Québec: Legault propose une loi omnibus sur l’intégrité de la vie publique

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 31/07/2012 par Lia Lévesque (La Presse Canadienne)

à 08h57 HAE, le 2 août 2012.

QUÉBEC – Un peu comme l’avait fait Stephen Harper il y a plus de six ans au fédéral, François Legault a dévoilé jeudi un train de mesures visant à mettre fin à la «corruption» et au «gaspillage» dans l’appareil gouvernemental.

Lors d’un point de presse tenu devant le palais de justice de Québec, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a annoncé que le premier geste d’un gouvernement qu’il dirigerait serait de déposer un projet de loi omnibus «sur l’intégrité de la vie publique».

Le texte obligerait le gouvernement à rendre public tout dépassement de coûts dans l’octroi des contrats publics, étendrait les pouvoirs du vérificateur général à toutes les sociétés d’État, créerait le poste de directeur parlementaire du budget, inspiré de ceux qui existent à Washington et à Ottawa et resserrerait les règles sur le lobbyisme, entre autres.

La veille, le chef de la CAQ avait attaqué durement le bilan économique de Jean Charest, qui a fait de l’économie le thème principal de la campagne du Parti libéral du Québec (PLQ).

Publicité

François Legault a tiré à boulets rouges sur le premier ministre sortant, qui dirige selon lui un gouvernement dont les marques de commerce sont la «corruption» et le «copinage». Un gouvernement qui, selon le chef caquiste, a essentiellement déclenché ces élections générales estivales pour «sauver sa peau» et non pour faire progresser le Québec.

Le parti de l’économie

Lors de son premier discours de la campagne, il a fait valoir qu’il n’y avait «aucune raison valable pour que le Québec ne réussisse pas» sur le plan économique puisqu’il a tout pour le faire. Il a présenté la CAQ comme «le parti de l’économie».

Entouré de son équipe de députés des circonscriptions de Chaudière-Appalaches et de la région de la Capitale-Nationale, M. Legault a énuméré des promesses électorales de la CAQ, notamment celles d’adopter une loi prévoyant la tenue d’élections à date fixe et de faire «le grand ménage dans le financement des partis politiques».

Le Parti québécois a été généralement épargné par François Legault, qui s’est contenté de mentionner que la seule priorité des troupes de Pauline Marois demeurait la tenue d’un référendum sur la souveraineté.

Le chef caquiste a par ailleurs déclaré lors de son allocution que Jean Charest avait refusé de participer aux «assemblées citoyennes» qu’il avait proposées. Ce type de rassemblement permet aux électeurs de poser des questions directement aux chefs de parti.

Publicité

Selon le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), ces assemblées, l’une à Québec et l’autre à Montréal, permettraient au public d’en apprendre plus sur les intentions des chefs que le traditionnel débat télévisé tenu à mi-campagne.

En entrevue sur les ondes de la station CHOI Radio X de Québec, mercredi matin, M. Legault avait dit souhaiter que ses principaux adversaires, Jean Charest du Parti libéral et Pauline Marois du Parti québécois, répondent dès mercredi à sa proposition.

Crise étudiante

Pour tenter de dénouer l’impasse avec les étudiants et assurer «une rentrée paisible», le chef de la CAQ, François Legault, propose de hausser les droits de scolarité de 200 $ par année plutot que 254 $ et de reporter la hausse au mois de janvier.

Il demande en retour aux étudiants de rentrer calmement en classe à la mi-août et de laisser les Québécois trancher la question lors des élections générales.

Du même souffle, il demande au gouvernement de Jean Charest de suspendre les articles controversés de la loi spéciale qui encadrent les manifestations afin d’apaiser les tensions.

Publicité

Sa proposition n’a toutefois pas enchanté l’une des principales organisations étudiantes, la FECQ (Fédération étudiante collégiale). Sa présidente, Éliane Laberge, la trouve «insuffisante».

Le chef de la Coalition avenir Québec avait rencontré la presse, lundi, sur le terrain de l’Université de Montréal, aux côtés de huit de ses candidats provenant du milieu de l’enseignement. Il en avait profité pour lancer un appel au compromis à toutes les parties, afin d’assurer, dit-il, une rentrée scolaire paisible, même si celle-ci sera sérieusement comprimée dans le temps et bousculera tant les étudiants qui passent du secondaire au cégep, que ceux du collégial et de l’université.

Entre autres, il suggère de hausser les droits de scolarité de 200 $ par année pendant cinq ans. Et d’ici à ce que la première hausse entre en vigueur, en janvier 2013, il propose d’accorder les fonds nécessaires aux universités par le biais des crédits d’impôt, ces crédits qui faisaient justement l’objet des dernières négociations entre le gouvernement Charest et les associations étudiantes.

