entre dramaturges et comédiens, on donne ici une impulsion additionnelle à la portée de certaines initiatives, ceci va nous permettre d’accroître notre présence.

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On le sait, une visibilité artistique et culturelle franco-canadienne accrue au Québec est un outil stratégique et essentiel», a commenté pour sa part René Cormier, président de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF).

Une action québécoise

Le cabinet de la ministre de la Francophonie canadienne Josée Verner n’a pas été consulté lors de l’élaboration de la politique. Un point d’honneur pour le ministre Pelletier: «C’est une initiative québécoise et une réalisation québécoise.» Il ajoute toutefois que par cette politique «nous offrons notre collaboration au gouvernement du Canada pour que nous travaillions au renforcement de la francophonie et de la langue française.»

Du côté d’Ottawa, cette implication de Québec dans ses plates-bandes semble avoir été perçue d’un bon oeil. Quelques fonctionnaires fédéraux étaient notamment présents lors du dévoilement de la politique.

Élargissement des domaines d’actions

Comme dans sa précédente version, la politique québécoise cible des secteurs prioritaires où actions et fonds seront concentrés. En plus de la culture et des communications, de l’éducation, du développement économique et de la santé qui étaient déjà présents dans la dernière politique, s’ajoutent des nouveaux secteurs: la petite enfance, la jeunesse, l’immigration, la justice, le développement durable et les technologies de l’information.

«Ce sont des domaines où il est essentiel d’accroître les services en langue française pour assurer l’avenir du fait francophone au Canada», a souligné le ministre Pelletier.

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Mais au-delà de la promotion du français de part et d’autres des frontières québécoises, les impacts de la nouvelle politique devraient se faire sentir au coeur même de la Belle Province. Une journée québécoise de la francophonie canadienne sera instaurée, des projets permettant un rayonnement des communautés francophones lors des célébrations du 400e anniversaire de Québec sont en cours d’élaboration et des activités de promotion de la culture franco-canadienne devraient permettre de sensibiliser les Québécois à une réalité qui leur est, depuis quelques décennies, bien étrangère.

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