Québec: Jacques Parizeau toujours populaire chez les souverainistes purs et durs

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Publié 04/03/2013 par Mélanie Marquis ert Mathieu Simard (La Presse Canadienne)

à 17h14 HNE, le 3 mars 2013.

MONTRÉAL – Jacques Parizeau a galvanisé une foule conquise d’avance, samedi, en livrant un discours à la fois pédagogique et émotif sur le chemin menant à la souveraineté devant environ 1000 membres de la formation Option nationale (ON) réunis en congrès national.

Pendant son allocution d’une durée de plus de 30 minutes, qu’il a livrée sans avoir recours à des notes ou à un téléprompteur, l’ancien premier ministre y est allé d’un vibrant plaidoyer sur l’importance du rêve dans la fondation d’un pays.

Après avoir ironisé au sujet de son statut de membre à vie au Parti québécois (PQ) en lançant que sa carte avait été collée sur un morceau de bois pour éviter qu’il ne «la déchire», M. Parizeau y est allé d’une attaque en règle contre les stratégies des gouvernements péquistes lui ayant succédé.

«Ça fait 15 ans que j’entends les chefs successifs du Parti québécois au pouvoir dire: ‘On va pas utiliser les fonds publics pour promouvoir la souveraineté’. Ben si vous ne voulez pas utiliser les fonds publics pour promouvoir la souveraineté, pourquoi êtes-vous là?»

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«On se sert de l’appareil gouvernemental pour réaliser ses fins», a résumé l’ex-leader, déclenchant un tonnerre d’applaudissements.

Désabusé du PQ

En point de presse, le chef d’ON, Jean-Martin Aussant, a abondé dans le même sens. Il en a ajouté une couche lorsqu’on lui a demandé si le gouvernement Marois avait la légitimité de dépenser les deniers publics pour mousser l’option souverainiste.

«Je trouve ça un peu triste, dans le dernier conseil national du PQ, qu’ils aient dit: ‘Le Parti québécois va parler de souveraineté, mais pas le gouvernement’. Ça a vraiment l’air d’une tentative de garder les militants au PQ pour ne pas qu’ils s’en aillent (…) C’est une totale abdication de leadership», a-t-il plaidé.

Jacques Parizeau, qui a qualifié à plusieurs reprises dans le passé de véritable «religion» la perpétuelle quête du déficit zéro, ne s’est pas gêné pour aborder l’enjeu des finances publiques, écorchant au passage celui qui tient actuellement les cordons de la bourse à Québec.

«Ce qui m’énerve de ce temps-ci, c’est la dette (…) Quand j’ai entendu le président du Conseil du trésor (Stéphane Bédard) dire récemment que si on ne fait pas les coupes demandées, le Québec va devenir l’équivalent de la Grèce ou de l’Espagne.»

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«Là, j’ai ‘pété une fuse’», s’est confessé l’économiste de formation, provoquant les rires dans la salle.

L’arbre et la forêt

Les têtes grises étaient peu nombreuses dans la vaste pièce du Palais des congrès de Montréal — louée au coût de 15 000 $ pour deux journées — pour cette rencontre de la formation politique dirigée par le plus jeune chef au Québec.

Les têtes d’affiche, elles, avaient répondu présent. Jean-Martin Aussant a notamment accueilli ses anciens collègues péquistes Pierre Curzi, Camil Bouchard et Lisette Lapointe.

Les quelques centaines de militants ont réservé un chaleureux accueil à leur chef, qui a décoché quelques flèches à l’intention de la gouvernance péquiste — maintes fois taxée d’«électoraliste» — même s’il a insisté sur le fait qu’ON n’avait pas été fondée «contre le Parti québécois».

«On trouvait que la cause était délaissée par les partis qui étaient censés s’en occuper. Quand, dans les sondages, les nids-de-poule sont plus hauts que la souveraineté et que le parti qui se dit souverainiste parle de nids-de-poule pour avoir des votes, il y a quelque chose qui ne marche pas», s’est-il moqué.

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Et il a fait valoir que malgré sa défaite électorale, le 4 septembre, la formation politique, avec ses 8000 membres, était plus forte que jamais.

«Si on fait l’image avec une forêt, un arbre qui tombe, ça fait beaucoup de bruit, mais il y a 8000 arbres qui poussent en silence à côté, et ça c’est pas mal plus porteur pour l’avenir», a illustré Jean-Martin Aussant.

À la recherche d’une circonscription

Candidat malheureux aux dernières élections générales dans sa circonscription de Nicolet-Bécancour, M. Aussant a déjà fait part de son intention de se présenter à Montréal lorsque les citoyens seront appelés aux urnes pour le prochain scrutin provincial.

Hochelaga-Maisonneuve fait partie des points de chute où pourrait atterrir Jean-Martin Aussant, a reconnu le principal intéressé.

Or, dans cette circonscription montréalaise, le candidat solidaire Alexandre Leduc avait livré une solide bataille, arrivant en seconde position derrière sa rivale péquiste Carole Poirier le soir du 4 septembre 2012. Et il a déjà été désigné en vue du prochain scrutin.

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Aux dernières élections, Québec solidaire (QS) avait conclu un pacte de non-agression avec ON, laissant le champ libre au chef dans sa circonscription. Ce dernier oserait-il se présenter à un endroit où QS a de bonnes chances de tirer son épingle du jeu?

Le chef n’a pas voulu le préciser. «Ça va dépendre de bien des choses, évidemment, si on discute avec d’autres partis ou non, ça change le portrait», a-t-il exposé, spécifiant que la circonscription d’Hochelaga-Maisonneuve n’était «pas exclue», contrairement aux châteaux-forts libéraux que sont Westmount et D’Arcy-McGee.

Rejoint au téléphone en après-midi, le porte-parole de QS, Christian Dubois, a affirmé qu’à sa connaissance, les deux formations politiques n’avaient pas discuté de cette question en particulier.

Fondé en octobre 2011, le parti Option nationale a obtenu un peu moins de deux pour cent des votes lors des élections de septembre dernier.

Vote de confiance pour Jean-Martin Aussant

Dimanche, les militants d’Option nationale (ON) ont réitéré leur appui envers leur chef, Jean-Martin Aussant, au deuxième jour de leur congrès à Montréal.

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M. Aussant a passé avec succès le test du vote de confiance qui ne s’annonçait qu’une formalité, récoltant 97 pour cent des voix. Un «appui immense» auque, promet-il, l il «tâchera d’être digne».

Les membres du parti ont aussi convenu de verser un salaire de 87 000 $ à l’économiste, soit l’équivalent du salaire de base d’un député, en vertu d’une résolution extraordinaire adoptée par une forte majorité.

Ce salaire, puisé à même les coffres du parti, permettra au chef, s’il n’est pas élu à l’Assemblée nationale, de se consacrer à temps plein à la progression d’ON, a expliqué M. Aussant.

Sans rénumération, le chef de la formation souverainiste aurait été contraint d’occuper un autre emploi et de négliger son implication au sein du parti.

Bien qu’elle ait le vent dans les voiles, sa jeune formation politique, créée il y a 18 mois, requiert une implication continue et totale, selon lui

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Extension de la Loi 101

Ce sont les questions concernant la langue qui ont suscité les débats les plus houleux, dimanche. Au final, les membres de la formation souverainiste se sont prononcés en faveur de l’extension de la loi 101 aux cégeps, une proposition férocement défendue par un ancien ténor du Parti québécois (PQ) désormais partisan de M. Aussant, Pierre Curzi.

L’ancien député de Borduas, qui fut porte-parole de l’opposition officielle en matière de langue, a soutenu que tous les citoyens du Québec se devaient de participer au fait français dans la province, une position partagée par bon nombre d’anglophones bilingues, selon lui.

M. Curzi croit que l’application de la loi 101 au réseau collégial permettrait de faire de la langue de Molière une «langue commune, une langue que tout le monde parle».

M. Aussant s’est pour sa part réjoui que cet élément de plateforme soit conservé.

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