«La population nous dit ‘oui à la hausse des frais de scolarité, mais pas de 75 pour cent’. On pense que de demander une hausse de 200 $ par année — ça, ça veut dire 100 $ d’augmentation par session — c’est raisonnable. Avec l’abolition des crédits d’impôt, ça nous permet de donner le même financement aux universités; ça nous permet d’offrir une porte de sortie aux deux parties», a résumé M. Legault.

Mais Éliane Laberge, de la FECQ, ne voit pas grand progrès dans cette position.« Pour nous, ce n’est pas beaucoup mieux que les propositions qu’a faites le gouvernement libéral. Il joue avec les mêmes paramètres que le gouvernement de Jean Charest», critique la dirigeante éudiante.

Publicité

«En un sens, 200$ de hausse, ça reste une hausse des frais de scolarité qui va non seulement nuire à l’accessibilité aux études, mais qui va augmenter l’endettement étudiant. Mais, surtout, on ne vient toujours pas toucher au coeur du problème: l’accessibilité aux études et l’avenir de nos universités québécoises», conclut Mme Laberge.

M. Legault, qui a déjà été ministre de l’Éducation dans un gouvernement péquiste, croit qu’il reste possible de s’entendre avec la Fédération étudiante collégiale du Québec et la Fédération étudiante universitaire, mais doute de pouvoir s’entendre avec la CLASSÉ (Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale étudiante), qui prône toujours la gratuité scolaire même à l’université.

Mme Laberge se demande s’il est opportun d’exclure ainsi d’emblée la CLASSÉ puisque, selon elle, elle a déjà présenté une forme d’ouverture lors des dernières négociations avec le gouvernement. «Est-ce que les évincer complètement du débat serait une bonne solution? Je ne le pense pas», affirme-t-elle.

Plus généralement, M. Legault accuse Jean Charest d’avoir volontairement laissé pourrir le conflit étudiant pour se faire du capital politique et faire diversion. «De toute évidence, M. Charest voulait garder cette crise sociale en vie pour des raisons politiques, pour cacher son bilan des neuf dernières années et cacher la corruption», a tonné M. Legault.

De son côté, le premier ministre a tourné en dérision les propositions de M. Legault, lequel devrait selon lui «passer moins de temps sur Twitter et plus de temps avec sa calculatrice».

Publicité

«Monsieur Legault aurait intérêt à compter. C’est pas un changement qu’il propose, c’est quelque chose qui va coûter plus cher aux étudiants. Ça nous étonne», a lancé M. Charest en marge de la rencontre annuelle des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’Est du Canada, à Burlington, au Vermont.

Car l’abolition des crédits d’impôt se traduira par une hausse de la facture pour les frais de scolarité, a fait valoir M. Charest.

Pas de souveraineté

Par ailleurs, le chef caquiste s’est une fois de plus défendu d’être souverainiste, après qu’une ex-députée de l’Action démocratique en 2007 et 2008, devenue dimanche candidate du Parti libéral, eut affirmé ne plus reconnaître l’ADQ et être persuadée que la CAQ était souverainiste, tout comme M. Legault.

«J’ai été adéquiste, mais il n’y a plus d’ADQ. Legault et son équipe sont toujours souverainistes et moi, fédéraliste», avait affirmé dimanche Linda Lapointe, maintenant candidate du PLQ dans Groulx.

M. Legault a vite évacué la question. «Je ne peux pas être plus clair encore que je l’ai été. La souveraineté n’est plus sur la table. La Coalition avenir Québec ne fera jamais la promotion de la souveraineté du Québec. Est-ce que c’est assez clair?» a-t-il commenté en anglais.

Publicité

FRANÇOIS LEGAULT

Né à Sainte-Anne-de-Bellevue le 26 mai 1957

Marié, père de deux enfants.

Formation: baccalauréat en administration des affaires (comptabilité publique), MBA en finances des HEC

Avant la politique: directeur du marketing chez Québécair, cofondateur d’Air Transat en 1986, en devient le pdg jusqu’en 1997. Administrateur de sociétés comme Provigo, Culinar, Sico. Fellow de l’Ordre des comptables agréés du Québec.

En politique: élu député péquiste de Rousseau en novembre 1998. Réélu en 2003, 2007 et 2008. Ministre de l’Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie, ministre d’État à l’Éducation et aux Jeunes, ministre de l’Éducation, ministre d’État à l’Éducation et l’Emploi, ministre d’État à la Santé et aux Services sociaux. En 2011, il fonde un nouveau parti, la Coalition avenir Québec.

Publicité

À LIRE AUSSI DANS LE FORUM DE L’EXPRESS:
Québec: plus ça change…
François Legault mérite de gagner

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur